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domingo, 6 de agosto de 2023

8. 34. De ces mots, Veilles de Festes, Vespres, Encens, Reliques, & Collations que l' on fait quand on jeusne.

De ces mots, Veilles de Festes, Vespres, Encens, Reliques, & Collations que l' on fait quand on jeusne.

CHAPITRE XXXIV.

La suite du Chapitre precedant, il n' est point hors de propos de donner à entendre dont viennent ces cinq dictions qui nous sont fort familieres en nos Eglises, lesquelles nous mettons journellement en usage: & paravanture y a-il peu de personnes qui en sçachent l' origine. Le jour qui precede une Feste es appellé depuis le midy jusques au soir Vigile, & par abreviation veille de Feste. Qui aura leu l' Histoire Ecclesiastique, pourra dire dont cela est provenu. Socrates au 4. livre de l' histoire dit ainsi: Erat Vespera, & populus in Vigiliis observans, sperabaturque futura Collectio. Theodoret au cinquiesme livre de la mesme histoire, Erat itaque iam nox, & aliqui populorum ad Vigilias venerant, & expectabatur futura die, Collectio. Ces deux passages nous enseignent que le jour qui precedoit une Feste, ceux du peuple qui estoient les plus devots passoient une partie de la nuict en veilles & prieres. De là vient que l' on appella cela Vigile, ou Veille, & le lendemain, journee de la Feste, se faisant l' Assemblee generale du peuple, que l' on appelloit Collectio. Et parce que les prieres commençoient sur les trois ou quatre heures, que nos ancestres appellerent du mot de Vespera, de là vint aussi que les prieres que nous faisions en ce mesme temps aux Eglises furent appellees Vespres. Au regard du mot d' Encens, ce sont certaines gommes que l' on brusle dedans un Encensoir, de la fumee desquelles le Prestre officiant fait present à Dieu devant les Images. Les Romains en leurs ceremonies usoient de Thus, & Myrrha, qu' ils alloient rechercher au Levant, lesquels ils faisoient brusler, & de la fumee de ces gommes odoriferantes honoroient leurs sacrifices. Chose commune à tout homme qui sçait l' ancienneté: Et de là vient qu' un ancien Poëte Payen disoit Thure Deos placa. De dire que nous ayons transplanté du Paganisme cette ceremonie en nostre Eglise, je ne le veux, ny ne le puis croire. 

C' est encore une imitation du vieil Testament. Bien vous diray-je que nous avons emprunté d' eux le mot d' Encens. Ruffin ce grand Prestre contemporain de S. Hierosme, traduisant Eusebe, lequel au livre second de son Histoire Ecclesiastique, chap. 12. dit que devant que la piperie de Simon Magus eust esté descouverte, le peuple de Rome l' adoroit, Odoribus incensis. On osta par succession de temps le premier mot, & usa-l'on seulement de celuy de Incensum, & ainsi le vieux traducteur de Sozomene en son histoire Ecclesiastique dit que l' Empereur Julian voulant recognoistre les soldats de son armee qui estoient Chrestiens, il les estrenoit deux fois l' an, c' est à sçavoir, le premier jour de Janvier, & le jour de sa Nativité, & lors il vouloit que chacun qui prenoit estreine de luy, Incensum ei offerret: erat enim ante eum positum thus, & ara, secundum antiquam Romanorum solemnitatem, & ceux qui ne l' encensoient, pour estimer cela estre une Idolatrie, estoient par luy jugez Chrestiens. De ce passage vous voyez que le Thus, dont ils usoient estoit bruslé, a fin que l' odeur & fumee montast en haut: mais deslors parce qu' il estoit bruslé, on l' appelloit Incensum. De là l' Italien l' a appellé Incenso, & l' Espagnol Incienso: & nous autres François Encens, & l' utensile où l' on fait brusler telle drogue, Encensoir: car ce fut une chose anciennement commune de tourner l' I Latin en E, ainsi voyons nous que de firmitas, nous fismes fermeté, & d' infirmitas, enfermerie: Qui sont les lieux dans les Monasteres, dediez à penser les infirmes & malades, & enformer & enformation. Vray que depuis par succession de temps nous avons repris l' I Latin: car nous disons aujourd'huy infirme, infirmité, informer, & information, estant toutesfois le mot d' E demeuré à l' Encens, Encensoir, & Enfermerie, & qui est chose esmerveillable, c' est que quand vous rechercherez jusques à un an, à peine que puissiez donner autre nom qu' Encens à cette odeur que l' on presente à Dieu: & neantmoins la verité est que ce nom n' a esté trouvé sinon en consideration de ce que cette drogue ou gomme est bruslee, de la fumee de laquelle on honore nos Festes aux Eglises. 

