Mostrando entradas con la etiqueta Castelnau. Mostrar todas las entradas
Mostrando entradas con la etiqueta Castelnau. Mostrar todas las entradas

viernes, 20 de octubre de 2023

LVI, Mon sirventes tramet al cominal

LVI.


Mon sirventes tramet al cominal

De tota gen, e si 'l volon auzir

Ni l' entendo ni 'l sabo devezir,

Quascus hi pot triar lo ben del mal;

Que cobeytatz a tant sazit en brieu

Lo mon que no y cort dreg ni tem hom dieu,

Ni no y trob om merce ni chauzimen,

Ni vergonha ab lo pus de la gen.


Clergue volon trastot l' an per engual

Ab cobeitat gent caussar e vestir;

E 'l ric prelat volo s tant enantir

Que ses razo alargan lor deptal

E si tenetz de lor un honrat fieu

Volran l' aver; e no 'l cobraretz lieu,

Si no lor datz una summa d' argen,

E no lor faitz plus estreg covinen.


Rey e comte, baylo e senescal

Volo 'ls castels e las terras sazir,

A lur gran tort las paubras gens delir;

E li baro son tornat atretal;

E ditz quascus: Ieu penrai d' aquo mieu; 

Et ab tot son plus paubres que romieu; 

E no tenon vertat ni sagramen;

E nos autres em tug d' aquelh eys sen.


Si monge nier vol dieus que sian sal

Per pro manjar ni per femnas tenir,

Ni monge blanc per boulas a mentir,

Ni per erguelh Temple ni Espital,

Ni canonge per prestar a renieu,

Ben tenc per folh sanh Peir' e sanh Andrieu 

Que sofriro per dieu aital turmen, 

S' aquest s' en van aissi a salvamen.


Si capelan per pro beure a Noal,

Ni legistas per tort a mantenir,

Et ostalier per son oste trahir,

E loguadier per falsar lor jornal,

E raubador e metje e corrieu,

Rauban la gen, se salvo, non cre ieu

Que menudet no vivon folhamen

E selhs qu' estan cofes e peneden.


Revendedor, obrier e menestral

Iran a dieu, si lor o vol sofrir,

Ab car vendre et ab pliven mentir;

E camjador et home de portal,

E renovier yssamen com Juzieu,

E noyriguier panan so qu' om lor plieu,

E laurador terras sensals tenen,

Festas obran e mezinas crezen.


A l' autra gen darai cosselh leyal,

Sitot no 'l say a mos ops retenir,

Que quecx pesses de be far e de dir,

Que non aurem negus plus de cabal,

Ni 'n portarem escrit el nostre brieu

Ad aysselh jorn que rendrem comt' a dieu,

Al derrier jorn' que tenra parlamen

Ayselh senhor que ns formet de nien.


De totz los reys ten hom per pus cabal

Lo rey 'N Anfos, tan fay bos faitz grazir,

E dels comtes selh de Rodes chauzir

Fai sa valor e son pretz natural,

E dels prelatz selh de Memde, qu' el trieu

Sec drechamen e despen gent lo sieu,

E dels baros son fraire, tan valen

Son tug siey fag e siey captenemen.


Qui mon chantar me repren no m' es grieu, 

Si maynt fan be sitot pauc m' en fatz ieu; 

Ab que las gens renheson leyalmen,

Pueys poirion dir: De folh apren hom sen.


Raimond de Castelnau.

lunes, 7 de agosto de 2023

8. 55. Du mot, Huguenot.

Du mot, Huguenot.

CHAPITRE LV.

