lunes, 19 de junio de 2023

3. 20. De l' heresie de Jean Hus qui se planta dans le schisme,

De l' heresie de Jean Hus qui se planta dans le schisme, & avecq' quelle dignité le Concil de Constance proceda à l' extirpation tant du schisme, que de l' heresie, par l' entremise de nostre Eglise Gallicane. 

CHAPITRE XX.

Pendant cest interiet de temps, tout ainsi que les grands Prelats se ioüoient de leur ambition aux despens de l' Eglise Universelle, aussi le diable qui estoit aux aguets, enta sur ce Schisme, un arbre de plus malheureux & damnable effect, dont la consequence a pris traict jusques à nous. Ce fut l' heresie de Jean Wiclef, Docteur Anglois, qui commença d' escrire, & crier contre les traditions de l' Eglise. Les Docteurs, gens de bien, de ce temps là, ne doutoient de crier contre le schisme; ny d' accuser ceux qui en estoient le motif, encores qu' ils tinssent grand lieu, & authorité en l' Eglise: mais cestuy-cy commença de toucher à la chose mesme, ne se donnant peine de personnes. En quoy il eut pour successeurs Jean Hus, & Hierosme de Pragues, natifs du pays de Boëme, jusques à ce que finalement Martin Luther reprenant, du temps de noz peres, leurs anciens arrhemens, remit sus ceste heresie, à la desolation non seulement de la Papauté, mais de la plus part des Roiaumes Chrestiens, tesmoins les afflictions d' Allemaigne, Angleterre, Escosse, & finalement de nostre France. Et qui est une chose grandement à remarquer, c' est que Dieu pour se venger du tort que nous fismes à l' Eglise, quand par un nouvel artifice des hommes, nous voulusmes transplanter la Papauté en ceste France, pour nous faire à demy Papes, Dieu, dy-je terrassant nostre conseil, a voulu que depuis, le siege ayant esté restabli dans Rome, nul Cardinal François n' ait esté éleu Pape: Voire que ç' a esté un vœu general du Consistoire, de nous en frustrer, pour la crainte que l' on a eu du retour d' Avignon: Car quant à moy, je l' attribuë à un juste jugement de Dieu, pour nous enseigner, que quand nous serions affligez par l' Eglise de Rome en ceste France, il ne faudroit avoir recours aux conseils des hommes, mais à l' Eglise mesme: je veux dire trouver le remede dedans celle qui sembleroit estre cause du mal, & refugier aux anciens privileges de nostre Eglise Gallicane, lesquels combien que l' on ait opposez aux entreprises de la Cour de Rome, si est-ce que ce n' est une Eglise distincte, & separee d' avecq' la Romaine. Et à tant toute la desbauche, qui fut en ce temps là, nous doit servir d' instructions, & memoires de noz deportemens, tant pour la conservation de nostre Estat, que de l' Eglise Catholique universelle.

Ce conseil fut depuis trouvé le meilleur, & plus expedient. Les cris de l' Université de Paris furent si grands, que tous les Princes Chrestiens conspirerent unanimement à un Concil general, par une belle, & saincte conjuration, conduite souz l' authorité, & entremise de l' Empereur Sigismond, que l' on ne sçavroit assez dignement louër. Car je voy que par iceluy sans passion, & d' un mesme poids on s' estudia d' extirper de l' Eglise, l' Erreur, & l' Abus. Toutesfois devant que d' en venir à chef, il y eut plusieurs grands destourbiers, & empeschemens dedans ceste France.

