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miércoles, 16 de agosto de 2023

10. 23. Quelle creance on doit avoir en Aimoïn parlant du temps de Fredegonde & de Brunehaud.

Quelle creance on doit avoir en Aimoïn parlant du temps de Fredegonde & de Brunehaud.

CHAPITRE XXIII.

Premierement je ne puis passer condamnation que Fredegonde & Landry eussent pourchassé la mort à Chilperic, comme Aimoïn en fait un ample chapitre. Et neantmoins Gregoire n' en fait aucune mention: luy qui estoit du mesme temps, & ne pardonne à la Royne Fredegonde quand l' occasion se presente. Secondement au cas qui s' offre, Gregoire au sixiesme livre de son Histoire sur la fin parlant du Roy Chilperic, & de quelle ineptie il composoit quelquesfois des vers Latins. Confecit (dit-il) duos libros (quasi Sedulium imitatus) quorum versiculi nullis pedibus subsistere possunt, in quibus dum non intelligebat, pro longis syllabis breveis posuit, pro brevibus longas statuebat. Aimoïn au seiziesme chapitre de son troisiesme livre, recitant quelque miracle fait par sainct Germain apres son decez, il continue son fil de cette façon. Ingrediente postmodum Chilperico Rege, urbem Parisiorum, sequenti die postquam Rex ingressus est civitatem, paralyticus, qui in porticu sancti Vincentij residebat, dirigitur, mane autem facto, spectante populo, beato Antistiti gratias referebat. Quod *cum Regi nunciatum fuisset, magna cum devotione illuc adveniens, & tanto gavisus miraculo eius Epitaphium his distichis rithmis composuit.

Ecclesiae speculum, patriae vigor, ara reorum, 

Et pater, & medicus, pastor, amorque gregis, 

Germanus, virtute, fide, corde, ore, beatus,

Carne tenet tumulum, mentis amore, polum.

Vir cui dura nihil nocuerunt fata sepulchri,

Vivit enim, nam mors quem tulit ipsa timet. 

Crevit adhuc potius iustus post funera; nam qui 

Fictile vas fuerat, gemma superba micat. 

Huius ope & merito, mentis data verba, loquuntur,

Redditus & caecis praedicat ore dies. 

Nunc vir Apostolicus rapiens de carne tropheum,

Iure triumphali considet arce throni.

Par vostre foy y eut il jamais plus de risee qu' au cas qui s' offre? la prose du chapitre dit que Chilperic fit l' Epitaphe de sainct Germain en vers rimez, & tout soudain il nous sert de ces douze: Ne sont-ce pas vers notoirement adjoustez, comme n' ayans rien de commun avecques les rimez qui estoient en usage de ce temps-là, joint qu' on les disoit avoir esté composez par Chilperic, lequel d' ailleurs Gregoire vous avoit representé pour un Poëte tres-impertinent, qui faisoit pour son ignorance un pesle-mesle des syllabes longues & brefves dedans ses vers? Je n' entre en cognoissance de cause si le chapitre total est du nombre de ceux qui furent adjoustez par quelques Moines & Religieux de sainct Germain: Mais tant y a que l' on ne peut dire que cet Epitaphe ne soit une addition manifeste, mais tres-inepte.