Car pour le regard des Reliques, que nous adaptons specialement aux os & cendres des Saincts, ce mot anciennement estoit commun à tous les mortuaires. Le Jurisconsulte Modestin en la Loy, Quidam. De condit. instit. Quidam testamento suo haeredem suum scripserat tali conditione, si reliquias eius in mare proficiat. Nous trouvons dedans Suetone en la vie d' Auguste: Legere reliquias & ossa. Et en celle de Calligula: Caesorum clade Variana, veteres ac dispersas reliquias, uno tumulo humaturus, colligere sua manu & componere primus aggressus est. Ce mot depuis s' est tourné en Religion dedans nostre Eglise: & est fort notable le traicté que fit S. Hierosme contre Vigilance, qui en vouloit supprimer l' usance, comme si c' eust esté une espece d' idolatrie.

Reste de parler du mot de Collation dont nous usons és jours de Jeusnes, quand au lieu de nostre souper, prenans vers le soir un noble repas, nous l' appellons Collation, qui n' a aucune respondance au boire ny au manger. Entre tous les mots Latins, je n' en voy un seul qui ait tant de diverses significations comme celuy de Conferre, l' une desquelles est de deviser ensemblément, dont est venu ce que nous disons en cette France Conferer l' un avecques l' autre. Ce fut une coustume anciennement fort familiere tant aux Monasteres, que Colleges les mieux reiglez, aux veilles des Festes solemnelles, que l' on jeusnoit, de faire apres Vespres une conference publique des mœurs, merites & vie du Sainct que l' on solemnisoit, & à cette fin estoit choisi l' un de la troupe pour faire la harangue au milieu de tous, que l' on appelloit Collation, qui vient du Latin Conferre. Ancienneté que je recueille des vieux Statuts du College de Navarre, dont la Roine Jeanne femme de Philippe le Bel fut fondatrice par son testament du 24. jour de Mars 1304. par lequel ayant nommé pour ses executeurs Matthieu Evesque de Soissons & Gilles Abbé de sainct Denis & autres Seigneurs, elle leur bailla permission de corriger, augmenter ou declarer sa derniere volonté, ainsi que bon leur sembleroit. Ceux-cy firent le troisiesme jour d' Avril 1315. les Statuts du College, qui depuis y ont esté observez portans entre autres articles cestuy. Item in vigiliis Festorum solemnium, immediatè post Vesperas tenebitur quilibet Theologus in suo ordine Collationem de Festo facere in Ecclesia, vel in Capitulo, ad quam tenebuntur omnes scholares & socij interesse. C' estoit à dire que chaque Theologien à son tour seroit tenu de faire une Conference publique apres Vespres la veille des Festes solemnelles, où tous les escoliers seroient tenus d' assister. Cela mesme se practiquoit aux Monasteres, toutes-fois parce que ces Conferences ou Collations (a fin de ne sortir du vieil mot) leurs coustoient trop à faire, pour se deliurer de la peine, ils introduisirent une coustume, qui fut, que tout ainsi que pendant leurs disners & souppers, l' un des Religieux lit tout haut un Sainct Gregoire, Sainct Bernard, ou autres Docteurs anciens de nostre Eglise: Semblablement fut trouvé expedient entr'eux, non seulement aux veilles des grandes Festes, mais aussi en tous les autres jours de Jeusnes, lors que sur la sorne ils prenoient sobrement leur pain & vin, que l' un d' eux leust les Collations de Jean Cassian Hermite, Livre plein d' edification pour ceux qui ont voüé la vie solitaire & Monastique. Quoy faisans, ils suivirent aucunement les traces de l' ancienneté en ce mot de Collations ou Conferences faictes aux despens de leurs esprits, & neantmoins estoit chose convenable à leurs professions de lire un Cassian pour le subject qu' il traictoit. Ce mot depuis s' est espandu des Monasteres (dont nous devons puiser nos devotions) parmy tout le peuple, & tout ainsi que leur lisant, on les repaissoit de Collations, aussi avons nous employé en nos Jeusnes ce mot de la façon que nous en usons, voire que je ne sçavrois d' un autre mot vous expliquer plus entendiblement ce que je veux dire.

martes, 27 de junio de 2023

4. 9. Des Bonnets qu' on prend aux Licences, & Maistrises des Escoliers, Estreines, Banquets, que l' on faict à la feste des Roys.