Le plus grand malheur qui puisse advenir en une Republique, c' est lors, que soit par fortune, soit par discours, l' on voit un peuple se bigarrer en mots de partialitez. Les Italiens en sçavroient bien que dire quand ils se ramentoivent les grandes ruynes & pertes que leur apporta la division des Guelphes, & des Gibelins: & les Anglois, par les guerres civiles qu' ils eurent pour le soustenement de la Roze rouge, & de la Blanche. Comme en cas semblable les nostres pour les intestines dissentions, qui eurent vogue sous les noms des Armignacs, & Bourguignons. Je n' ay point dit sans cause soit par fortune, soit par discours. Car il n' y a celuy tant soit peu nourry aux Histoires, qui ne sçache pour quelle raison les Armignacs & Bourguignons furent ainsi dits: mais au regard des Guelphes, & Gibelins, encores que nous soyons asseurez que ces deux paroles eussent pris leur commencement de la querelle du Pape avec l' Empereur Federic, si est-ce que quand vous avrez bien recherché tous les Autheurs qui en ont escrit, mal-aisément que puissiez sçavoir qui donna la premiere entree à ces deux mots. Tellement qu' il semble que la malediction du temps qui lors estoit en regne, les eut casuellement inventez pour apporter l' entiere ruyne de tout le pays d' Italie. Le semblable s' est presque pratiqué de nostre temps en cette France, quand les Courtizans se cuidans mocquer voulurent appeller Huguenots ceux qui adheroient à l' opinion de Calvin, introduisans deux sectes d' hommes entre nous, l' un Papiste, & l' autre Huguenot, & que tout homme d' entendement pouvoit prognostiquer lors qu' ils furent premierement mis en usage, ne pouvoir rien apporter qu' une entiere desolation de tout ce Royaume, laquelle nous avons depuis esprouvee. Or nous est le mot de Huguenot tres-familier, & plus qu' il n' en estoit besoin, & toutesfois peu de personnes se sont advisez, dont il a pris son origine, & en parle mesmement un chacun diversement. Car ceux qui ont favorisé ce party là, d' autant qu' ils avoient juré inimitié capitale contre la maison de Guyse, ont voulu soustenir qu' ils estoient appellez Huguenots, par ce qu' ils avoient pris la protection & deffence du Roy, & de la maison de Valois, qui estoit extraicte de la ligne de Hugues Capet, contre les Seigneurs de Guyse. Les autres se vouloient persuader que la faction d' Amboise ayant esté descouverte, fut pris un jeune Gentil-homme Allemant, lequel estant representé devant le Cardinal de Lorraine, qui assistoit lors le Roy, interrogé sur le faict de cette conspiration, commença en tels termes Latins. Huc nos serenißime Princeps advenimus, &c. & que quelques folastres premieres paroles voulurent appeller Huguenots tous ceux qui furent de cette entreprise, qui est une chose ridicule: Les autres qui estiment avoir foüillé plus avant dedans l' ancienneté, les renvoyent à Jean Hus (qui fut deffaict au Concile de Constance) premier fondateur, comme ils disent, de cette heresie. Et les derniers qui ont voyagé és pays estranges, estiment que c' est un mot emprunté du Souysse quasi comme Hens quenaux, qui signifie en ce pays là, Gens seditieux: Bref chacun en devise à son appetit, & neantmoins pour en dire ce que j' en pense sans aucune flaterie, mocquerie, ou mal-talent, je croy qu' il n' y a celuy de nous qui ne recognoisse franchement que la premiere fois que ce mot commença d' estre cogneu par toute la France, ce fut apres la faction d' Amboise de l' an 1559. Et parce que sur ce mot fut entee la division generale de nostre Royaume, je vous en diray franchement ce que j' en pense. Car cette Histoire merite d' estre cornee aux aureilles d' une longue posterité. 