Je ne sçay comment nostre fortune est tellement liee avec celle des Papes, que j' ay observé une chose qui me semble ne devoir être passee soubz silence. L' un des plus grands, & malheureux schismes de l' Eglise de Rome, fut celuy qui advint souz la seconde lignee de noz Roys, de Formose Pape, & d' Estienne son successeur: Auquel schisme par trois, ou quatre successions de Papes, l' un defaisoit tout ce qui avoit esté statué & ordonné par son predecesseur. Et lors aussi furent les grands troubles, & divisions, qui estoient en nostre France, entre la seconde famille de noz Roys, & Eude, qui se fit proclamer Roy: & depuis au long aller transmit la Couronne à Hugues Capet. Le semblable advint-il au temps dont nous parlons maintenant. Car tout ainsi que nous vismes l' Eglise de Rome fluctuer dans ceste division, aussi Dieu voulut que vers l' an mil quatre cens & quatre commença la division en ceste France d' entre la maison d' Orleans, & de Bourgongne, fondee sur le gouvernement de l' Estat, pendant que Charles sixiesme estoit mal ordonné de son cerveau par certains intervales de temps: Querelle qui causa la mort au Duc d' Orleans frere du Roy, & depuis une guerre intestine par toute la France, en laquelle l' on ne peut dire que le tort ne fust du costé de Jean Duc de Bourgongne, encores que par un mauvais jugement il fust assisté des Parisiens. Chose que je ne puis lire, ou escrire, que je ne me courrouce infiniement contre les miens de voir qu' avec une telle fureur ils eussent embrassé la cause d' un tres-mauvais Prince contre la memoire d' un Prince innocent, qu' il avoit fait proditoirement meurdrir. Et tout ainsi que par un assassin qualifié il entreprit le gouvernement des affaires de France, aussi s' entretint-il en cest estat par meurdres, prisons, seditions, carnages, qu' il executoit par l' entremise de je ne sçay quels bouchers. Il n' estoit pas que le bourreau ne luy servist quelquesfois de capitaine general, pour la conduite, & execution de telles cruautez, ayant des prescheurs à gages, qui luy servoient de trompettes au milieu du peuple pour donner fueille à tous ses mauvais desseins. C' est celuy duquel vrayement je puis dire, que l' Eglise Gallicane n' eut jamais plus grand ennemy de ses privileges. Car comme ainsi fust qu' il se fust allié des Papes, pour excuser par leur authorité son forfait, aussi les gratifioit-il le plus qu' il pouvoit pendant la maladie de nostre Roy, aux despens de nos privileges. Ce bel Edit tant solemnisé entre nous, concernant la manutention de nos Libertez, contre les abus de la Cour de Rome, estoit de l' an mil quatre cens six, lors que Louys Duc d' Orleans estoit en regne, & manioit les affaires. Soudain qu' il eust esté tué, & que le Duc de Bourgongne s' empara de la personne du Roy, vous trouverez une nouvelle mutation pour ce regard: parce que le desordre recommença entre nous, tout ainsi comme auparavant: mesmes soudain apres le sacre, & couronnement de Jean XXIII. homme qui est mis entre les meschants Papes: lequel n' oublia un seul point de gratification envers les grands de la France pour faire supprimer l' ordonnance de l' an 1406. Je trouve que tout ainsi que la Cour de Parlement lors de l' advenement de Benoist XIII. s' estoit pourchassee un Indult sur les Benefices, aussi fit le semblable la Chambre des Comptes en l' an 1410. sous ce Jean XXIII. & qu' elle luy presenta requeste à mesme effect. Jean Juvenal de la famille des Ursins, personnage de singuliere recommandation en son histoire de Charles VI. dit ainsi. En l' an 1414. le Pape Jean XXIII. envoya en France pour rompre l' Ordonnance des Ordinaires, & furent annullées. Car le Roy, la Royne, & le Dauphin eurent nominations pour leurs serviteurs, & pareillement l' Université de grandes prerogatives. Et au regard des Prelatures, le Roy, & les seigneurs estoient Papes: pource que le Pape faisoit ce qu' ils vouloient, & ne tenoit pas à argent, & les Eglises se bailloyent au plus offrant, & dernier encherisseur. Il n' y avoit Laboureur qui ne baillast argent pour avoir une grace expectative.

