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martes, 25 de julio de 2023

6. 47. De deux accidens casuellement advenus au Parlement de Paris, portans presages des mal-heurs qui depuis advindrent en la France.

De deux accidens casuellement advenus au Parlement de Paris, portans presages des mal-heurs qui depuis advindrent en la France.

CHAPITRE XLVII.

De l' un je vous en compteray par livre, de l' autre pour l' avoir veu. Vous sçavez les grands troubles qui commencerent en cette France entre la Maison d' Orleans & de Bourgongne en l' an 1407. pour le mal-heureux assassinat qui fut fait de Louys Duc d' Orleans frere du Roy Charles VI. par le commandement exprez de Jean Duc de Bourgongne. Or je vous prie remarquer un cas qui advint au mesme an à l' ouverture du Parlement le lendemain S. Martin 12. de Novembre. Il y avoit lors cinq Presidens, dont Mauger faisoit le cinquiesme & extraordinaire: C' estoit nombre trop plus que suffisant, pour faire que l' un d' eux se trouvast à cette ceremonie: Toutes-fois lors qu' il convint recevoir le serment des Advocats & Procureurs, en la maniere accoustumee, la fortune voulut que nul de ces cinq ne s' y trouvast. Tellement que le Parlement se trouvant sans chefs, l' on fut contraint d' avoir recours au Roy, qui sur le champ depescha ses lettres, par lesquelles il commit du Drac President aux Requestes, pour presider en la grand Chambre, & recevoir les sermens d' eux tous. Cela estoit un tres-sinistre presage qui ne s' estoit jamais veu: Aussi commencerent en ce mesme an les divisions de ces deux maisons qui ruinerent de fonds en comble nostre France, & peu s' en fallut que la Couronne ne fust transportee en une main estrangere. Tant y a que par calamitez enchainees de l' une à l' autre, les guerres durerent prés de 50. ou 60. ans au milieu de nous, tantost par les divisions intestines des deux Maisons, tantost par l' introduction de l' Anglois contre le François, tantost par l' extermination du vray fils & legitime heritier de la Couronne, à l' exaltation de nostre ancien ennemy, & finalement par autres guerres renouvellees avecques la Maison de Bourgongne.

