lunes, 7 de agosto de 2023

8. 51. Du mot de Bande, dont les François usent pour Assemblee.

Du mot de Bande, dont les François usent pour Assemblee.

CHAPITRE LI.

Le mot de Bande semble avoir quatre diverses significations entre nous: car quelquesfois nous le prenons pour lier, comme bander une playe, quelquesfois pour tendre, comme bander une arbaleste, & se prend encores d' une autre façon entre ceux qui habitent les jeux de paulme lors qu' ils veulent joüer à bander, qui est de perdre l' esteuf de celuy-là qui l' a ramené soubs la corde: outre toutes lesquelles significations il y en a une autre beaucoup plus noble & authorisee que toutes celles-cy, quand nous disons qu' un homme se bande, c' est à dire se ligue encontre un autre, & de mesme mot vient que nous disons Bandes pour Compagnies, & troupes de guerre: Signification à mon jugement qui a pris sa source des querelles des maisons d' Orleans, & de Bourgongne sous le regne de Charles sixiesme: Car s' estans ces deux maisons opiniastrees en la ruine de toute la France, en se pourchassant la leur propre, elles s' estoient bigarrees en diversité de liurees. Le Bourguignon portoit une Croix rouge de sainct André, dont est venu que depuis on a appellé telles Croix Bourguinonnes: Et l' Orleannois portoit des escharpes que le peuple appelloit, comme il faict encores maintenant, Bandes. Or fut la fortune telle, que combien que le bon endroict fust du costé de ceux d' Orleans, si est-ce que Jean Duc de Bourgongne sur le commencement des factions, possedoit le Roy, & le Royaume à sa devotion, & speciallement estoit en toutes ses affaires favorisé grandement des Parisiens: Tellement que son ordinaire retraicte estoit à Paris, & y avoit mesmement assis le principal sejour de ses affaires. Au moyen dequoy les Orleannois qui desiroient luy faire deguerpir ce lieu, donnerent plusieurs assauts & escarmouches à la ville: qui augmenta encontre eux grandement la haine commune. Tellement que le peuple de là en avant en appelloit ceux qui suyvoient le party des Ducs d' Orleans, & de Berry, & Comte d' Armegnac qui avoient fait ligue ensemble, les Bandez: par ce qu' ils portoient cette escharpe, ny plus ny moins que sous Godeffroy de Boüillon on appelloit Croisez ceux qui allerent avec luy au voyage de Hierusalem, par ce qu' ils portoient tous la Croix: & semblablement quand on parloit de leurs compagnies qui estoient grandes, les aucuns les appelloient ceux des Bandes, prenans ce neantmoins ces mots en mauvaise part, & quasi comme pour conspirateurs contre le repos public: Chose qui a depuis eu vogue entre nous: Car lors qu' il eschet que plusieurs machinent une conspiration, nous disons qu' ils se bandent à faire telle entreprise: Et depuis par succés de temps nous avons rapporté ce mot de Bandes aux compagnies de gens d'armes. Ce que je dis se trouve dans les livres anciens esquels sont escrites les calamitez qui couroient lors par la France. Mon ancien papier journal en un lieu où il descrit le siege que les Orleannois avoient mis devant Paris: Les Ducs d' Orleans & Berry (dit-il) portoient une bande, & tous ceux de par eux se tenoient à celle bande. Et peu apres parlant des mesmes Orleannois. Aucuns de la Bande cuidoient de certain qu' on deust piller Paris, & tout mal qui se faisoit de delà, chacun disoit que ce faisoit le Comte d' Armignac, tant estoit de male volonté plein: Et pour certain on avoit autant de pitié de tuer ses gens, comme des chiens, & quiconque estoit tué de delà, on disoit, c' est un Armignac, & certes ceux de la Bande eussent fait du mal plus largement, ce ne fut le froid, & la famine, & peu apres: L' an 1411. recommencerent ceux de la Bande leur mauvaise vie. Car en Aoust devers la fin vindrent devant Paris du costé de devers sainct Denis, & fit chacun son assemblee vers Montdidier: mais quand les Bandez sçeurent la belle compagnie que Bourgongne avoit, ils ne l' oserent oncques assaillir. Quand le Duc vit la chose, il dit qu' ils n' avoient guerre qu' au Roy, & à la bonne ville de Paris: Si renvoya ses Communes, & convoya grand pays.