Si vous considerez la datte de ce passage, ce fut par expres au mesme an que l' on avoit destiné pour l' ouverture du Concil general, que ce Pape craignoit sur toute chose, sçachant bien qu' il ne se pouvoit conclurre qu' à sa confusion, & pour ceste cause n' espargna le verd, ny le sec, pour rompre ceste belle entreprise. Toutesfois Dieu voulut qu' à ce mesme an fut faite la paix de Pontoise avec les Orleannois, qui lors entrerent en grace pres du Roy, tellement que le Duc de Bourgongne fut contraint de leur quitter la place. Or tout ainsi que ceux-cy suivoient la meilleure voye, & estoient pour ceste cause soustenus par maistre Jean Gerson, contre les seditieuses harangues de Maistre Jean Petit, aussi commencerent-ils de remettre en ieu les privileges de nostre Eglise, contre les entreprises, & abus des Papes qui lors estoient: & neantmoins on ne peut dire qu' ils n' y eussent beaucoup d' obstacles, & empeschements. Car combien qu' ils possedassent lors le Roy, si est-ce que le Bourguignon avoit laissé dans Paris une infinité de personnes seditieuses, qui portoient sourdement son party. Mais sur tout, faut donner le principal honneur & gloire de ce qui advint puis apres, au Parlement de Paris, lequel voyant que par les brigues, & menees ouvertes du Cardinal de Pise lors Legat en France, l' ordonnance de l' an mil quatre cens six, avoit esté rompuë, ne se peut taire, ains remonstra au Roy, & à son Conseil, les inconveniens qui adviendroient de ceste roupture. De maniere que par l' advis du Conseil du Roy: les Chambres assemblees au Parlement, & de plusieurs Docteurs, & maistres de l' Université de Paris (ainsi porte le texte) fut faicte une autre Ordonnance du vingt cinquiesme Decembre mil quatre cens dix sept, par laquelle pour reformer les abus qui estoient en Cour de Rome, le Roy oste toutes les Reservations qui estoient faites au prejudice des Ordinaires, veut que les Elections eussent lieu és Benefices electifs, & aux Collatifs que l' on y pourveust par presentations, collations, & institutions des Ordinaires, nonobstant icelles reformations, reservations, ou graces expectatives. Aussi oste toutes exactions qui se faisoient en Cour de Rome sous pretexte des vacquans: & dés lors fut advisé d' en envoyer autant aux Ambassadeurs de la France, qui estoient au Concil de Constance, avecq' injonctions expresses de n' accorder chose aucune des reiglements, sinon aux charges qui estoient portees par cest Edit. Encores ne se peut ceste Ordonnance passer sans coup ferir. Car l' Université tournant sa robbe d' un autre sens, qu' elle n' avoit fait par le passé, en voulut faire quelque instance, soit qu' elle fut indignement traictee par les Ordinaires, ou bien qu' elle fust gagnee sous main par le Duc de Bourgongne, lequel elle favorisoit plus que les Orleannois, & Armaignacs. Et de fait elle en appella au Pape, à l' occasion dequoy le Recteur, & ses supposts par commandement du Parlement furent constituez prisonniers en Feburier mil quatre cens dixsept. On ne sçavroit assez haut louer la vertu, dont le Parlement usa lors. Que pleust à Dieu que depuis il eust tousjours esté en toutes les actions aussi fort, il en seroit mieux à la France. L' Université tenoit lors tel rang, qu' elle se faisoit mesmes croire aux affaires d' Estat: elle estoit en cecy supportee sous main par les Bourguignons. Davantage nous estions lors exposez au dessous de tous affaires par le moyen de la luctueuse journee d' Azincour, où toute la fleur de la Noblesse de France avoit esté saccagee par l' Anglois. Toutes-fois toutes ces rencontres n' empescherent que le Parlement n' exerçast contre l' Université toute rigueur de justice, la voyant par brigues & menees se fourvoyer de son ancienne vertu. Or comme les choses se manioient en ceste façon dans la France pour le restablissement de la dignité de l' Eglise, d' un autre costé l' Empereur Sigismond ne demouroit point oiseux à faire parachever le Concil qui avoit esté ouvert dedans la ville de Constance, à son instigation & poursuitte. En ce Concil fut premierement condamnee la memoire de Wiclef, lors decedé, & ordonné que ses os seroient deterrez & jettez hors de la terre saincte, s' ils pouvoient être discernez d' avec les autres. L' opinion de Jean Hus, & de Hierosme de Pragues condamnee, & declarez heretiques: que leurs livres seroyent bruslez publiquement, eux degradez en la presence du Concil, pour ce fait être mis és mains du Magistrat seculier, pour être par luy ordonné ce qu' il verroit être à faire par raison. Choses certes dignes de grande recommandation à toute la posterité: Que lors que la Papauté estoit infiniement affligee par le schisme, & toute la Chrestienté par la Papauté, l' Eglise universelle prit la cause du Pape en main, & la soustint vertueusement encontre l' heresie, & erreur de la façon que dessus. 