Des Bonnets qu' on prend aux Licences, & Maistrises des Escoliers, Estreines, Banquets, que l' on faict à la feste des Roys.

CHAPITRE IX.

Les franchises & libertez dont j' ay parlé cy-dessus, me feront maintenant discourir de celles que les Escoliers acquierent en nos Universitez par leurs Maistrises & degrez de Licences. Par les deux precedens Chapitres j' ay esté homme du Palais, je seray maintenant Escolier. Quand un jeune homme a esté longuement sous la verge de son pedagogue, apres avoir passé sa jeunesse sous l' alambic d' une Grammaire, Rhetorique & Philosophie, à quoy certains temps sont prefix dans l' Université de Paris, par la reformation du Cardinal de Toute-ville, il n' y a Escolier qui ne desire de passer Maistre, pour estre de là en avant à soy. Cette ceremonie se fait tous les ans en Caresme apres la Feste de sainct Gregoire. J' ay veu en mon jeune aage qu' il n' y avoit College, où il n' en passast vingt & trente, maintenant il y en a beaucoup moins. Parce que soudain que nos enfans out esté quelques ans à l' estude d' humanité, nous les envoyons aux Universitez des Loix, pour leur faire puis apres suivre le barreau, dont on attend plus de profit.

Or en ces Maistrises on baille à chacun le Bonnet aux grandes Escholes, avec quelques autres solemnitez, & ce fait, on a acquis toute liberté, c' est à dire, que l' Escolier n' est plus sujet à la verge de ses Superieurs. Qui estoit une espece de servitude, par laquelle on dependoit en tout & par tout de leur volonté: & commencent d' estre appellez Maistres, tout ainsi que ceux de la puissance & authorité desquels ils dependoient auparavant. Tellement que par le commun mot de l' Université, quand on dit, il a pris le Bonnet, c' est autant comme si l' on disoit, il est passé Maistre. Chose que nous avons empruntée des Romains, lesquels entr' autres manieres d' affranchir leurs serfs, en avoient une particuliere qui estoit de donner le bonnet. Ainsi l' apprenons nous de Seneque au 6. de ses Epistres, où parlant de plusieurs bons & recommandables services que les Maistres avoient receuz de leurs serfs, apres avoir haut loüé leur fidelité. Dicet aliquis (fait-il) me vocare ad pileum servos. Le semblable fait Macrobe au premier de ses Saturnales, où apres avoir desrobé tout le discours de Seneque, il finit par mesme conclusion que luy, Dicet aliquis nunc me dominos de fastigio suo deijcere, & quodammodo ad pileum servos vocare. Comme si l' un & l' autre eussent voulu dire, on dira que je veux donner le bonnet aux serfs au prejudice de leurs Maistres, qui est à dire la liberté.

Or en cette ancienneté il n' y a rien qui ne soit loüable: je crains que le semblable ne soit à ce que je veux maintenant deduire: Car toutes & quantesfois que nous empruntons quelques Coustumes de Payens, & les adjoignons à nos jours de festes, je ne le puis trouver bon. Nous penserions faire tort au premier jour de l' an, auquel nous celebrons la Circoncision de nostre Seigneur, si nous ne l' accompagnions d' Estreines, c' est à dire, de dons que nous envoyons les uns aux autres. Ce qui fut observé avec telle devotion par nos ancestres, que nous recognoissions plus le premier jour de l' an sous le nom d' Estreines, qu' autrement. Nous tenons cette Coustume en foy & hommage du Payen. Suetone en la vie de Tibere, Prohibuit strenarum usum ne ultra Calendas Ianuarias exercerentur. Or que cela se fust depuis perpetué en l' Estat de Rome, nous le recueillons de Theodoret en son Histoire Ecclesiastique, quand il dit que l' Empereur Julian voulant discerner le Soldat Chrestien d' avec le Payen, il les estrenoit par fois le premier jour de sa nativité, & en recevant estreines de luy, il vouloit que les Soldats incensum (c'estoit   que nous appellons encens) ei offerrent. Erat enim ante eum positum thus. Symaque au 6. de ses Epistres, nous dit que les Estreines se bailloient dans Rome le premier jour de l' an, & qu' elles furent ainsi appellees, Quia viris strenuis dabantur. Au demeurant que telles Estreines fussent mises entre les actes d' idolatrie, nous en avons un grand Maistre, c' est Tertulian, lequel au Livre qu' il a fait de l' Idolatrie, dit que le Precepteur Chrestien, qui enseigne aux Escholes des Ethniques est idolatre, adjoustant ce mot, etiam strenae captandae sunt, voulant dire qu' à l' imitation des Payens il faudroit qu' il prit des Estreines. C' estoit, comme il est vray-semblable, une Coustume familiere aux Payens, qui enseignoient la jeunesse, de prendre tous les ans des Estreines, comme nous voyons maintenant les Regens des Colleges prendre tous les ans des dons & presens de leurs disciples, sous le nom de Lendiz.