François deuxiesme, Prince encores jeune, avoit dés le vivant du Roy Henry son pere, espousé Marie Sthuart Royne d' Escosse, niepce de Messieurs de Guyse: lesquels soudain apres la mort du Roy Henry, par le moyen de cette alliance, empieterent le maniement de toutes les affaires du Royaume. Ce nouveau mesnage ne pleut à plusieurs. Les aucuns courroucez que l' on avoit esloigné de ce jeune Roy, non seulement les anciens favoriz du Roy son pere, mais aussi les Princes du sang, que le peuple de France aime, respecte & cherit naturellement. Et les autres par une crainte couverte de leurs personnes, telle que je vous deduiray presentement. Dés le regne du Roy Henry, la Religion avoit commencé de poindre, qui par ses Sectateurs fut appellee Reformee, comme celle qu' ils disoient avoir reformé les abus de nostre Eglise: & par les autres plus retenus en l' ancienneté, Opinion nouvelle. Le premier qui nous apporta ce divorce, fut Martin Luther dans Allemagne: Et comme nos esprits s' estans formez une nouvelle image de liberté, ne se peuvent arrester en un certain periode, aussi de son mesme temps survint Jean Calvin. Cestuy natif de la ville de Noyon fit ses premieres estudes dans Paris, puis Orleans: & de là prit son vol dans Geneve, où il bastit une nouvelle Religion: car combien que Luther & luy fussent compagnons d' armes en ce qu' ils combatoient d' un commun vœu l' auctorité du Siege de Rome, si ne symbolizoient-ils en tous articles de Foy: Calvin ayant apporté, ores des ampliations, ores des retranchemens à la doctrine de Luther. Et pour cette cause establirent deux diverses Eglises: l' une à Ausbourg où le Lutheranisme fut exercé, l' autre à Geneve, où le Calvinisme. Et tout ainsi que Luther attira à sa cordelle une bonne partie d' Allemagne dont il estoit extraict; aussi Calvin s' estudia de faire le semblable en nostre France lieu de sa nativité. Il survesquit long temps Luther: chose qui luy donna le loysir d' espandre sa nouvelle doctrine au milieu de nous & en plusieurs autres contrees. Car aussi estoit-il homme bien escrivant tant en Latin que François, & auquel nostre langue Françoise est grandement redeuable pour l' avoir enrichie d' une infinité de beaux traicts: & à la mienne volonté que c' eust esté en meilleur subjet: Au demeurant homme merveilleusement versé & nourry aux livres de la saincte Escriture, & tel que s' il eust tourné son esprit à la bonne voye, il pouvoit estre mis au parangon des plus signalez Docteurs de l' Eglise. D' ailleurs au milieu de ses livres & de son estude, il estoit d' une nature remuante le possible pour l' advancement de sa secte. Nous veismes quelquesfois nos prisons regorger des pauvres gens abusez, lesquels sans entrecesse il exhortoit, consoloit, confirmoit par lettres, & ne manquoit de messagers ausquels les portes estoient ouvertes, nonobstant quelques diligences que les Geoliers apportassent au contraire. Voila les procedures qu' il tint du commencement, par lesquelles il gaigna pied à pied une partie de nostre France. Tellement qu' apres longue traicte de temps voyant les cœurs de plusieurs personnes disposez à sa suite, il voulut franchir le pas, & nous envoyer des Ministres, qui furent par nous appellez Predicans, pour exercer sa Religion en cachette, voire dans nostre ville de Paris, où les feuz estoient allumez contre eux. Le premier qu' il y employa fut Jean Macart, que j' avois autres-fois veu disciple de Ramus au College de Presle, jeune homme qui avoit fort bien estudié, & depuis s' estant retiré à Geneve en l' an mil cinq cens quarante huict, se trouva si agreable à Calvin qu' il luy fit espouser sa niepce, & quelques annees apres fut envoyé par luy en cette France pour prescher, lequel se vint placer dans Paris, où portant l' espee & la cappe, se faisoit appeller Rancan, preschant ses Confreres de nuict en certaines maisons de la ville: & de là ne douta d' aller faire le semblable au camp d' Amiens. Vray que soudain que traictasmes la Paix avec l' Espagnol à Orcan, il reprit le chemin de Geneve, comblé d' or & d' argent comme on disoit.

Or le Roy Henry indigné de tous ces nouveaux remuemens de consciences, ausquels il ne pouvoit bonnement donner ordre pendant les guerres, delibera de faire la Paix à quelque prix que ce fust, pour puis guerroyer à ses bons points, tout ce nouveau peuple, comme il fit: Car soudain apres qu' elle fut concluë, il vint au Parlement de Paris en l' an 1559. sous le pretexte d' une Mercuriale, auquel lieu ayant proposé combien il luy desplaisoit de voir l' heresie de Calvin provigner en cette France, il les somma tous, tant en general que particulier, de luy donner les moyens pour l' exterminer. Là fut diversement discouru par uns & autres, tellement qu' ayant recueilly de leurs discours, le fond de leurs consciences, il se saisit de plusieurs Conseillers de la Cour, & entre autres de Maistre Anne de Bourg, qui depuis porta la folle enchere pour tous. Telles manieres de gens avoient esté appellez dés nostre jeunesse Lutheriens à cause de Martin Luther, depuis, Calvinistes, & d' un mot general Sacramentaires: vray que le nombre croissant à veuë d' œil, le peuple n' estant plus si effarouché encontre eux comme auparavant, & neantmoins non reconcilié, commença de leur donner certains noms par forme de sobriquets. Je les ay veuz vers ce temps là appeller par quelques uns Christodins, parce que ne parlans que de Christ, ils se publioient chanter particulierement Hymnes & Pseaumes à Dieu. Au pays de Poitou Fribours, où l' on avoit forgé des doubles faux qui furent decriez, & par hazard ayans esté appellez Fribours, aussi appella-l'on les Calvinistes Fribours, comme estans entre nous par metaphore, une monnoye de mauvais alloy. Tout de cette mesme façon furent-ils nommez Huguenots au pays de Touraine. Et voicy pourquoy. Dedans la ville de Tours estoit dés pieça cette vaine opinion qu' il y avoit un Rabat qui toutes les nuicts rodoit par les ruës qu' ils appelloient le Roy Hugon, du nom duquel une porte de la ville fut premierement appellee Fougon, comme de feu Hugon, & depuis par corruption de langage la porte Fourgon: parquoy le peuple entendant qu' il y avoit quelques uns qui faisoient des assemblees de nuict à leur mode, les appella Huguenots, comme disciples de Hugon qui ne se faisoit oüir que de nuict. Chose dont je me croy: car je vous puis dire que huict ou neuf ans auparavant l' entreprise d' Amboise, je les avois ainsi ouy appeller par quelques miens amis Tourengeaux.

