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domingo, 26 de mayo de 2024

Lexique roman; Mat, Mast - Matrasseyar

 

Mat, Mast, s. m., du lat. malus, mât.

Home que es en peccat mortal, es aissi coma cel que se adorm sobr' el mat en la nau. V. et Vert., fol. 49.

L'homme qui est en péché mortel, est ainsi comme celui qui s'endort sur le mât dans la nef. 

D' el si fan mastz de naus. Eluc. de las propr., fol. 218. 

De lui se font mâts de navire.

CAT. Mastil. ESP. Masto (mástil). PORT. Masto, mastro. IT. Mastil. 

(chap. Mástil, mastils.)


Matar, v., lat. mactare, mater, frapper, tuer, assommer. 

Et non matabunt hominem... et matabunt culpatum... quod Christianus matet Maurum... matent cum...

Ord. d' Alboacem, roi maure de Coïmbre, an. 772.

(N. E. Aconsejo leer varios autores sobre el fuero de Alboacem.)

A trayta s' espaza; Rollan cuyda matar.

Roman de Fierabras, v. 3414.

A tiré son épée; il croit tuer Roland. 

Sel s' ausi e s mata.

Augier: Era quan. 

Celui-là s' occit et se frappe. 

Lo van matar. Roman de Blandin de Cornouailles. 

Le vont frapper. 

Ieu ai ja vist albre fuilhat,

Que s cocha, puis gel lo mata.

(chap. Yo hay vist abre fullat (florit, brostat), que se donde pressa, y después lo gel lo mate. Normalmén lo gel mate les flos, pero no los abres. Les olives maurades són lo mateix que “matades” per lo fret : 

“la serena”, y la sal; la pell de taronja, mandarina o llimó ajude a matáles.)

Hay vist moltes vegades

les flos del amelé gelades.)

Bertrand de Born: Fuilhetas ges. 

J'ai déjà vu arbre feuillé, qui se hâte, puis gelée le frappe.

Part. pas.

Jamays no s partran tro l'us sia matatz.

Roman de Fierabras, v. 1380.

Jamais ils ne se sépareront jusqu'à ce que l'un soit maté.

ANC. FR.

Jà ne serez par els ne veincuz ne matez. Roman de Rou, v. 3229.

Se Renart le voloit mater, 

Je cuit qu'il se vodroit deffendre... 

Renart, fet-il, vos me cuidiez

De vin mater, mès non ferez; 

Or verrai conment vos bevrez.

(N. E. Matar el vino : añadir agua.)

Roman du Renart, t. I, p. 74 et 120.

Et, pour garder que plus je n'y retombe, 

Je veux macter aux dieux une hécatombe. 

Ronsard, t. 1, p. 113. 

CAT. ESP. PORT. Matar. IT. Mattare. (chap. Matá: mato, mates, mate, matem o matam, matéu o matáu, maten; matat, matats, matada, matades. Maurá les olives es lo mateix. Yo mauro, maures, maure, maurem o mauram, mauréu o mauráu, mauren; maurat, maurats, maurada, maurades.) 

- Faire mat, au jeu des échecs.

Fig. Tost l' agra 'l reys joves matat,

Si 'l coms no l' agues essenhat.

Bertrand de Born: Ieu chant.

Le roi jeune l' aurait bientôt maté, si le comte ne l' eût enseigné.

ANC. FR.

De tables é d' eschez sout compaignon mater. 

Roman de Rou, v. 2514.

Se de fin cuer i regardés, 

Satan as eschiés materés. 

Roman du Renart, t. IV, p. 369.

IT. Mattare. (chap. Fé mate al ajedrez.)

2. Mat, adj., triste.

Pos de chan vos es laissat,

Recrezut vos lais e mat.

Cominal: Comtor d' Apchier.

Puisque de chant vous vous êtes désisté, je vous laisse fatigué et triste.

ANC. FR. Jà pour ce ne fust plus alevez en son cuer pour ses grans victoires, ne plus maz ne plus confus pour nule adversité.

Chron. de Fr., Rec. des hist. de Fr., t. V, p. 228.

Mès mult esteit maz et pensis. Marie de France, t. I, p. 96. 

L' apostoles et li senat

Moult sont dolenz e moult sont mat.

Nouv. rec. de fables et cont. anc., t. II, p. 103.

Car n' i osoie la main tendre

Tant iere maz e vergongneus.