Encores y a-il plus d' excuse en cette Coustume, qu' en celle des Roys, laquelle nous solemnisons avec une infinité de desbauches de bouche, qui emportent ordinairement quant & soy plusieurs autres sortes de hontes & pudeurs. Et faut neantmoins que ceux qui en furent les premiers introducteurs fussent gens de lettres par toutes les rencontres qui se trouvent en ce deduit. Nous commençons dés la vueille, non de prier Dieu, mais de faire bonne chere. Celuy qui est le maistre du banquet a un grand gasteau, dans lequel y a une febue cachee, Gasteau, dy-je, que l' on coupe en autant de parts qu' il y a de gens conviez au festin. Cela fait on met un petit enfant sous la table, lequel le Maistre interroge sous ce nom de Phebé, comme si ce fut un qui en l' innocence de son aage representast une forme d' Oracle d' Apollon. A cet interrogatoire l' enfant respond d' un mot Latin Domine: sur cela le Maistre l' adjure de dire à qui il distribuera la portion du Gasteau qu' il tient en sa main, l' enfant le nomme ainsi qu' il luy tombe en la pensee, sans acception de la dignité des personnes, jusques à ce que la part est donnee à celuy où est la febue, & par ce moyen il est reputé Roy de la compagnie, encores qu' il fust le moindre en authorité. Et ce fait, chacun se desborde à boire, manger, & danser. Il n' y a respect des personnes, la festivité de la journee le veut ainsi. Qu' il n' y ait en cecy beaucoup de l' ancien Paganisme, je n' en fais doute. Ce que nous representons ce jour là, est la feste des Saturnales que l' on celebroit dedans Rome sur la fin du mois de Decembre, & commencement de Janvier. Les anciens Romains eurent cette ferme opinion, que sous le regne du Roy Saturne tous biens estoient en commun, & qu' il n' y avoit ny mien ny tien entre les vivans, & moins encores estoient ces qualitez de Maistres, & Serfs en usage. C' est pourquoy on appelloit son siecle un aage d' or, & en commemoration de ce, en solemnisant sa feste tous les ans, toutes choses sembloient communes dans les maisons entre les maistres, & les valets. Ce n' estoient que festins, & allegresses: les maistres despoüilloient leur grandeur, & les serviteurs leurs bassesses, voire commandoient lors à leurs maistres, si le sort de ce faire avoit rencontré sur eux. Seneque au 6. de ses Epistres, en la 47. Epistre disoit, Nec illud quidem videtis quam omnem invidiam maiores nostri dominis, omnem contumeliam servis detraxerint: dominum patrem familiae appellarunt, servos, (quod etiam in mimis adhuc durat) familiares. Instituernut diem festum, non quo solum domini cum servis vescerentur, sed quo etiam honores illis in domo gerere, ius dicere permiserunt, & domum pusillam Rempublicam esse iudicaverunt. C' estoit en la feste des Saturnales, de laquelle Tacite disoit au 13. Livre de ses Annales, Festis Saturno diebus inter alia aequalium ludicra regnum iusu sortientium, evenerat ea sors Neroni. Cela monstre qu' en rendant tout le monde esgal dans les maisons, encores faisoient-ils lors un Roy. Chose que l' on voit au doigt & à l' œil s' estre transplantée chez nous, non vrayement au mois de Decembre, ains en celuy de Janvier son plus proche, & en la Feste des Roys sur la rencontre du nom: Car quant à ce que nous y employons la febue, nous l' avons emprunté de la Grece. Xenophon au Livre des dits, & actes de Socrates, nous enseigne que dans la ville d' Athenes les Magistrats estoient creez au sort de la febue: Paravanture leur servoit-elle de balote, & c' est pourquoy quand Pythagore nous enseignoit à fabis esse abstinendum, il entendoit parler des Magistrats. Ainsi l' explique Erasme en ses Chiliades, comme s' il eust voulu dire qu' il y avoit plus d' asseurance en une vie privee, qu' en celle qui estoit exposee aux flots, & tempestes publiques.