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martes, 8 de agosto de 2023

9. 14. Conclusion de tous les Discours precedans concernans l' Université de Paris.

Conclusion de tous les Discours precedans concernans l' Université de Paris.

CHAPITRE XIV.

Par tout ce que je vous ay cy dessus discouru vous avez peu entendre, que l' Université de Paris ne prit tout d' un trait sa fondation, ny grandeur, ains s' accreut petit à petit par divers moyens. Qu' elle prit son premier plant en l' Eglise de nostre Dame, son second à celle de S. Victor, son troisiesme à sainct Julian, son quatriesme aux quatre grandes Escoles de la ruë au fouërre, son cinquiesme aux Escoles de Decret & de la Medecine, pour l' enseignemet de ces deux Facultez: son sixiesme en unes & autres des particuliers, lesquelles estoient loüées par les Maistres, & Docteurs, qui avoient permission du superieur d' enseigner. Je parleray cy apres des Colleges qui furent depuis introduits. Mais tant y a qu' auparavant leur introduction la commune Police de nos Estudes, estoient leçons qui se faisoient publiquement à tous les Escoliers s' y trouvans. Et a fin que ne pensiez que ce soit fable, cette mesme discipline fut observee sur la fin de ce temps là, ailleurs. Dieu voulut que l' Empereur Federic II. de ce nom, Roy des deux Siciles, institua pendant son regne, une nouvelle Université dedans Naples, ville capitale de son Royaume, en laquelle vous trouverez avoir esté par luy ordonné cela mesme qui estoit par nous pratiqué en cette Université. Vray qu' il y a une particularité qui n' estoit chez nous: Car tous les sujets du Royaume estoient deffendus d' aller estudier ailleurs qu' à Naples.

Deffences qui ne se trouvent avoir esté faites en faveur de l' Université de Paris. Au demeurant je trouve l' autre conforme à cette cy. Je vous copieray icy le passage que j' ay tiré de Messire Pierre de Vineis, Chancelier de cet Empereur, au troisiesme livre de ses Epistres:

Disponimus (dit Federic) apud Neapolim amoenissimam civitatem, doceri artes cuiuscunque profeßionis, & vigere studia, ut teiuni, & famelici doctrinarum, in ipso regno inveniant, unde ipsorum aviditati satisfiat, neque compellatur ad investigandas scientias, peregrinas nationes expetere, nec in alienis regionibus mendicare, Et quelque page apres. Volumus igitur, & mandamus vobis omnibus, qui Provincias regitis, quique administrationibus praesidetis, ut haec omnia paßim & publicè proponatis, & iniungatis sub poena personarum & rerum, ut nullus Scholaris, legendi caussa exire audeat extra regionem, nec infra Regnum aliquid audeat alibi, vel docere, & qui de Regno sunt, extra Regnum in Scholis, sub poena praedicta, eorum parentibus iniungatis, ut usque ad Festum Michaëlis, tum proxime revertantur. Conditiones autem quas Scholaribus concedimus, erunt istae. Imprimis quod in civitate praedicta Doctores & Magistri erunt in qualibet facultate: Scholares autem undecumque venerint, securè veniant, morando, stando, & redeundo, tam in personis, quam in rebus, nullam sentientes in aliquo laesionem. Hospitium quod melius in civitatibus fuerit Scholaribus locabitur, pro duarum unciarum auri annua pensione, nec ultra; aestimatio eius ascendet: Infra praedictam autem summam, & usque ad illam, omnia hospitia aestimatione duarum unciarum locabuntur. Et combien que l' Empereur par son Edit semblast faire commandement, que les Estudes ne fussent ouvertes aux Siciliens ailleurs qu' en l' Université de Naples, toutesfois par l' Epistre treiziesme du mesme livre, il declare n' avoir entendu y comprendre les enseignemens qui se faisoient de toute ancienneté en la Grammaire, és villes de son obeïssance. Propter quod (dit-il) fidelitati tuae praecipiendo mandamus, quatenus Magistris quibuslibet, qui per terras iurisdictionis tuae, pueros in actis Grammaticae principis edocent, nullam occasione praedicta molestiam inferas, sed particularia eorum studia regere, sine impedimento quolibet patiaris. Voila quel fut l' Edit de Federic, auquel en establissant lors une nouvelle Université, vous ne voyez aucun establissement de Colleges, ains sales generales & communes, esquelles se doivent faire lectures communes & publiques aux Escoliers, à l' instar de ce qui se faisoit en l' Université de Paris: chose qui n' y est vrayement exprimee: Mais tant y a que l' usage commun estoit tel en nostre Université, laquelle nous devons estimer grandement loüable, d' avoir eu lors un si grand personnage que Federic second, qui à l' instar d' elle voulut forger sa nouvelle Université.

Il nasquit l' an mil cent quatre-vingts quatorze, dés l' instant de sa naissance à l' instigation de l' Empereur Henry son pere, la Noblesse de Sicile luy jura le serment de fidelité & obeïssance: Le pere meurt en l' an quatrevingts & quinze, Constance pere (mere) de ce jeune prince, se met tout aussi tost avec son enfant en la protection & sauvegarde du Pape Innocent troisiesme, le plus grand Pape à mon jugement, qui fut jamais dedans Rome, tant en matiere reguliere que seculiere, (j' entens tousjours excepter la Saincteté de sainct Pierre.) Ce jeune Prince par l' advis de son protecteur est couronné Roy à trois ans, sous le gouvernement de sa mere: Appellé à la conduite de l' Empire en l' aage de vingt ans, & ores qu' en sa jeunesse toutes choses luy vinssent à souhait; toutesfois venant sur l' aage il sentit plusieurs traverses, desquelles il fut affligé: mesmement en la ville de Panorme l' an mil deux cens cinquante, surpris d' une maladie, sous ce pretexte Mainfroy son fils bastard ne douta de le suffoquer avec un linge, & le faire mourir. Prince au surplus que Pandolpho Collennicho (Collenuccio) (qui a diligemment escrit l' Histoire de Naples) nous pleuvit pour personnage tres-accomply, tant de corps, que d' esprit, qui parloit le vulgaire Italien, la langue Latine, Allemande, Françoise, Gregeoise, & Sarrazine.

Je trouve l' Université de Naples avoir esté par luy bastie: mais non en quel temps, quelque recherche que j' en aye faite: Mais tant y a qu' estant (né) en l' an 1194. & mort l' an mil deux cens cinquante, c' est dedans l' entrejet de ce temps. Pendant lequel florissoit l' Université de Paris sans Colleges, ains seulement en l' exercice des leçons qu' elle faisoit és Salles publiques. Tellement que pour conclusion de ce pourparler, je veux dire que nostre Université avoit esté merveilleusement heureuse, ayant eu ce grand Prince, qui se reigla sur son modele, & ce Prince avoit esté grandement sage d' avoir reglé son nouvel edit sur la police de nostre Université.

Federic II, Naples, 1194, 1250
Federic II