Roman de la Rose, v. 8129. 

Elle devint mout mate, vaine et morne.  

Hist. de Gérard de Nevers, p. 129.

- Loc. fig. en terme du jeu des échecs. 

Albert, al corn del taulier,

Vos dirai mat.

T. d'Albertet et de Pierre: Peire. 

Albert, au coin de l'échiquier, je vous dirai mat.

El corn del taulier n' er matz.

Aimeri de Bellinoy: Cossiros. 

En sera mat au coin de l'échiquier. 

Qu'ieu remazes del juec vencutz e matz. 

Bernard d'Auriac: S'ieu agues. 

Que je restasse du jeu vaincu et mat. 

Allusiv. Al flac jelos cug dir Mat ses tot roc.

Blacasset: Gerra mi play. 

Au flasque jaloux je pense dire mat sans nulle tour.

Ditz mat a la gent croya.

Raimond de Castelnau: Ges sitot.

Je dis mat à la gent méchante. 

ANC. FR. Et deden l'anglez les mata 

Où mat le quiderent tenir.

2e trad. du Chastoiement, cont. 17.

Conment tu puisses rendre mat 

Li felons plains de tricherie.

Roman du Renart, t. II, p. 253.

Voyez escac.

3. Matagilos, s. m., mate-jaloux.

Al bran d' asier en clam merces, 

Et al feran matagilos.

Guillaume de Berguedan: Ara mens. 

Au glaive d'acier j'en crie merci, et au féroce mate-jaloux.

4. Materia, Madeira, Madeyra, s. f., lat. materia, matière. 

Voyez Muratori, Diss. 33.

Totz em fag d'una materia, e format ad una forma.

V. et Vert., fol. 73.

Nous sommes tous faits de même matière, et formés à même moule.

Fig. Volontiers volon auzir d'aytal materia parlar.

V. et Vert., fol. 70. 

Veulent volontiers entendre parler de telle matière.

- Matériaux pour bâtir.

Una charrada de madeyra. Tit. de 1400. Arch. du Roy., K. 772. 

(chap. Una carretada, carretillada de material.)

Une charretée de matériaux.

Si aquel que bastit de la mia madeira, so es de la mia fusta o de las mias peiras, en sa terra, o fetz per mala fe, el n'es tengutz per laironici.

Trad. du Code de Justinien, p. 37.

Si celui qui bâtit de la mienne matière, c'est-à-dire du mien bois de construction ou des miennes pierres en sa terre, le fit par mauvaise foi, il en est tenu pour vol.

CAT. ESP. PORT. IT. Materia. (chap. Materia, materies.)

5. Material, adj., lat. materialis, matériel, de matière.

Coma lo lum material esclarziss las tenebras.

V. et Vert., fol. 83. 

Comme la lumière matérielle éclaircit les ténèbres. 

Li cel material... . li cel spiritual. Doctrine des Vaudois. 

Les cieux matériels..., les cieux spirituels. 

CAT. ESP. PORT. Material. IT. Materiale. (chap. Material, materials; s. m y adj.)

6. Materiar, v., lat. materiari, charpenter, préparer.

Part. pas. La materia es pauzada per la causa materiada.

Leys d'amors, fol. 130. La matière est posée pour la chose préparée.

7. Materialmen, adv., matériellement. 

Sillabas se fan materialmen d'una o de motas letras.

(chap. Les sílabes se fan materialmen d'una o de moltes lletres.) 

Leys d'amors, fol. 7. 

Les syllabes se composent matériellement d'une ou de plusieurs lettres.

CAT. Materialment. ESP. PORT. IT. Materialmente. (chap. Materialmen.)

8. Mairam, s. m., merrain.

Vendre lo bosc a carpentiers... per far mairam.

Tit. de 1274. Arch. du Roy., Toulouse, J. 321. 

Vendre le bois à charpentiers... pour faire merrain.

(chap. Maderam; aplec de fusta)

9. Immaterial, adj., immatériel. 

Las operacios divinas, immaterials. Eluc. de las propr., fol. 8.

Les opérations divines, immatérielles.

(chap. Les operassions (obres) divines, inmaterials.)

CAT. Immaterial. ESP. Inmaterial. PORT. Immaterial. IT. Immateriale.

(chap. Inmaterial, inmaterials.)


Matrat, s. m., grand javelot, bâton de guerre. 

