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martes, 23 de mayo de 2023

CHAPITRE XV. Roys & Ducs que l' on tient avoir regné sur les François, auparavant l' advenement de Pharamond à la Couronne.

Roys & Ducs que l' on tient avoir regné sur les François, auparavant l' advenement de Pharamond à la Couronne

CHAPITRE XV. 

Je treuve en ceste deduction noz Autheurs n' être convenables: pour autant que les aucuns sont d' advis que l' ancienne, & premiere police des François feut soubz un gouvernement de Ducs, & non de Roys, jusques au temps de Pharamond: & les autres tiennent (qui est l' opinion plus receuë) que depuis la defaicte des Troyens, les François furent tousjours gouvernez par un Monarque, fors environ quarante ans auparavant le regne de Pharamond. Pendant lequel temps ils font Eclypse de Roys: disans qu' en leur lieu furent establis certains Ducs pour le maniment des affaires. Opinions toutes deux chatoüilleuses, qui les voudra considerer de plus pres. Car au regard de ceste longue suitte de Roys que nous tirons file à file depuis le premier Roy Troyen, il est certain (au moins me semble-il qu' ainsi on le trouvera) que tout ainsi que les François estoient divisez en plusieurs peuples, comme Anthuariens, Saliens & autres, aussi estoient-ils coustumiers d' avoir en mesme temps plusieurs Roys. Et à ceste occasion Eutrope au dixiesme de son Histoire raconte, que Constantin, qui feut depuis surnommé le Grand, apres plusieurs rencontres heureuses contre les François, feit devorer deux de leurs Rois en un spectacle publique par bestes brutes: lesquels se nommoient (comme dit Nazare) Asaric & Comes. Et Marcellin qui ne parloit de cecy par ouyr dire, ains comme celuy qui assista en la plus grand' partie des expeditions que Julian eut vers le Rhin, recite que cet Empereur, ayant reduit souz sa puissance la ville de Colongne (qui avoit esté ditraicte de sa subjection par quelques Germains) feit paix avec les Roys de France. Semblablement Claudian en un sien Panegiric fait mention de deux Roys de France, qui feurent pris en une mesme bataille par Stilicon, dont l' un fut confiné en perpetuel exil vers la Toscane, & l' autre restably en toutes ses prerogatives & estats: pour autant qu' il jura à Stilicon, de luy mettre és mains tous les pays & appartenances de l' autre. Aussi voyons nous quelques fois une partie des François avoir favorisé le party Romain, & les autres l' avoir en mesme faison guerroyé. Qui nous peuvent être advertissemens assez vray semblables pour nous induire à croire, que les François n' estoient point gouvernez par Ducs, ains par Rois: & par mesme moyen, qu' ils n' estoient point souz le gouvernement d' un seul Roy, ains de plusieurs, selon la pluralité des contrees qu' ils possedoient. Et ce en quoy nos Historiographes se sont d' avantage oubliez, c' est que pour ne s' être arrestez aux autheurs qui parlerent des choses advenuës de leur temps, ains s' être seulement amusez en quelques imaginations de Moines, ils ont esté trouver je ne sçay quels Roys *sez, & neantmoins obmis ceux qui avoient esté recitez par gens fidelles. Car en quel lieu (je vous prie) trouverez vous en Triteme & ses semblables être faite mention de Mellobaudes, lequel toutesfois Marcellin vit de son temps être un des Roys de France? D' avantage où lirez vous un Asaric & Comes, lesquels Roys ce neantmoins Nazare, au Panegiric qu' il prononça devant Constantin, dit avoir esté par son commandement exposez aux bestes? Certainement il failloit pour donner fueille à leur dire, qu' ils inserassent dans le Calendrier de leurs Roys, tout d' une mesme main ceux-cy lesquels il est certain avoir regné, puis que & Marcellin & Nazare ne parloient de ces Rois à credit, ains comme de ceux qu' ils veirent regner de leur temps. Au demeurant quant aux Ducs qu' on nous a mis parmy nos Roys en entreligne, il n' est pas hors propos de penser que ce qui donna vogue à ceste opinion, fut par ce qu' un peu auparavant le general desbord des François, aucuns de noz Croniqueurs faisans mal leur profit du Latin, ont trouvé quelques entreprises, qui furent exploictees par les François, souz la conduite de quelques notables Capitaines. Et pour autant que ceste diction de Capitaine en langue Latine se represente par le mot de Duc, ils ont ignoramment estimé qu' ils estoient gouvernez par Ducs: non toutes fois s' avisans qu' il n' est pas estrange que les Roys, sans y être en propres personnes, envoyassent en leur lieu Capitaines generaux pour faire la guerre. Et aussi que ce mot de Duc, pris de telle façon qu' ils le prennent, n' estoit encores en usage, ains fut invention de Romains vers le temps de l' expulsion des Gots de l' Italie, & quelque peu apres la venuë des François és Gaules. Mais de ceste question, comme semblablement des Troyens, estant plus curieuse que profitable, il me suffira pour ceste heure y avoir donné quelque atteinte.