Or pour r'enfiler mon propos, le Roy Henry estant decedé quelques mois apres la Mercuriale, François son fils totalement possedé par François Duc de Guyse, & Charles Cardinal de Lorraine son frere, furent faicts plusieurs Edicts encontre les Calvinistes: & mesmement en reprenant les arrhemens du Roy Henry, le procés extraordinaire fut faict à Maistre Anne de Bourg, & par Arrest condamné d' estre pendu & estranglé, puis son corps bruslé & mis en cendres devant l' hostel de ville de Paris, & estimoit-on que les affaires iroient encores de mal en pis contre ce peuple. Au moyen dequoy quelques esprits plus hardis commencerent de mesler l' Estat avecques la Religion: disans que ce n' estoit la raison de voir des Princes estrangers manier toutes les affaires de France, au prejudice des Princes du Sang: les autres passans plus outre meirent en avant qu' il leur estoit permis de prendre les armes, pour le soustenement de leur Religion, non vrayment contre le Roy legitime & le naturel, mais contre ceux qui abusans de son auctorité faisoient passer soubs le nom de luy, toutes choses par où ils vouloient: car en somme c' estoit le principal pretexte sur lequel ils fondoient leur querelle.

Ils s' assemblerent pour cest effect au village de Vaugirard pres de Paris: & vouloit-on depuis faire croire à Louys Prince de Conde, qu' il y avoit presidé. En ce lieu, ces deux propositions furent approuvees. Le Seigneur de la Renauldie, & quelques autres entremetteurs coururent toute la France, negotians de sorte qu' ils souleverent une infinité de gens, qui avoient leur rendez-vous, en la ville d' Amboise où lors le Roy sejournoit, y arrivans les uns en foule, les autres à la file: Dieu voulut qu' un Advocat de Paris nommé Desavenelle, qui estoit de la partie, descouvrit au Cardinal de Lorraine cette entreprise, lors qu' elle estoit sur le poinct d' estre executee. Les Seigneurs de Guyse commencerent de mettre toutes sortes de gens aux avenuës pour y obvier. La Renauldie fut tué dedans la forest d' Amboise, & depuis son corps mis en quatre quartiers. On receut advis que plusieurs Gentils-hommes estoient arrivez dedans Tours. Le Roy commande au Duc de Nemours d' y aller pour s' en informer, & se saisir de ceux qu' il rencontreroit, ce qu' il fit. Car il luy amena les sieurs de Ranné, Noisé, Mazeres, Castelnau. Dés lors toute la troupe s' escarte, les uns se sauvans par la fuite, les autres pris, qui noyez à tas, qui pendus aux creneaux du Chasteau. Ces quatre Gentil-hommes decapitez au carroy d' Amboise. Ainsi s' esvanoüit cette entreprise comme un estourbillon. Si vous en parlez à un Huguenot, il vous dira que c' estoit pour garentir ce jeune Roy de la captivité des Princes Lorrains: Parlez en aux autres, ils diront que tous ces mutins le vouloient reduire sous leur captivité & puissance. Je n' entre point icy en cognoissance de cause: Bien vous diray-je que ce fut la premiere source de nos mal-heurs. Or parce que la ville de Tours fut celle où les principaux chefs avoient esté pris, & que tous les courtisans se persuadoient que la nouvelle Religion les avoit induits à cette entreprise, ils les appellerent Huguenots, ainsi que les autres. Mot qui en peu de temps s' espandit par toute la France, se formans au milieu de nos deux partis contraires, le Huguenot & le Papiste, que nous appellasmes depuis

Catholic: Desquels, comme d' une pepiniere furent produicts plusieurs rejettons de partialitez, tantost de Catholics associez, tantost de Catholics mal contans. Il n' est pas qu' en nos derniers troubles, le party Catholic ne fust encores subdivisé en Politic, que l' on estimoit de pire condition que le Huguenot, parce qu' il plaidoit pour la paix, & le Ligueur qui se trouva encore diversifié en trois ou quatre sortes, l' un estant Ligueur zelé, qui vouloit à feu & à sang ruiner tant le Politic que le Huguenot, l' autre Ligueur Espagnol, lequel par la closture de guerre desiroit transmettre la Couronne de France au Roy d' Espagne, ou à l' Infante sa fille, & le dernier qui clos & couvert demandoit l' extirpation de la nouvelle Religion, mais non la ruine ou mutation de l' Estat. Voila comme Dieu trouble nos esprits quand il veut troubler un Royaume.