Si ne peut-on si bien besongner, que dés-lors le pays de Boëme ne se soustrahit totalement de l' obeïssance du sainct Siege. A quoy elle avoit esté premierement subornee par les presches, & remonstrances de Hus. Et tout ainsi que ces bons Peres combattirent l' heresie, aussi ne voulurent ils espargner le schisme, & division de l' Eglise. Et pour y mettre la main à bonnes enseignes, & oster l' ambition qui regnoit au College des Cardinaux, il fut ordonné que si on donnoit sentence definitive contre les trois Papes, (c' estoient Benoist XIII. Gregoire XII. & Jean XXIII.) portant vacquation de leurs dignitez Pontificales, il ne seroit nullement procedé à nouvelle election, sinon par authorité du Concil general de Constance. Et par autre Decret fut ordonné que le Concil ne se romproit que l' on n' en eust esleu un autre. Ce fondement ainsi jetté on prononce une sentence contre Jean XXIII. par laquelle son procez luy estant fait par contumace, il est declaré privé du tiltre de Pape, à celle de Benoist XIII. on adjouste qu' il estoit declaré schismatique, & heretique, & defenses sur peine d' anatheme de le recognoistre autre que privé.

Car quant à Gregoire XII. volontairement il se demit de la Papauté par procuration speciale. En contemplation dequoy on authorise jusques là tout ce qui avoit esté fait par luy, ses Cardinaux, & Officiers, & si fut creé Legat de la Marche d' Ancone. Et ne voulurent point passer outre à nouvelle eslection, que ce ne fust sous ceste protestation publique, qu' avant que deguerpir le Concil, le futur Pape assisté de tous ces preud' hommes, determineroit avecq' eux sur le nombre des Cardinaux, sur les Collations, Reserves & Graces expectatives de la Cour de Rome, la confirmation des Elections, Annates, causes que l' on pouvoit traicter en Cour de Rome, appellations que l' on y devoit relever, exemptions, ou unions faites pendant le schisme, commandes, fruicts escheus pendant la vacquance d' un Benefice, extirpation de la symonie, dispenses, indulgences, decimes, & finalement pour quelles causes, & comment un Pape pouvoit être corrigé & deposé. De tous lesquels articles ils prindrent les premiers memoires de nous. Par ce que c' estoient les points qui avoient esté extraordinairement agitez par l' Université de Paris pendant ces divisions, & mesmes Maistre Jean Gerson Docteur en la faculté de Theologie, & Chancelier de l' Université de Paris, avoit composé un livre en Latin, intitulé de l' Auferibilité du Pape, non que par cela il voulut dire qu' il falloit oster la Papauté, & que sans elle nostre Eglise peust subsister, comme quelques Lucianistes de nostre temps l' ont voulu calomnier: mais bien que selon les necessitez, on pouvoit pour le repos de l' Eglise, sous l' authorité d' un Concil general, faire demettre un Pape de sa dignité, comme j' ay touché en un autre lieu. Qui fut aussi la conclusion de ce grand Concil de Constance. Et toutes ces choses en ceste façon proposees, fut éleu Eude de la famille des Colonnes, Cardinal, depuis appellé Martin cinquiesme: & apres son election, il fut advisé sur la plus part de tous ces articles, mesmes que toutes les unions des Eglises faites depuis le trespas de Gregoire unziesme seroient cassees & annullees, si elles ne se trouvoient être faites avecq' juste raison: Que les fruits & revenus des Benefices vacquans iroient à ceux, ausquels ils devoient appartenir de coustume, ou par privilege, non au Pape, ou à la Chambre Apostolique: Que celuy qui se trouveroit avoir esté promeu par symonie, perdroit tout le droit d' un Benefice avecq' restitution des fruicts: Que nonobstant les Dispences auparavant donnees par les autres Papes, ceux qui estoient appellez aux Archeveschez, & Eveschez, se feroient consacrer dans six mois, sur peine de privation de leurs Benefices: Que le Pape ne pourroit lever Decimes sur le Clergé, & autres telles impositions, si ce n' estoit avecq' grande cognoissance de cause, pour la subvention, & ayde de l' Eglise universelle: & encores du consentement des Prelats de la Province, sur lesquels on vouloit faire ceste cueillete, & plusieurs autres saincts Decrets, non toutesfois en tout & par tout tels que l' on avoit auparavant proposé, ne si amples, que l' Empereur Sigismond & le Roy Charles desiroient: Car pour bien dire, ceux qui estoient habituez en Cour de Rome, ne pouvoient bonnement prendre ceste medecine. Qui fut cause que ces Princes faisans, non tout ce qu' ils desiroient, ains ce qu' ils pouvoient, il fut pour conclusion arresté que l' on ouvriroit un autre Concil dans certain temps, en la ville de Pavie, pour la reformation generale du Clergé.

