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lunes, 14 de agosto de 2023

10. 11. Seconde cruauté signalee, faussement improperee à Brunehaud.

Seconde cruauté signalee, faussement improperee à Brunehaud.

CHAPITRE XI.

Je vous feray icy part d' une autre cruauté, non moins farouche; ainçois plus prodigieuse que celle-là. Car elle emporte la piece quant & soy. Fredegaire parlant de la mort du Roy Childebert fils de Brunehaud, dit en termes generaux que quatre ans apres avoir esté appellé à la Couronne de Bourgongne, il estoit allé de vie à trespas, sans specifier le genre de mort. Aimoïn adjouste que le bruict commun estoit que c' avoit esté par poison, sans dire par qui. Le semblable font Paule Aemile & Gaguin. Du Tillet Evesque franchit le pas, & l' attribuë à Fredegonde: comme celle qui n' estoit apprentie en ce mestier. Joinct qu' auparavant elle avoit voulu, mais en vain, attenter par plusieurs assassinats sur sa vie. Un Nicolas Gilles devant cet Evesque dit que Brunehaud selon le commun bruit, avoit empoisonné dans un bain Childebert son fils, & sa femme. Sur quoy Belleforest en ses grandes Chroniques de France, a fait ce beau commentaire. Childebert (dit-il) estant au vingt-cinquiesme an de son regne (il entend parler de celuy d' Austrasie, non de Bourgongne) & de nostre salut six cens, il se voit accourcir le temps de sa vie par poison, & estime-l'on que sa propre mere Brunehaud fut celle qui le bouconna, à cause que ce Roy ne vouloit plus qu' elle commandast, & esloignoit cette insolente femme des affaires suivant le conseil de Gontran son oncle, & a fin que la tutelle & garde noble des enfans du deffunct ne tombast en autres mains qu' és siennes (voyez comme cette fine femelle estoit friande à gouverner) sçachant combien elle estoit haïe, & craignoit que la mere des heritiers n' eust cette charge, elle la fit passer par le mesme chemin que son espoux, & par ce moyen fut regente des deux Royaumes d' Austrasie, & de Bourgongne, & tutrice des Roys futurs: mais la vraye ruine, & d' eux, & de leurs pays.

Je desirerois volontiers sçavoir de quel ancien ce nouvel Autheur a emprunté le mescontentement du fils contre la mere, apres qu' ils eurent vescu ensemblément treize ans entiers en une union & concorde, & que sainct Gregoire Pape quelque peu auparavant le decez du fils, leur congratuloit de la prosperité de leur Royaume, provenant de l' obeïssance que le fils portoit à sa mere. Il n' y a remede, il faut que la cholere m' eschape: Je ne vey jamais une ignorance si lourde, ny menterie si effrontee que cette cy en une histoire. Car quand cette Princesse fut presentee par ses ennemis au Roy Clotaire second, pour luy estre fait & parfait son procez extraordinaire, tout ce dont ils la chargerent, fut que elle avoit fait mourir dix Roys, quoy que soit, avoit esté cause de leurs morts. Ces dix sont racontez d' ordre par Fredegaire, Sigebert son mary, Meroüee fils aisné du Roy Chilperic, le mesme Chilperic, Meroüee fils aisné de Clotaire, Theodebert Roy d' Austrasie, & son fils, Theodoric Roy de Bourgongne, & 3. siens enfans, Sigebert, Corbe, & Meroüee. Nulle mention ny dedans cet Autheur, ny dans Aimoïn que cette Dame eust procuré la mort au Roy Childebert. Aimoïn vous dis-je qui en son quatriesme livre chapitre premier, prit un singulier plaisir au recit & aigrissement de cette accusation: Et neantmoins en l' un & l' autre Autheur nulle mention de ce parricide. Se peut-il faire que les ennemis de cette Dame, qui pour la faire mourir d' une mort cruelle, s' estoient voüez à cette accusation, eussent oublié ce placard, qui seul pouvoit estre principale piece de cette accusation? Qu' une mere n' ayant qu' un seul fils masle, son Roy avecques lequel elle avoit vescu treize ans entiers en toute dignité & honneur, eust esté en fin si desnaturee de non seulement le faire tuer, mais aussi son espouse, Princesse aimee, respectee, & honoree de tous? Cette seule consideration nous tesmoigne clairement, que de luy imputer aujourd'huy ces deux morts, c' est une nouvelle calomnie qui est nee dedans nostre siecle. De laquelle toutesfois il ne se faut esbahir: car le malheur de cette pauvre Princesse veut, que comme sur les parties de nous offensees ou mal affectees, toutes les mauvaises humeurs de nos corps descendent; aussi la memoire de cette Dame estant de longue-main ulceree, il ne faut trouver estrange, si nous faisons tomber contr'elle toutes les fascheuses conjectures qui naissent dedans nos esprits sur ce sujet. Ces deux pretenduës cruautez, tant en la personne de Gogon, que du Roy Childebert & la Royne Fallenbe sa femme, furent executees auparavant la mort de S. Gregoire; Partant selon l' opinion du Cardinal Baronius, joint les raisons par moy cy-dessus deduites, ne doivent passer en ligne de compte, contre l' honneur de cette Royne: Mais nous avrons doresnavant plus long & fascheux chemin à exploiter. Car c' est icy ou Fredegaire & Aimoïn, n' ayans plus Gregoire de Tours pour controlleur, se sont laschez telle bride qu' il leu** au prejudice de cette malheureuse Princesse, & ont porté leurs escrits, grand coup encontre sa memoire.