Et les faux Bandez Armignacs commencerent à faire tout du pis qu' ils pouvoient. Qui nous peut presque enseigner la derivaison de cette diction prise de la façon que nous la practiquons en ce sens.

8. 50. Beau pere, & autres mots concernans tant la Parenté, qu' Affinité,

Beau pere, & autres mots concernans tant la Parenté, qu' Affinité, ensemble de quelques autres mots, dont l' usage ne seroit peut estre hors propos.

CHAPITRE L.

Ceux qui ont espousé nos enfans, nous appellent leurs Beaux peres. Nous appellons encores les Religieux Beaux peres.

Mes beaux peres Religieux

Vous disnez pour un grand mercy.

O gens heureux! Ô demy Dieux!

Pleust à Dieu que je fusse ainsi.

Disoit Victor de Brodeau en ce huictain qui fut tant solemnizé sous le regne de François I. Mais dont est procedé que nous honorons d' un mesme mot, & ceux qui font profession du Celibat, & les autres qui ont enfans? Davantage que nous appellons seulement Peres ceux qui ont des enfans non mariez, & Beaux peres ceux qui ont des enfans mariez? Quant à moy je ne doute point qu' il ne faille appeller les uns & les autres Beats peres, au lieu de Beaux peres, les Religieux parce qu' ils semblent avoir espousé une vie saincte: Et les Peres, d' autant qu' en marians leurs enfans, ils semblent se moyenner une vie immortelle en ce mortel estre par une subrogation de l' un à l' autre. Si ma divination est bonne, ou mauvaise, je m' en rapporté à ce qui en est. Bien sçay-je que Rabelais en son troisiesme livre de Pantagruel appelle Beats peres les Moines que nous appellons Beaux peres: Toutesfois comme un erreur en ame ne fort aisément un autre, aussi avec le temps le peuple estimant qu' il fallut dire Beau pere, & non Beat pere, appella les meres Belles meres, & les gendres & brus, Beaux fils & Belles filles. Or puis que ce mot de Beau pere s' est presenté en ce lieu, il m' est tombé en memoire que nos ancestres par une honneste licence furent trop plus copieux és paroles de consanguinité, & affinité que nous autres, qui par une superstitieuse ignorance avons en cet endroit appauvri nostre vulgaire: Car ils userent du mot de Parastre, comme de Marastre, pour descouvrir celuy que nostre mere avoit espousé en secondes nopces, & semblablement de fillastre pour nommer le fils de nostre mary ou femme qui estoit issu d' autre mariage, ils appellerent Serourge celuy qui avoit espousé nostre Soeur, qui venoit de Sereur. Car ainsi appelloient-ils une Soeur de la diction Latine Soror, & depuis par abbreviation Soeur. Aussi fut à nos anciens fort familier & frequent, pour la proximité de parentage le mot de Nepueu, non pour le regard de l' oncle, ains de l' ayeul, c' est à dire pour ce que nous disons par un contour de langage Petit fils. De toutes lesquelles paroles vous verrez fort frequente mention dedans les grandes Croniques de France dediees au Roy Charles huictiesme. Mots toutesfois que nous ne mettons gueres pour le jourd'huy en usage, horsmis que le mot de Nepueu a commencé de reprendre petit à petit ses anciennes racines en nous par la liberté des Poëtes de nostre temps: Et à la mienne volonté qu' il se perpetuë en cette signification, a fin que tout ainsi que le Latin, nous puissions assortir nostre langue d' une enumeration graduelle des parens en ligne directe, de laquelle nous sommes mancques pour le jourd'huy: Car apres que vous avez nommé ayeul, pere, fils, & petit fils, vous demeurez court, & si vous aviez restably le mot de Nepueu en sa primitive, & plus vieille signification, il vous seroit loisible de dire pour les ascendans, pere, ayeul, bisayeul, & peut estre trisayeul, & pour les descendans, fils, nepueu, & arriere nepueu, ou tel autre mot dont l' oreille plus delicate se pourroit adviser. Et sçay bon gré à Denis Sauvage, Seigneur du Parc, lequel en sa traduction des Histoires de Paule Jove livre trente-septiesme, appelle Mahommet bisayeul, Amurath trisayeul de Solyman Empereur de Constantinople. Et devant luy celuy qui soubs le nom de Feal serviteur, fit imprimer la vie du Chevalier de Bayard en l' an mil cinq cens vingt sept, n' avoit usé du mot de Trisayeul, ains Terayeul au premier chapitre de son livre. A faute de quoy des Essars (homme qui toutesfois faisoit grande profession de bien escrire entre les courtisans de son temps) fut contrainct de dire au huictiesme livre de son Amadis, parlant de quelque Chevalier, qu' il estoit fils du fils de son fils, par une pauvreté qu' il sentoit estre pour cest égard en nostre langue. Nous voyons dans cette ville de Paris au Cimetiere de sainct Innocent un Epitaphe d' Yoland de Bailly veufve de Maistre Denis Capel, Procureur au Chastelet, portant qu' elle avoit vescu quatre vingt huict ans, & avoit peu voir deux cens quatre vingt huict siens enfans, & trespassa le dixseptiesme Avril mil cinq cens quatorze. Imaginez combien elle eust esté empeschee s' il luy eust convenu appeller d' un vray mot ceux qui estoient distans d' elle en la quatre ou cinquiesme generation & lignee.