Soudain apres que Martin cinquiesme eust esté couronné Pape, il depesche Ambassadeurs en France, pour nous advertir de son eslection. Auquel fut fait response par le Roy, assisté de plusieurs Seigneurs de son Parlement, & grand Conseil, qu' il avoit tousjours desiré entre tous les Princes de la Chrestienté, l' union, & que c' estoit ce, où son Eglise avoit principalement travaillé. Que son intention estoit de demourer envers l' Eglise Romaine en aussi grande obeïssance qu' avoient oncques fait ses predecesseurs: toutesfois qu' il craignoit qu' ayant esté eleu, c' eust esté à l' appetit du Roy des Romains son ennemy. Parquoy attendroit le retour de ses Ambassadeurs, pour donner response certaine à celuy qui estoit envoié de Rome. Et neantmoins a fin de faire paroistre que dés lors il n' entendoit se rendre refractaire à ce qui avoit esté fait, il luy declara, que quant aux benefices electifs, il y seroit procedé par elections, ou postulations des Chapitres, lesquelles seroient confirmées par le souverain sans moien: Et quant aux Benefices collatifs, il y seroit pourveu par collation des Ordinaires, nonobstant les Reservations, & Graces expectatives de Cour de Rome. C' estoit une mediocrité entre deux extremitez, parce qu' és Benefices electifs, on lioit les mains au Pape de n' en pouvoir disposer au prejudice des Elections: mais aussi ostoit-on la confirmation qui estoit deuë d' ancienneté au Metropolitain, & l' envoioit-on au Pape, Conseil plus sage, que devot: mais toutesfois necessaire pour bannir le mescontentement de Rome. Le Parlement supplia le Roy, & le Dauphin, de vouloir religieusement faire garder ceste Ordonnance: & que qui impetreroit benefice contre la voye ainsi prescrite, il fut arresté prisonnier. Et outre de ne souffrir qu' aux Elections fussent faites aucunes menaces, violences, ou impressions. Ce qu' ils accorderent liberalement.

Toutesfois les choses ne demourerent pas longuement en ceste devotion, sans recevoir nouvelles algarades. La France estant (comme j' ay dit cy dessus) bigarree en deux ligues, le 22. May en l' an 1418. l' Isle Adam, l' un des Capitaines du Duc de Bourgongne, surprit la ville de Paris par l' intelligence de quelques bourgeois, exerçant depuis tant de cruautez contre ceux qui portoient le party contraire, que la memoire en est encores toute sanglante: & furent mesmement la plus part des Seigneurs du Parlement contraints de prendre la suite, avecq' nouveau conseil de s' habituer sous l' authorité de Charles Dauphin de France, en la ville de Poictiers, où fut fait un Parlement, qui dura jusques en l' an 1436. Les choses ne pouvoient être en pire estat qu' elles estoient. Un Duc de Bourgongne faisoit le Roy, le Dauphin estoit banny de Paris, l' Anglois au millieu du Royaume, la Noblesse de France, ou morte, ou prise à Azincour, grands meurtres commis par l' Isle Adam & ses complices, mesmes contre les principaux Magistrats de la France, la fuite des autres Seigneurs du Parlement devoit rendre ceux qui estoient demourez dans Paris peu asseurez. Ce neantmoins tous ces miserables objets ne peurent jamais flechir ceste Cour que tousjours elle ne portast sur ses espaules (ainsi qu' un Atlas la voute du Ciel) les privileges de nostre Eglise Gallicane contre tous les assauts que l' on luy voulut puis apres liurer, qui ne furent pas petits. Car les Bourguignons qui possedoient le Roy pour l' imbecilité de son cerveau, estoient bien contens de se prevaloir encontre leurs ennemis de la faveur de l' Eglise de Rome, ayans mesmement attiré à leur cordelle la plus part des chefs principaux de l' Université, laquelle de là en avant commença de saigner du nez, ne se rendant plus si ferme protectrice de nos privileges, comme elle avoit fait autres fois: Mais la Cour de Parlement supplea à ce defaut, comme si toute la force & vertu de France se fust lors accueillie au cœur de ceste compagnie. Le Duc de Bourgongne n' eust pas si tost mis à execution toutes les cruautez qu' il fit exercer dans Paris par l' entremise de l' Isle Adam, que soudain le Roy depescha un Edict de la revocation de l' Ordonnance faite en faveur des Ordinaires. Sur quoy par Arrest du 13. Mars 1418. fut dit que l' on en escriroit au Roy, & par mesme moyen le Procureur general s' oppose à la publication de ces lettres: le vingt-neufiesme du mesme mois le Chancelier vint à la Cour pour les faire publier: le lendemain la Cour opine en sa presence, & s' en trouverent vingt-neuf (qui estoient plus que les deux parts, dont les trois faisoient le tout) qui furent d' advis qu' on ne les devoit publier sans ouyr le Procureur general en son opposition: le Chancelier remonstra, que le vouloir du Comte de S. Pol Gouverneur de Paris, qui lors avoit toute la force en main, estoit qu' elles fussent publiees, & que s' ils ne le vouloient faire, il l' en advertiroit, pour sa descharge.

