Jamais ne le pense aiguiser sur une molle fourrure.
On totz prims aips volc natur' afinar.
B. Zorgi: Puois ieu.
Où nature voulut épurer toutes délicates qualités.
En lieis s' afina beutatz,
Cum l' aurs en l'arden carbo.
P. Vidal: De chantar.
En elle s'épure beauté, comme l'or en l'ardent charbon.
Fig. Saber un chant primamenz afinar.
B. Zorgi: Puois ieu.
Savoir aiguiser subtilement un chant.
El mon non a
Doctor qui tant prim ni plus plan
Lo planes,
Ni mielh l' afines.
Giraud de Borneil: Ara si.
Au monde il n'y a docteur qui si délicatement ni plus planement le polit, ni l'affinât mieux.
Part. pas. De fer o de metall affinats.
Tit. de 1422. DOAT, t. LXXIII, fol. 142.
De fer ou de métal affinés.
Aissi 'lh for' afinatz,
Ves lieys, cum l'aurs s'afin' en la fornatz.
G. Faidit: Chant e deport.
Ainsi je lui serais épuré, envers elle, comme l'or s'épure en la fournaise.
- Tromper avec finesse.
Los volguessen decebre ni afinar.
Chronique des Albigeois, col. 18.
Les voulussent décevoir et tromper.
ANC. FR. Et par chascun piet du cheval un marc d'or affiné.
Roman français de Fierabras, liv. II, part. 2, ch. 7.
Il se délibéra d'affiner son ennemy par une telle ruze... Quand il fut affiné et abusé par la ruze des boeufs de Hannibal.
Amyot, Trad. de Plutarque, V. de Fabius Maximus.
(N. E. “la ruze des boeufs de Hannibal” se refiere a la estratagema de Aníbal: poner teas ardiendo en los cuernos de los bueyes : toro embolado. Muchos siglos antes del Torico de Teruel.)
Encore va en me raffinant le mal d'amour que j'avais antan.
CAT. ESP. (refinar) PORT. Rafinar. IT. Raffinare. (chap. Refiná, fé fi.)
7. Finansa, s. f., finance, argent.
Sa fes non es ferma ses finansa.
Hugues de S.-Cyr: Tant es de.
Sa foi n'est ferme sans finance.
Demandar d'un presonier finansa d'aur e d'argen.
L'Arbre de Batalhas, fol. 138.
Demander d'un prisonnier finance d'or et d'argent.
Paguar, per la finansa, rempsson e delivransa de lors corps.
Tit. de 1384. Arch. du Roy., K. 52.
Payer, par la finance, rançon et délivrance de leurs corps.
IT. Finanze. (chap. Finansa, finanses. ESP. Finanza, finanzas.)
Finelha, Finela, Finella, s. f., boucle.
Finelha ses ardalho.
Le Moine de Montaudon: Mot m' enueia.
Boucle sans ardillon.
Cenh una correga de seda de baudrat;
La finela fon rica de fin aur emerat.
Roman de Fierabras, v. 2029.
Ceint une ceinture de soie de baudrier; la boucle fut riche de pur or affiné.
E 'n espero finela,
E bloca en escut.
Arnaud de Marsan: Qui comte.
Et en éperon boucle, et bosse en écu.
Loc. Ges non ai en coratge
Que ieu n' embles lo pretz d'una finella.
P. Cardinal: Un sirventes trametray.
Je n'ai point en coeur que j'en volasse le prix d'une boucle.
(N. E. chap. Hebilla, hebilles. ESP. Hebilla, fíbula, broche, corchete, prendedor, pasador. Del lat. vulgar fibella, dim. de fibŭla. Finelha, finela, finella VS fibella, se aprecia el cambio de b a n.)
Fiola, s. f., lat. phiala, fiole, flacon.
Coma una fiola de veire que urta a la peira. Liv. de Sydrac, fol. 44.
19. Definir, Defenir, Diffinir, v., lat. definire, définir, déterminer,
rendre compte.
Si aven, per calque causa, que lo bistbes no s posca definir lo plait.
Trad. du Code de Justinien, fol. 2.
S'il advient, pour quelque cause, que l'évêque ne se puisse définir le plaid.
Verbs... se diffinish en ayssi.
(chap. Lo verbo... se definix aixina, així.)
Leys d'amors, fol. 73.
Le verbe... se définit ainsi.
Aquesta escriptura defenis
Veramen cossi fon aucits
Sus en la cros Jhesu Crist, Dieus.
Trad. de l'Évangile de Nicodème.
Cette écriture rend compte véritablement comment fut occis sus en la croix Jésus-Christ, Dieu.
Part. pas. Cas que no poiran esser diffinit.
Tit. du XIIIe siècle. DOAT, t. XCVII, fol. 266.
Cas qui ne pourront être déterminés.
CAT. ESP. PORT. Definir. IT. Definire. (chap. v. definí: definixco o definixgo, definixes, definix, definim, definiu, definixen; definit, definits, definida, definides.)