Je diray cecy en passant, car peut estre ailleurs ne se presenteroit-il occasion d' en parler si à propos. Je voy nostre langue aujourd'huy mandier des mots du Latin, qui pourroient se trouver en elle mesme, quoy que soit qui n' en approcheroient comme ils en approchent. Nos Praticiens appellent une Procuration ad lites, celle qu' on envoye à Procureur pour occuper en une cause pour nous. Jean Bouteiller en son Somme Rural l' appelle Procuration à litige. Nous disons qu' un homme a esté pris en flagrant delict, quand il a esté surpris sur le fait, il le dit Estre pris en present mesfaict. Moindres d' ans peuvent comparoir par Tuteur, les soubs aagez par Curateur: Nous appellons les premiers Pupilles, & les seconds mineurs. Parastres, Marastres, Fillastres, fort frequens en cest autheur. Nous, suyvans les termes du Latin, divisons les obligations en contracts, & quasi contracts: Les obligations se divisent par contract, ou en obligation, si comme par contract. Dedans la coustume de Meaux & Vitry mainmettre, pour ce que nous disons ordinairement Manu mettre. Parastre, coustume de Meaux, & ancienne de Melun article cent quarante neuf. Nous disons quelquesfois au feur, c' est à dire au prix, & peu de personnes sçavent pourquoy. Mais le mot d' affeurer signifioit acheter. Dedans le vieux Coustumier de Normandie, chapitre vingt, titre des Usuriers. Tel a affeuré son cheval au feur, c' est à dire qu' il a acheté son cheval au prix &c. Nous appellons freres puisnez, ceux qui sont nez apres leurs aisnez. Et par adventure nous pourrions appeller non improprement Puisnez ceux qui sont nez apres le decés de leurs peres, qui furent par les Romains appellez Posthumes, & Mainez ou Mainnez ceux qui secondent ou tiercent en aages leurs aisnez, quasi moins nez. Car pour le regard du mot d' aisné, il est composé de deux, ores que de prime face, il ne le semble pas. Aisné, ains né, c' est devant né: Parce que ce mot de Ains se prend souvent en cette signification de Devant. Nos ancestres userent du mot d' anoutrie pour celuy d' adultere dont nous usons. Nos Coustumes appellent les serfs gens de mortemain, ou main morte par une Metaphore hardie. Particularitez par moy cy dessus touchees, non que je ne recognoisse fort bien que les anciennes paroles viennent d' un mesme fonds, que les modernes: Mais je souhaiterois volontiers s' il y avoit moyen de ce faire, de nous rendre les mots naturels & qu' ils semblassent prendre leur estoc de nous, ores qu' ils fussent transplantez. Toutesfois puis que le peuple s' est faict Juge Souverain des paroles de toute ancienneté, je m' en remettray à son usage, me contentant de sçavoir ce que je pense devoir estre faict.