Ceste menace d' un Courtizan, ne les fit changer d' opinion. Qui fut cause qu' un jour apres, le Chancelier retourna au Parlement, accompagné du Compte de saint Pol, lesquels firent de puissance absoluë publier ces lettres sans ouyr le Procureur General, lequel se comporta en cecy si vertueusement, qu' il ne se voulut du tout trouver à ceste publication. Et commanda le Chancelier mettre sur le reply des lettres l' ancien, Lecta publicata: mais il ne fut si tost party que la plus part des Conseillers vindrent au Greffier remonstrer, que puis que ce qui avoit esté fait, c' estoit contre la deliberation de la Cour, il ne devoit mettre le Lecta, ou pour le moins devoit inserer clause, par laquelle il apparust que la Cour n' avoit approuvé ceste publication: mais il respondit qu' il n' estoit que simple ministre, & qu' il se garderoit de mesprendre. Au moyen dequoy le premier jour d' Avril, toutes les chambres assemblees, fut dit que par ceste publication, la Cour n' entendoit approuver ces lettres, comme estans passees par force. Recherchez telle constance qu' il vous plaira en toute l' ancienneté, vous n' en trouverez point de plus grande. Les dons, & Indults du Pape ne l' avoient autresfois peu flechir, & lors les intimidations, & les armes n' eurent non plus de puissance envers ceste compagnie. Ne pensez point que cest Arrest ne fut depuis de grande force & effect contre les furieux assauts des plus grands.

Pendant que cecy se manioit en ceste façon dedans Paris, on traictoit d' un autre costé par la France le mariage de Henry Roy d' Angleterre cinquiesme de ce nom, & de Catherine de France, fille du Roy Charles sixiesme, le tout à la ruine & confusion de Charles Dauphin. Le mariage conclud & solemnisé en face de sainte Eglise, & par les conventions matrimoniales le Roiaume donné aux futurs mariez, Henry Roy decedé en Aoust mil quatre cens vingt un, & en Octobre ensuivant Charles sixiesme, toutes les affaires commencerent lors à passer par les mains du Duc de Bethfort Regent en France, oncle du jeune Roy Henry sixiesme: lequel pour rendre son party plus fort contre Charles septiesme, sçachant que le principal retenail de nostre Republique, lors de la minorité d' un Roy, dependoit de l' authorité de ce Parlement, il passa condamnation volontaire en faveur des Ordinaires. Et fut faite de rechef une Ordonnance, par laquelle il fut dit, que les Ordonnances faites pour la tuition & defense des Eglises, seroient gardees & les procez intentez, jugez selon icelle, & que l' on ne pourroit alleguer que elles eussent esté cassees ny revoquees, nonobstant la publication cy dessus mentionnee. Et davantage le vingt-uniesme d' Aoust ensuivant, furent faites deffenses à tous Juges de n' aller au contraire de cecy.