Fin du Premier Livre des Recherches.

lunes, 22 de mayo de 2023

CHAPITRE XI. Des Bretons Gaulois, que quelques-uns estiment avoir emprunté leur nom de ceux de la grande Bretaigne.

Des Bretons Gaulois, que quelques-uns estiment avoir emprunté leur nom de ceux de la grande Bretaigne

CHAPITRE XI. 

L' opinion de plusieurs François est (ne sçayen quel endroict peschee) que ceux de la grande Bretaigne, estans vers le temps de Theodose & Valentinian, grandement offensez des Pictes & Escossois, & non secourus des Romains, apres avoir plusieurs fois imploré en vain leur aide, furent contrains de creer un Roy de leur nation nommé Voltiger: par l' advis duquel ils appellerent à leur secours les Anglois & Saxons, peuples de la Germanie, adoncques fort redoutez. Lesquels ayans faict voile vers la grande Bretaigne, *ent la protection du pays sur leurs bras, avecques plusieurs heureux exploicts d' armes, qu' il executerent contre les Escossois. En façon que pour leurs victoires, favorisez du Roy Breton il leur feit assigner pour certain temps quelque territoire, dans lequel, allechez de la fertilité du pays, ils commencerent soubs-main à se fortifier contre les advenues des Bretons mesmes. Laquelle chose leur succeda si à poinct, que les pauvres Bretons furent finalement contraincts leur quitter le jeu & la place: demeurant le Royaume és mains des Anglois. Au moyen dequoy quelques uns, qui se sont meslez d' escrire entre nous, ont imaginé que les vrays habitans, bannis de leurs propres demeures, forcez en tout desespoir de se pourchasser nouveaux sieges, singlerent vers ceste coste des Gaules, que noz ancestres appelloient Armorique: laquelle estant par eux prise d' emblee, la nommerent de leur nom Bretaigne. Ceste histoire tient en tout lieu de verité, fors vers la fin. Car d' estimer que les Bretons d' outremer occupassent, depuis leur desconvenüe, aucune partie de la Gaule, au moins avec telle puissance, qu' ils y eussent peu fonder leur nom, c' est une opinion qui a esté controuvee pour la conformité des deux noms. Et est certes la verité, recogneuë mesmement par les histoires Anglesches, qu' apres que les Anglois & Saxons eurent entierement reduit soubs leur devotion la grand Bretaigne, ils confinerent les vrais Bretons en un arrriere-coing de la contree, nommé Galles. Qui fut cause que les Bretons se ressentans tousjours du tort que leur tenoient les Anglois, eurent plus de quatre ou cinq cens ans un Royaume de Galles separé d' avec celuy d' Angleterre. Et depuis estans unis par force soubs leur obeissance, tousjours furent les premiers, qui tindrent promptement la main aux seditions & revoltes. Parquoy si oncques les Bretons eurent occasion de baptiser l' Armorique du nom de Bretaigne, ce qui ne leur avint jamais, ce fut lors, que soubs l' aueu de Maxime, qui s' estoit faict proclamer Empereur de Rome en la grand Bretaigne, un sien Lieutenant nommé Conan s' en empara d' une partie avec une infinité de Bretons, soubs ferme propos d' y continuer sa demeure. A raison dequoy mesmement pour faire nouvelle peuplee de gens de sa nation, manda querir jusques à unze mille, que femmes, que filles: lesquelles par fortune de mer perirent toutes. Non pourtant que pour cela Conan depuis, ny les Gentils-hommes de sa suitte fussent demeuz de leur entreprise, ains s' habituerent en la Gaule, où ils donnerent commencement au Royaume de nostre Bretaigne, laquelle auparavant avoit tousjours esté gouvernee sous la generalité de ceste Province Gauloise. Qui est le temps, à mon jugemet, qui donna le premier cours à la langue que nous appellons Bretonne * Bretonnant, & feit separation entre le Breton Galois, & le Breton Bretonnant, par un redoublement