Histoire dont devez estre plus particulierement & asseurément informez, car il me semble qu' elle le merite. La verité est qu' il n' y avoit auparavant au Parlement de Paris que quatre Presidens du Mortier, & de la grand Chambre, toutes-fois le Roy Charles VI. y en adjousta un cinquiesme, nommé Mauger, contre le gré des anciens. En ce mesme an Messire Henry de Merle premier President fut envoyé à l' Eschiquier de Rouen pour y presider, & restoient les trois autres qui ne se voulurent trouver à la reception des sermens, en haine du cinquiesme, lequel aussi ne s' y oza presenter pour estre nouvellement receu contre la volonté de la compagnie, le Registre de la Cour porte ces mots, dont j' ay fait cet extrait. Le 12. Novembre 1407. ne se trouverent aucuns Presidens de la Cour, combien qu' ils fussent 5. Parce qu' il y en avoit un extraordinaire, & n' y en avoit aucun d' eux empesché fors le premier President, dont le Roy & sa Cour furent mal contens. Le dit jour, du Drac President des Requestes eut commission du Roy d' aller presider en la grand Chambre en l' absence des autres. Et y est la commission inseree. Ce Registre ne fait aucune mention de l' Eschiquier de Rouen: mais en voicy le supplément. Maistre Nicole de Baye, personnage de merite & d' honneur, qui faisoit un memorial par années, non seulement de ce qui se faisoit au Parlement, ains des choses les plus signalees du Royaume, lequel j' ay eu longuement en ma possession, & fait copier avant que le rendre: Cestuy (dis-je) remarquant ce qui advint ce 12. jour de Novembre dit ainsi. Duodecima Novemb. 1407. nullus fuit Praesidens in curia Parlamenti, primo Praesidente occupato in Scatario, alijs in commissionem exeuntibus, unde scandalizata fuit Curia, & ordinatum quod Praesidens Requestarum praesideret, eorum absentia durante, per Cancellarium. Unde nonnulli de Parlamento indignati, quod de antiquioribus laicis aliqui non praesidebant, murmurantibus non nullis Magistris Requestarum, qui dicebant ex officio suo debere praesidere. Passage qui peut servir de commentaire à ce qui est du Registre. Comme aussi furent l' un & l' autre passage, faits de la main d' un mesme ouvrier, qui fut le Baye lors Greffier: Et voyez que l' empeschement du premier de la Cour, provenoit de l' Eschiquier, & que les trois autres pretexterent leurs absences de commissions supposees, pour ne desplaire en tout & par tout au Roy. Le Registre porte que le 14. de Novembre les Maistres d' une part, & les Conseillers d' une autre firent leurs remonstrances au Conseil du Roy, chacun d' eux soustenant son party, mais ne fut faite aucune resolution en faveur des uns ou des autres. Car ce mesme different advint en l' an 1589. dont je puis parler, non seulement pour en avoir esté spectateur, ains pour y avoir eu bonne part. Je vous diray doncques qu' en l' an 1587. le 12. de Novembre, je veux dire à l' ouverture du Parlement de la S. Martin, tous Messieurs les Presidens & Conseillers oyans la Messe, avec leurs robes d' escarlate, & chaperons fourrez, combien qu' apres l' elevation du Corpus Domini, on ait de tout temps & ancienneté accoustumé de leur apporter la platine (que nous appellons ordinairement la Paix) pour la baiser, Dieu permit que ce jour là, par inadvertance, elle ne fut presentee à aucun d' eux. Je fus spectateur de cet acte. Et soudain que la Messe fut parachevee, je dis à quelques miens amis. Avez vous pris garde que la Paix n' a point esté presentee à Messieurs? Je meure si cela ne nous promet je ne sçay quoy de malheureux par la France. Ainsi le dis-je, & ainsi advint-il le mesme an & depuis: Car nous eusmes au mois de May ensuivant l' arrivee du sieur de Guise en cette ville de Paris, puis la journee des Barricades, la retraite fascheuse du Roy Henry III. du nom, les morts des deux Princes Lorrains en Decembre, bref la revolte generale de la plus grande partie des villes, ou pour mieux dire, un chaos & peslemesle de toutes affaires. Au moyen dequoy nous fusmes contraints de diviser les compagnies en deux, dont l' une soustint la cause du Roy, & l' autre celle des Seigneurs contraires. Nous establismes dedans la ville de Tours une Cour de Parlement, & une Chambre des Comptes des Seigneurs de ces deux ordres qui s' estoient diversement voüez à la suite du Roy leur Prince, & des pays qui estoient diversement demeurez sous son obeïssance: Et la ville de Paris avec quelques autres Provinces, avec ses compagnies voulut soustenir un party contraire. Dispute qui a grandement cousté à la France l' espace de 5. ans & plus. De moy voyant cette extraordinaire desbauche pretextee d' une paix, non paix, generale parmy la France, & d' une assemblee d' Estats dedans la ville de Blois, je quittay le 12. d' Octobre 1588. Paris lieu de mon ordinaire residence, pour suivre de là en avant la fortune de mon Roy, que je trouvay toute desarroyee, nonobstant quelque contenance, & faux pretexte de restablissement du Royaume, que l' on meit en avant sous le masque des 3. Estats. Advient à Blois la fin des Estats par la closture de l' Assemblee le 15. de Janvier 1589. & dans Paris le mesme jour la fin de l' Estat, par l' emprisonnement du Parlement fait en corps dedans la Bastille par un Bussy le Clerc, & ses consorts, si Dieu par sa saincte grace n' y eust avec le temps remedié. Cependant les deputez ausquels tous nos deportemens ne plaisoient, prennent langues les uns avec les autres, 4. font entr'eux un je ne sçay quel party à la ruine de l' Estat. Quelque peu apres les 2. freres sont tuez, feu allumé, & guerre sonnee de toutes parts dedans cette France, & division des compagnies souveraines, comme je vous ay touché cy-dessus, les unes dedans Tours, les autres dedans Paris; Qui est pour vous parler du 2. poinct, pour lequel j' ay entrepris les discours de ce mien Chapitre.