Il sembloit que ceste Ordonnance tant de fois reiteree eust esté, comme l' on dit fichee à cloux de diamants; toutefois voicy encores nouvel obstacle. Le Duc de Bethfort voyant sa Regence asseuree par le temps, depuis gagné par les importunitez des plus grands, qui avoient leurs intelligences dans Rome, envoye autres lettres patentes, concernans, comme il disoit, la liberté des Eglises: à la publication desquelles le Procureur General s' opposa: d' autant que par icelles la puissance des Ordinaires estoit de rechef transportee au Pape. Et le sixiesme, la Cour par son Arrest dit qu' elles ne pouvoient être verifiees, & qu' il seroit signifié au Chancelier, que son plaisir fust de venir en la Cour entendre les raisons, pour lesquelles ces lettres ne pouvoient passer. Quelques jours apres le Chancelier envoye ses excuses pourquoy il n' estoit bon qu' il se trouvast en ceste deliberation. Parce qu' il avoit charge du Roy, & du Duc de Bethfort, qui lors estoient en Angleterre, de les faire emologuer: & que ce que le Regent en faisoit en faveur du Pape, c' estoient affaires d' Estat, dont luy seul pouvoit rendre raison, qu' il n' estoit besoin de communiquer à la Cour: mesmes que ces lettres avoient esté par luy expediees par l' advis du grand Conseil du Roy, & qu' il n' eust esté honneste que luy qui pourchassoit la verification, se fust trouvé aux opinions. La Cour apres avoir entendu ses excuses, dit par son Arrest du neufiesme de Mars, que les lettres ne devoient être entherinees: & neantmoins estant advertie que le Regent le prendroit mal, elle ordonna qu' elles seroient publiees, sans prejudice de l' opposition, & protestation du Procureur general du Roy. Et à la publication d' icelles le Procureur du Roy forma encores son opposition. Sur quoy il fut dit qu' elle seroit enregistree. Elle fit lors contenance de caller la voile à la tempeste, pour obvier à plus grand scandale: mais qui considerera cest Arrest, il ne contient pas moins de force & vertu que de prudence. Car accordant de parolle à un estranger ce qu' il desiroit, sous la misericorde duquel les affaires de France passoient lors, si est-ce que d' effect elle resistoit à son intention. Aussi nonobstant cela, le dixneufiesme Juillet ensuivant, fut jugee la maintenuë d' un Benefice par la Cour, en vertu de l' Ordonnance faicte sur la reformation de l' Eglise, comme aussi par autres Arrests donnez les vingt-quatriesme Novembre, & septiesme de Fevrier mil quatre cens vingt six, demourant la Cour de Parlement de Paris au millieu de ces afflictions le seul rampart, & propugnacle de la liberté de l' Eglise, contre les entreprises de la Cour de Rome. Et si elle se fut comportee autrement, jamais on ne fut venu à chef de cest œuvre. Car combien que par le Concil de Constance on eust fait plusieurs belles & loüables promesses de ce que l' on devoit faire, soudain que le Pape seroit esleu, pour la reformation des entreprises de l' Eglise de Rome, si est-ce que Martin estant esleu, il commença d' user de remises, estant demouré une grande esperance aux Papes de retourner puis apres sur leurs anciens deportements.

miércoles, 14 de junio de 2023

3. 19. Continuation des calamités que produisit le siege tenu dans Avignon, & du grand schisme qui en provint.

Continuation des calamités que produisit le siege tenu dans Avignon, & du grand schisme qui en provint. 

(CHAPITR) CHAPITRE XIX.

Jamais conseil ne fut receu avec plus de faveur & applaudissement que celuy de Philippes le Bel, lors qu' il attira dans nostre France la Papauté: & jamais conseil ne despleut tant à Dieu, que celuy-là comme l' evenement le monstra. Ores que la Religion soit l' un des principaux instrumens par lequel toute Republique se contienne en son devoir, toutesfois c' est une impieté d' user de nostre Religion Chrestienne, comme d' un affaire d' Estat.