20. Definar, v., finir, cesser, terminer, borner.
Nuech e jorn, ses definar,
Nos amonesto de mal far.
(chap. Nit y día, sense pará, mos amonesten de (no) fé mal.)
Brev. d'amor, fol. 24.
Nuit et jour, sans finir, nous admonestent de mal faire.
Selh' amor viu de rapina,
Que per un sol non defina.
Marcabrus: Dirai vos.
Cet amour vit de rapine, qui ne se borne pas à un seul.
- Mourir.
El s'en anet rendre al hospital de Saint Beneic d'Avignon, e lai definet.
V. d'Elias de Barjols.
Il s'en alla rendre à l'hôpital de Saint-Benezet à Avignon, et là il mourut.
ANC. FR. Et mespris fait son pouvoir definer.
Œuvres d'Alain Chartier, p. 584.
Que li doz tens d'esté define.
(chap. Que lo dols tems d'estiu s'acabe.)
Roman du Renart, t. 1, p. 29.
- Que quant plus tost definera
Plus tost en paradis ira.
Roman de la Rose, v. 5037.
Tout ensi son chanter define. Roman de la Violette, p. 12.
21. Infinitat, Enfinitat, Enfenitat, s. f., lat. infinitatem, infinité.
Una gran multitut... et infinitatz d' autras gens.
(chap. Una gran multitut... e infinidat d'atres gens.)
Cat. dels apost. de Roma, fol. 164.
Une grande multitude... et infinité d'autres gens.
Enfinitatz, generalitatz. Leys d'amors, fol. 59.
(chap. Infinidat, generalidat; infinidats, generalidats. Les generalitats eren los drets de entrada y eixida del General. A Cataluña eren mol grans, no infinits pero ben abán.)
Entre tous les mots de la France cestuy seul contient autant de significations, que de lettres: Car nous le prenons d' ordinaire pour une conclusion de toutes choses, l' appropriant tant à nostre mort qu' à tout autre subject dont il ne reste plus rien: Et l' empruntons formellement du Latin Finis: Mais outre cette signification, nous luy en donnons deux autres. Par l' une nous signifions la bonté de quelque marchandise: car les marchands debitans leurs denrees, les vous pleuvissent pour fines, c' est à dire pour bonnes & loyalles: & appellons du fin drap, quand nous le voulons dire estre bon. D' un autre costé nous appellons un homme fin, celuy qui est caut & rusé en ses actions, & finesse, une ruse, & à vray dire un fin homme, n' est proprement un trompeur: Mais aussi ne procede-il avec telle rondeur que l' homme de bien, qui accompagne ses actions de prudence. Tellement que la finesse est une parole moitoyenne entre la prudence & la tromperie. De dire dont ce mot soit derivé en ces deux dernieres significations, je ne le puis, & moins encores dont vient qu' un mesme mot produise ces diverses significations: Mais encores le trouverez vous plus estrange quand vous entendrez que l' ordinaire de nos anciens estoit d' employer le mot de fin pour bon, en toutes les occurrences qui se presentoyent: Car il fut tousjours pris par eux en bonne part. Hugue de Bersy au commencement de sa Bible Guiot:
Dou siecle puant, & horrible,
M' estuet commencier une Bible,
Per poindre, & per aiguillonner,
Et per bons exemples donner,
Ce n' est pas Bible losengere,
Mais fine, & voire & droituriere.
C' est à dire que ce n' est pas une Bible trompeuse, mais bonne, vraye & droituriere: Es chansons du Comte Thibaut de Champagne.
Fine amour, & bonne esperance,
M' y ramene joye & santé.
Il dit fine amour, au lieu de bonne & à peu dire je ne trouve dans ce gentil Prince le fin ou fine, pris en autre signification que pour bon, & bonne. Toutesfois cette bonté s' est esvanouye en ce mot par succession de temps, & ne nous est resté de memoire que ce que nous en aprenons negotians avec les marchands: & paradventure que de là mesmes nous avons emprunté la derniere signification de fin: Car tout ainsi que combien que les marchands asseurent leurs marchandises estre fines, si en font-ils tousjours monstre dans leurs arriereboutiques, sombres, & obscures, pour oster la vraye cognoissance de la bonté. Qui est proprement un art pour desguiser ce qu' ils disent estre bon, aussi tirasmes nous en metaphore les mots de fin, & de Finesse, pour astuce, quand par moyens aucunement sombres, & esloignez du vray chemin nous voulons nous advantager au desavantage des autres. Nous en avons fait encores un adverbe, comme quand Philippes de Commines dit que quelques Seigneurs, dont il parle, estoient au fin bord de la riviere de Seine. En ce mot de fin je mettray fin à cest œuvre.
Et par ce que je me doute qu' il se pourra rencontrer Lecteur, qui pour estre, ou trop Stoïque, ou trop delicat d' esprit, trouvera subject de se mescontenter de ce dernier livre, auquel j' ay discouru quelques particularitez qui luy sembleront trop basses, je le prie vouloir prendre en payement ces huict vers.