8. 49. Entendre le Numero.

Entendre le Numero. 

CHAPITRE XLIX.

L' invention des Italiens (gens naturellement destinez pour espuiser par subtils moyens l' or & l' argent de ceste France) a introduit entre nous un jeu que l' on appelle la Blancque, jeu le plus propre que l' on sçavroit dire, pour pipper doucement une populace, & lequel je veux icy representer en passant. Il y a un Marchand entrepreneur, qui se faict porteur de plusieurs belles beatilles, lequel se retire pardevers le Roy, & moyennant quelque don qu' il faict à quelque favory de Cour, il obtient permission d' ouvrir une Blancque, la permission obtenuë il faict appretier ses joyaux par le Magistrat ordinaire des lieux: Mais Dieu sçait quelle appreciation: Car à bien dire, ce jeu n' estant introduict que pour tromper gracieusement le monde, il n' y a celuy de ceux qui s' en meslent, qui ne vueille avoir part au butin. Tous ces preambules estans faicts par une forme d' avant-jeu, ce Marchand commence d' exposer en la monstre de tout le peuple tout ce qu' il entend perdre au jeu de la Blancque. Pendant lequel temps un chacun y est receu a apporter son denier. Et voicy la forme que de nostre temps j' y ay veu tenir: Celuy qui vouloit entrer en ce hazard estoit tenu de bailler un teston au Maistre de la Blancque. Et neantmoins au lieu de faire enroller son nom, il apportoit une devise qui estoit enrollee dans un registre. Ce neantmoins pour autant qu' il pouvoit advenir que plusieurs se rencontroient en mesme conformité de devise, qui eust causé un differant entr'eux, pour obvier à cecy en enregistrant la devise, l' on adjoustoit par mesme moyen la quantiesme elle estoit, c' est à sçavoir, ou la centiesme, ou ducentiesme, que plus que moins, & tout d' une main rendoit-on un billet signé de la main du Greffier contenant nostre devise, avec le mesme nombre que celuy qui estoit porté par le registre: Et ainsi le Maistre de la Blancque recevoit deniers d' uns & autres, jusques à ce que le Marchand eust remply ce à quoy estoient appreciez ses joyaux. Le jour venu pour tirer la Blancque, on asseoit un aveugle au milieu des deux vaisseaux, en l' un desquels estoient mises toutes les devises distribuees par petits billets avec le nombre auquel elles estoient cottees sur le registre, & en l' autre autant de buletins, dont les aucuns contenoient les joyaux destinez pour celuy auquel le hazard du jeu diroit, nommoient cecy Benefices, & les autres sans escriture, lesquels pour cette cause estoient appellez Blancs ou Blancques. L' aveugle ayant tiré d' une main la devise, il la bailloit à un homme qui estoit pres de luy: & de l' autre, dans lequel estoient contenus les Benefices, ou les Blancques, il tiroit pareillement un buletin qu' il bailloit à un autre homme qui le costoyoit de l' autre part. Tellement que le premier ayant fait recit hautement de la devise qui luy estoit mise entre mains avec son nombre, le second respondoit Blancque ou Benefice, selon le billet qui luy avoit esté rendu par l' aveugle, voulant par ce mot de Blancque signifier un rien, ou neant, pour celuy duquel on recitoit la devise, & le mot de Benefice emportoit quant & soy le gain de ce qui estoit contenu dans le billet, dont luy estoit puis apres faite deliurance. Tellement qu' entre plusieurs il y avoit ordinairement peu de personnes qui rencontroient aux Benefices. Comme ainsi fust que pour un Benefice, il y eust 100. & 200. Blancques. Et neantmoins pour le peu de perte