de mesme parole, comme si noz anciens eussent voulu dire, qu' une partie des Bretons qui habitoient és Gaules avoient a pris à Bretonner en la maniere du Breton d' outremer. Car quant au mot de Bretaigne, il est certain que la nostre estoit ainsi appellee de toute ancienneté, & du temps mesmes des premiers Empereurs, comme nous pouvons apprendre de Pline en la description des Gaules, qui est long temps auparavant la venüe de Conam ( : Conan), ny des Anglois. Au contraire je diray cecy pour recommandation de noz Bretons, si nous croyons Bede homme natif d' Angleterre, & qui florist vers le temps de nostre Pepin, ceste isle de la grand Bretaigne, auparavant appellee Albion, fut depuis ainsi nommee Bretagne par les Bretons Gaulois, qui s' en estoient faicts maistres long temps devant la venüe de Jules Cesar. Et à dire le vray, noz Bretons ont esté tousjours gens de guerre, & qui par privilege special seuls entre tous les autres peuples de la Gaule se sont dispensez de la domination des François. Bien est vray, que comme dict Gregoire de Tours, ils furent vaincus par Clovis: & encores soubs Chilperic ils estoient gouvernez par Comtes qui obeissoient aux François, toutesfois dés le mesme temps ils commencerent à se revolter, & ne vouloient de là en avant dependre que de leur seule authorité & puissance, jusques au temps de Dagobert, qui les rendit tributaires : Toutesfois depuis ce temps ils eurent tousjours ou Roys ou Ducs extraicts de leur ancien estoc, & n' ont noz Roys estably gouverneurs en leurs pays, comme aux autres Provinces. Qui est la cause, pour laquelle en ceste generale division, & Aristocratie des Pairs leur Duc n' y fut ennombré, comme celuy qui faisoit ses besongnes à part, & qui ne dependoit de l' ancienne police de noz Ducs, lesquels d' un office viagere & temporelle, en feirent une perpetuelle, comme j' entends deduire au second Livre de ce mien œuvre. D' autant que le Duc de Bretaigne pour s' entretenir en grandeur, temporisa tousjours selon les occasions, tantost ne voulant tenir son authorité que de Dieu & de l' espee, comme l' on vit du temps de Louys le Debonnaire, & de Charles le Chauve, qui pour ceste cause, le guerroyerent longuement avec diverses fortunes, tantost s' il se sentoit plus foible, nous recognoissant pour souverains: une autrefois, si la necessité le forçoit pour quelque desastre qui nous fust survenu, recognoissant tenir ses biens de la couronne d' Angleterre. Comme de la memoire de nos ancestres, nous en veismes un exemple notable, afin que je ne m' amuse aux autres qui sont de trop longue recherche, du temps de Philippes de Valois, entre la maison de Blois, & celle de Mont-fort, qui querellerent longuement pour la succession du Duché, advenuë par la mort de Jean Duc de Bretaigne. Philippe de Valois ayant pris en main la cause du Blesien lequel luy en avoit faict foy, & hommage: & Edoüard Roy d' Angleterre, le party de Jean de Mont-fort, qui d' un autre costé aduoüoit tenir sa terre de l' Anglois: jusques à ce que ceste querelle ayant pris fin par la mort de Charles de Blois en la journee d' Aulroy, & le Duché demeurant au Comte de Montfort du consentement du Roy Philippe, il nous en feit lors pour luy & ses successeurs recognoissance & hommage, qui s' est depuis continuee jusques à la mort de Madame Anne de Bretaigne fille unique du Duc François: laquelle conjoincte en premieres nopces avec Charles huictiesme, & depuis avec Louys douziesme, annexa à la couronne de France le Duché par Madame Claude sa fille aisnee, mariee avec François premier de ce nom, duquel mariage nasquit le Roy Henry deuxiesme, à bien dire premier entre tous noz Roys, qui fut Roy de France, & Duc de Bretaigne