Autre erreur que je vous monstreray au doigt & à l' œil. Car apres le meurtre commis en la personne du Roy Chilperic, le Roy Gontran son frere estant arrivé à Paris à la priere & instance de Fredegonde, a fin qu' il luy pleust prendre la protection du fils, de la mere, & du Royaume: Priores de regno Chilperici (dit Gregoire livre 7. chapitre 7.) ut erat Ausoaldus, & reliqui, ad filium eius, qui erat, ut superius diximus, quatuor mensium se collegerunt, quem Clotarium vocitaverunt, exigentes sacramenta per civitates, quae ad Chilpericum prius aspexerant, ut scilicet debeant fideles esse Guntrano ac nepoti suo. Oyons maintenant parler Aimoïn: Principes sane Chilperici, è quibus Ausoaldus primus erat, acceptum eius filium Clotarium, per civitates Regni circumduxerunt, & sacramenta nomine ipsius, atque Guntrani susceperunt. Gregoire avoit seulement dict qu' Ausoalde & autres des principaux de la Cour du Roy Chilperic avoient couru par les païs qui luy obeïssoient lors qu' il vivoit, a fin qu' ils recogneussent aussi l' enfant Clotaire leur vray Roy, soubs l' obeïssance de Gontran son oncle: Ce qu' ils avoient fait. Aimoïn adjouste par maniere de remplissage, qu' ils porterent quant & eux ce petit Prince aagé seulement de 4. mois. Et certes il est impossible de croire, qu' une mere qui n' avoit asseurance de sa grandeur, & de son repos qu' en cet enfançon, l' eust voulu esloigner de son sein, ny qu' elle eust ozé commettre un si foible aage à la mercy de l' air, du vent, & d' un si long chemin. Car en ce faisant asseurer son Estat, c' estoit perdre & le Roy, & le Royaume tout ensemble. Qui me fait presque estimer que ce soit une addition de quelque petit Moine ignorant, ou que si se fut Aimoïn, il manquoit en ce passage de sens commun, voulant par ce nouveau voyage dementir Gregoire, qui avoit parlé des choses par luy veües.

Autre erreur d' Aimoïn, en ce que je vous reciteray presentement. Depuis que le Roy Childebert fut arrivé à quelque aage de cognoissance, il ne respiroit rien tant en son ame, que la vengeance de l' assassinat, commis en la personne du Roy Sigebert son pere, qu' il sçavoit avoir esté fait au pourchas de Fredegonde; toutesfois tant & si longuement que le Roy Gontran son oncle & pere adoptif vesquit, il en détourna sagement le coup. Mais soudain qu' il fut allé de vie a trespas, Childebert n' ayant plus cet obstacle devant ses yeux, & outre estant par la mort de Gontran, fait Roy de Bourgongne. Nouveau Royaume annexé à celuy d' Austrasie, qui estoit de son ancien estoc; adonc il mit sur les champs une puissante armee, en bonne deliberation d' avoir l' accomplissement de ses desirs. Mais il trouva chaussure à son pied en Fredegonde, assistee de Landry Maire du Palais, & avant qu' en venir aux mains, voicy ce que dit Aimoïn: car quant à Gregoire il ferme son œuvre apres le baptesme du Roy Clotaire second. Cum interim Fredegundis (dit Aimoin livre 3. chap. 82.) evocatis qui sibi parebant Francis, ascito etiam Landerico, (qui tutor à Guntrano, ut supra meminimus, Clotario filio suo datus fuerat) facta concione, sic universos alloquitur, & prae se puerum gestans, rogat ne infantiam relinquant, meminerintque se non contemptum pueritiae promisisse, sed venerationem maiestatis Regiae; foverent porro honorem, quem conferendum in cunis adhuc posito aestimavissent, ne in matura aetate, vacuus potestatis, plenus ignominiae, Rex remaneret. Se certe quibus posset modis remunerationis pro filio non defuturam, quae spectatrix cunctorum ac testis uniuscuiusque, vel ignaviae, vel virtutis in eminentiori constituta loco, desuper pugnam spectaret. Je vous laisse quelques autres lignes suivantes apres lesquelles Aimoïn adjouste. Placuit cunctis quod dixerat Regina, Regem adhuc matris sugentem ubera ferrata sequuntur agmina. Par cela vous voyez une Royne qui allaitoit encores son enfant: Qui est un autre mensonge palpable: car quand Gontran fut son parrain il avoit pour le moins neuf ans, comme nous apprenons du 10. livre de Gregoire, & lors Gontran estoit decedé. Hé! vrayment je voudrois volontiers sçavoir quelle creance on doit apporter à cet Autheur mensonger; mensonge neantmoins qui nous est plausible, & dont la France a esté tres-aise de se repaistre, pour la nouveauté d' un si magnanime exploit.