que chacun sentoit en son particulier, il y avoit une infinité de personnes qui se hazardoient à ce jeu. Or avons nous dict Blancque & non Blanc, par un mot François Italiennizé, au lieu de Biancho, ou Biancha, voire pour autant que ce mot de Blancque estoit souvent repeté, nous appellasmes ce jeu Blancque. Et aussi de l' Italien introducteur de ce jeu, nous usasmes du mot de Numero, au lieu de Nombre, qui nous est naturel François, & dismes celuy entendre le Numero, qui n' avoit oublié le nombre sous lequel sa devise estoit enregistree. Et depuis accommodasmes cette maniere de parler en toute autre chose disans qu' un homme entendoit le Numero, quand il avoit certaine information, & cognoissance d' une chose, & n' estoit pas cecy sans raison: Car autres-fois dedans la ville de Rome se trouva un differend en semblable jeu par faute d' y avoir apposé le nombre, ou le Numero. Nous lisons dedans Vopisque en la vie de Probus Empereur, qu' en une expedition des Romains contre les Alains, avoit esté pris un cheval sur les ennemis qui estoit d' une telle vistesse, qu' en un jour il faisoit cinquante lieuës: continuant ce mesme train l' espace de 10. & 12. jours tout de suite. Or estoit Probus en cette deffaite Lieutenant general de l' armee. Au moyen dequoy chacun se persuadoit que par un droict de bien-seance il le gratifieroit de ce beau present: Ce qu' il ne voulut toutesfois faire, disant que tel don estoit plus seant à un homme coüard, qu' à un Gentil-homme genereux. Si voulut pour le contentement d' un chacun que tous tant de soldats qu' ils estoient, missent leurs noms par buletins dedans un Vaze, a fin que celuy auquel le sort favoriseroit, & qui seroit le premier tiré du vaisseau, eust pour son lot ce cheval, ne voulant quant à luy avoir part à ce butin. Là par fortune y avoit 4. Soldats portans mesme nom que leur Colonel, sur lesquels la fortune voulut donner, parce que le premier que l' on tira estoit appellé Probus. Dont sourdit noise & querelle entre ces quatre, un chacun d' entr'eux pretendant estre le Probus, auquel le hazard avoit bien voulu. Qui fut cause que pour assopir la querelle, il fut advisé de rebroüiller tous les noms, & de rechef encore tira-l'on tousjours un nom de Probus, jusques à la quatriesme fois, que les gendarmes se firent accroire que les dieux avoient destiné ce cheval à leur General seulement, qui portoit le nom de Probus, veu qu' en la concurrence de ces quatre, d' un mesme nom, on ne pouvoit discerner auquel il le falloit adjuger. Et à tant ils luy en firent present. En quoy l' on voit certainement que le deffaut du Numero depuis amené en usage par ceux qui ont voulu negocier entre nous tel jeu, fut cause de ce differend qui sourdit entre les quatre de mesme nom. Ce jeu m' appresta quelquesfois occasion de m' esgayer pendant mes jeunes ans, en un Sonnet sur ce jeu, par lequel il me plaist de clorre le present Chapitre.

Comme celuy qui d' une Blancque pense

Tirer tel heur qu' il s' est en soy promis,

Entre les mains de l' Aveugle a remis

Tout le succez de sa douteuse chanse: 

Ainsi au sort d' une double puissance

Dessous l' Amour aveugle j' ay sous-mis,

Et sous les ans, le meilleur qu' avoit mis

Le Ciel dans moy dés ma folle naissance, 

Jamais d' Amour je ne tiray butin,

Quoy qu' un & un & autre buletin.

De mon meilleur dans sa trousse je misse: 

Mais toy, ô Cours d' une posterité,

Si ma clameur ne te rend irrité,

Fay moy trouver dans tes ans Benefice.