Ce mot est d'origine gauloise. On lit dans Strabon, liv. IV:

(*gr)

Et dans César, de Bello gallico, lib. I, c. 26:

Inter carros rotasque, mataras ac tragulas subjiciebant, nostrosque vulnerabant. 

Lo carro vuit (buit, forro)null

Mas un paya lay venc, que porta un matrat. Roman de Fierabras, v. 268. Mais un païen vint là, qui porte un javelot. 

Tal matras, 

Que m fier detras, 

Cascus me lansa.

Leys d'amors, fol. 14. 

Tel javelot, qui me frappe derrière, chacun me lance.

- Verge, membre viril. 

Ab las bolas redondas que pendon als matratz

(chap. En les boles redones que penjen als simals, a les vergues, a les polles, a les sigales, etc.)

P. Cardinal: Un estribot.

Avec les boules rondes qui pendent aux verges.

2. Matrasseyar, v., matrasser, assommer.

Fig. Sitot mi matrasseyatz,

Ieu vos respon. 

T. d'Albert et d'Aimeri: Amicx.

Quoique vous m' assommiez, je vous réponds. 

ANC. FR. Le bruit que vous aviez... été porté par terre, saboulé et petillé aux pieds des chevaux... matrassé et charpenté de tant de coups.

Mémoires de Sully, t. I, p. 124.

viernes, 30 de junio de 2023

4. 31. Du jeu des Eschecs.

Du jeu des Eschecs. 

CHAPITRE XXXI.

Jean de Mehun en son Romand de la Roze discourant & la fuitte, & la prise de Corradin, qui se pretendoit Roy de Naple, & de Henry fils du Roy d' Espagne, dit ainsi:

Ces deux comme fols garçonnets

Et Fols, & Rocs, & Pionnets, 

Et Chevaliers au jeu perdirent, 

Et hors de l' eschiquier saillirent,

Telle peur eurent d' estre pris

Au jeu qu' ils s' eurent entrepris:

Mais qui la verité regarde, 

D' estre pris ils n' avoient pas garde,

Puis que sans Roy ils combatoient.

Eschec & Mat point ne doutoient.