La seance du Parlement est establie fort à propos en l' Abbaïe de S. Julian: Celle des Comptes en la Thresorerie de S. Martin, & à l' ouverture du Parlement le Roy Henry III. s' y trouva en son lict de Justice, suivy des Princes qui estoient pres de luy, & de Monsieur de Montelon garde des Seaux, où Monsieur d' Espesse Advocat du Roy fit sa harangue; personnage auquel; par un bon naturel qui l' accompagna dés le temps de sa naissance, favorisé d' un acquis, il n' advint jamais de mal faire en toutes ses actions. Le lendemain Monsieur le Cardinal de Vandosme, depuis appellé Cardinal de Bourbon, accompagné de Monsieur le garde des Seaux, vint faire l' ouverture de nostre Chambre des Comptes, en laquelle je portay aussi la premiere parole, comme Advocat du Roy, apres que les lettres patentes furent publiees, pour en requerir l' enterinement & verification. Nostre Chambre des Comptes estoit lors beaucoup mieux fournie que le Parlement: D' autant qu' il y avoit deux Presidens, Messieurs Tambonneau, & Guiot, sept Maistres des Comptes, trois Auditeurs, & moy qui sous ma qualité representois le Procureur general du Roy, lors absent. Cette mesme police ne se trouva pas au Parlement de nouveau transporté, & estably en la ville de Tours. Car de malheur il n' y avoit aucuns Presidens de la grand Chambre, ains seulement quelques Maistres des Requestes, & Conseillers, les uns Ecclesiastics, les autres Laiz, & Monsieur l' Advocat d' Espesse, qui representoit ses deux autres compagnons. Tellement que la mesme dispute se presenta lors entre les mesmes Maistres des Requestes de l' Hostel du Roy, & Conseillers Laiz, comme elle avoit fait en l' an 1407. & toutes-fois n' y avoit moyen de la vuider, & ne fut l' Audience tenuë par faute de Presidens, lequel eust recueilly les voix des Conseillers assistans, & prononcé les Arrests: En quoy gist l' une des principales dignitez de la grand Chambre. Ne voulant le Roy offenser les uns & les autres, en la disette des Juges qui estoient pres de luy, ordonna un sequestre en tier-pied, comme on avoit fait sous le regne de Charles VI. Et demeurerent quelque temps les affaires du Palais ainsi en suspens, jusques à ce que pour bannir cette jalousie, il fut trouvé bon que Monsieur d' Espesse se fit pourvoir par le Roy d' un nouvel Estat de President, & qu' il trouvast homme capable, sur lequel il se demettroit de celuy d' Advocat du Roy. En cette resolution la Cour de Parlement me fit cet honneur de me semondre de le prendre. Et à cet effect Monsieur de Merles Maistre des Requestes, aujourd'huy Conseiller d' Estat, & feu Monsieur Loppin Conseiller d' Eglise aagé lors de 77. ans, me vindrent voir de sa part, a fin que j' acceptasse l' Estat, ayant moyen de le recompenser par la vente du mien, avec quelque moderee finance dont il faudroit secourir, tant le Roy, que le resignant. A quoy je leur fis response (je le diray par occasion, non par vanterie) que je remerciois la Cour, qui m' avoit faict tant d' honneur de jetter les yeux sur moy, mais que je la suppliois humblement ne trouver mauvais, si je desirois demeurer dedans le calme de ma fortune, n' ayant autre ambition en moy que d' estre ce ce que j' estois: Quelques jours apres Monsieur d' Espesse fut faict President, & Monsieur Servin Advocat du Roy, personnage digne non seulement de cet Estat, ains d' un plus grand, comme un autre Demon de ce temps. Et adoncques on commença de plaider à huis ouvert. Particularitez que je ne pouvois passer sous silence, au sujet du present Chapitre.

Fin du sixiesme Livre des Recherches.