C' est une continue metaphore tiree du jeu des Eschecs, par laquelle cet Autheur voulant dire que Corradin ayant esté desconfit par Charles Comte d' Anjou, il avoit esté contraint de s' enfuir, & neantmoins qu' il n' avoit peu avoir Eschec & Mat, parce qu' il n' estoit point Roy, je rendray cy apres raison de cette conclusion. Nous pouvons à la suitte de ces deux derniers vers adjouster la belle rencontre de l' un de nos Roys, lequel estant pressé & sommé de se rendre par son ennemy en une bataille, respondit qu' un Roy n' estoit jamais pris seul au jeu des Eschecs. Il faut doncques dire que lors cette reigle estoit observee, toutesfois aujourd'huy j' ay veu plusieurs bons joüeurs tenir le contraire, qui soustiennent qu' un Roy se peut non prendre, ains Mater, ores qu' il soit despoüillé de toutes ses pieces: Et certes quiconque fut inventeur de ce jeu, je le vous pleuviray pour tres-grand Philosophe, je veux dire pour un personnage, lequel sous cet esbat d' esprit a representé la vraye image, & pourtraicture de la conduite des Roys. Il y a un Roy & une Dame, assistez de deux Fols, qui font leur route de travers, & apres eux deux Chevaliers, & au bout de leurs rangs deux Rocs, que l' on appelle autrement Tours. Car aussi entre Tour, Roque & Roquette, il n' y a pas grande difference. Devant eux il y a huict Pions qui sont pour applanir la voye, comme enfans perdus. Que voulut nous representer ce Philosophe? Premierement quant aux Fols, que ceux qui approchent le plus pres des Roys, ne sont pas ordinairement les plus sages, ains ceux qui sçavent mieux plaisanter. Et neantmoins combien que les Chevaliers ne soient pas quelquesfois les plus proches des Roys, si est-ce que tout ainsi que les Chevaliers au jeu des Eschecs donnans par leur saut, Eschec au Roy, il est contrainct de changer de place, ce dont il se peut exempter en tous les autres Eschecs, en se couvrant de quelques pieces, aussi n' y a-il rien qu' un Roy doive tant craindre en son Estat que la revolte de sa Noblesse. D' autant que celle du menu peuple se peut aisément estouffer, mais en l' autre il y va ordinairement du changement de l' Estat. Quant aux Tours, ce sont les villes fortes qui servent à un besoin de derniere retraite pour la conservation du Royaume. Il vous represente un Roy qui ne desmarche que d' un pas, pendant que toutes les autres pieces se mettent tant sur l' offensive, que deffensive pour luy, a fin de nous enseigner que ce n' est point un Roy, de la vie duquel depend le repos de tous ses sujets, de s' exposer à toutes heures aux hazards des coups, comme un Capitaine ou simple soldat, voire que sa conservation luy permet de faire un saut extraordinaire de sa cellule en celle de la Tour, comme en une place forte & tenable contre les assauts de son ennemy. Mais sur tout faut icy peser le privilege qu' il donna à la Dame de pouvoir prendre tantost la voye des Fols, tantost celle des Tours. Car pour bien dire il n' y a rien qui ait tant d' authorité sur les Roys que les Dames, dont ils ne sont honteux de se publier serviteurs. Je n' entens pas de celles qui leur sont conjointes par mariage, mais des autres dont ils s' enamourent. Et pour cette cause je suis d' avis que celuy qui appelle cette piece Dame, & non Royne, dit le mieux. Finalement tout ce jeu se termine au Mat du Roy. Si toutes les autres pieces ne se tiennent sur leurs gardes, elles peuvent estre prises, & par mesme moyen on les oste de dessus le tablier, comme mortes, ny pour cela le Roy n' a pas perdu la victoire: il peut quelquesfois la rapporter avec le moindre nombre des pieces, selon que son armee est bien conduite. Au demeurant on ne fait au Roy ce deshonneur de penser seulement qu' il soit pris, ains le reduit-on en tel desarroy, qu' estant denué de tout support, il ne peut se demarcher ny çà ny là. Quoy faisant on dit qu' il est Mat: Pour nous monstrer que quelque desastre qui advienne à un Roy, nous ne devons attenter contre sa personne. Et c' est pourquoy Jean de Mehun voulant excuser l' indignité que Charles d' Anjou avoit exercee faisant mourir Corradin, il denie fort bien la qualité de Roy en ce jeune Prince, ores qu' il la pretendist: Et à tant soustient qu' il n' y pouvoit avoir en luy Eschec & Mat. Quant au surplus le Mat du Roy est la closture du Tablier, encores qu' il fust au milieu de toutes ses pieces. Qui est à dire que de la conservation ou ruine de nostre Roy depend la conservation ou ruine de nostre Estat. Une chose ne veux-je oublier, qui est la recompense des Pions, quand ils peuvent gaigner l' extremité de l' Eschiquier du costé de nostre adversaire, comme s' ils eussent les premiers franchy le saut d' une bresche: car en ce cas on les surroge au lieu des pieces d' honneur qui pour avoir esté prises, sont jettees hors le Tablier. Car c' est en effect representer tant les guerdons, que peines qui doivent estre en une Republique, aux bien ou mal faisans. Hierosme Vidas representa en vers Latins par forme de bataille ce beau jeu, vers qui semblent estre vrays, & legitimes enfans de Virgile, & Louys des Masures les rendit en vers François. Chose que l' on eust pensé ne pouvoir estre faite: mais plus esmerveillable est ce que l' on dit qu' il y a quelques Espagnols si duits & nourris à ce jeu, qu' ils y joüent sur leurs chevaux, n' y employans autre Eschiquier pour la conduite, que leur memoire & jugement, avec la parole. Je ne sçay que la Grammaire, & non la Rhetorique de ce jeu. Bien vous diray-je avoir veu un Lyonnois oster toutes les pieces d' honneur, & ne retenir que le Roy avec ses Pions, desquels joüant deux fois contre une, il rapportoit la victoire contre de tres-bons joüeurs. Je luy ay veu mettre un anneau sur un Pion, sous cette stipulation qu' il ne pourroit Mater le Roy qu' avecques ce Pion; une autre fois passer plus outre, & mettre encores un anneau autour d' un Pion de son adversaire, à la charge qu' il le forceroit de le Mater avecques cette piece; & en l' un & l' autre jeu rapporter victoire de son opinion, contre un homme qui n' estoit point mis au rang des petits joüeurs.


4. 31. Du jeu des Eschecs.