Clement V. venant establir sa demeure en France, lors qu' il fit son entree dans Lion, fut accueilly d' une infinité de Princes & grands Seigneurs. Les Roys de France, d' Angleterre, d' Arragon, Jean Duc de Bretaigne, s' y trouverent pour l' accueillir. Il est conduit par la ville d' un magnifique appareil & tout ainsi qu' Estienne Pape venant en France pour confirmer la Couronne Royale à Pepin, ce nouveau Roy pour authoriser ceste confirmation d' avantage envers le peuple, s' humilia de telle façon, qu' allant à pied, il conduisoit le cheval du Pape par la bride, lors qu' il entra dans Paris: Aussi à ceste entree du Pape Clement, les deux freres du Roy tenoient les resnes de son cheval des deux costez: toutesfois le malheur voulut qu' un pan de muraille tomba pendant qu' ils passoient, qui tua une infinité de peuple, mesme le Duc de Bretaigne, blessa les deux freres du Roy, fit tomber la Couronne du Pape, qui estoit dessus sa teste, où estoit une escarboucle de valeur inestimable, qui fut perduë. Les uns disent que ce fut au passer, les autres dedans l' Eglise. Mais soit l' un, ou l' autre, c' estoit un pronostic tres-certain des ruines, & calamitez que ceste nouvelle face d' affaires devoit apporter à nostre Eglise: mesmes qu' au long aller la Papauté perdroit la principale bague & joyau de son Estat par ce nouveau conseil: Je vous ay dit en l' autre chapitre, & suis tres-aise de le vous dire, que l' on ne veit plus de là en avant en ce Royaume, voire par toute l' Eglise generale, qu' une meslange & desbauche de toutes choses. Le Pape, & le Roy, fraternisans en conseils, se jettoient l' esteuf l' un à l' autre, au prejudice du Clergé. Le Pape accordoit levees des decimes au Roy sur le Clergé beaucoup plus à l' abandon que l' on n' avoit faict auparavant, soubz pretexte des voyages imaginaires d' outremer. Et le Roy en contr'eschange connivoit aux Graces expectatives, & provisions extraordinaires du Pape, sur les Benefices, ensemble aux exactions qu' il faisoit dessus tous les Beneficiers, pour entretenir son Estat. Ce nouveau changement advint vers l' an mil trois cens & six: & tout ainsi que tels remuemens de menage ne s' entrepreignent aisément que soubz la conduite de quelques hardis entrepreneurs: aussi ne peut-on denier que Clement V. ne fust un grand homme, & qui pendant sa Papauté en fit plusieurs braves demonstrations. Il fit prescher la Croisade contre quelques heretiques qui regnoient encores de son temps dans les montaignes de Piedmont, reliques des anciens Vaudois, & en extermina la race. Dés son entree (suivant les capitulations qui estoient entre eux deux) il donna planiere absolution au Roy Philippes, & leva à pur & à plain toutes les censures Ecclesiastiques de Boniface contre le Royaume, fit le procés aux Venitiens, qui s' estoient emparez de l' estat de Ferrare & les excommunia tous, les reduisant en ceste extremité, que François d' Andule leur Duc fut contraint de se prosterner à ses pieds pour luy venir demander mercy. Chose dont ce Pape ne fut satisfaict, mais (si quelques historiographes disent vray) il usa de luy en forme de marchepied quand il vouloit monter à cheval. Il celebra un magnifique Concil en la ville de Vienne, où se trouverent une infinité d' Evesques, Abbez, & Docteurs en Theologie, & y fut condamné l' ordre des Templiers, & la secte des Beguines, conclud un voyage d' outremer, pour la recousse de la terre saincte, & de là passa sur la reformation de l' Estat exterieur de l' Eglise: mesmes pour s' authoriser d' avantage, non seulement à l' endroict des vivans, mais de toute la posterité, il fit compiler le livre (que l' on appelle les Clementines) lequel il voulut être leu par toutes les fameuses Universitez, tout ainsi que les Decretales de Gregoire IX. & le Sexte de Boniface VIII. Mais si au bout de cela il vous plaist de considerer toutes ses actions, tout ainsi qu' il fut d' un grand entendement, aussi l' attacha-il aux extremitez, tantost de vertu, tantost de vice, selon qu' il en vouloit faire emploicte. Car la condamnation des Templiers ne s' est peu garentir, que plusieurs histoires anciennes ne l' imputent à une inimitié particuliere que Philippes le Bel avoit conceuë encontre eux, conjoincte à une avarice, pour s' enrichir d' une partie de leurs despouilles: & le voyage d' outremer, qui fust lors conclud, n' estoit qu' un faux pretexte mis en avant, pour tirer une decime sur le Clergé, mesmes que le traict practiqué contre le Duc de Venise (s' il est veritable) ne se peut bonnement excuser. Brief jamais l' Eglise de France n' avoit esté auparavant tant chargee d' exactions extraordinaires de la Cour de Rome, comme elle fut lors, pour subvenir aux opinions insuportables de ce Prelat. Leçon qui fut depuis fort bien suivie par tous ceux qui luy succederent dedans Avignon: Qui furent Jean XXII. Benoist XII. Innocent VI. Gregoire XI. Clement VI. & Benoist XIII. Et qui faict grandement à peser, c' est que pendant ceste desbauche extraordinaire, de laquelle les gens de bien ne se pouvoient taire par leurs escrits, le schisme se logea dans l' Eglise, sur lequel se planta l' heresie: Voyez, je vous prie, combien un premier inconvenient en atraine d' autres quant & soy: Louys Empereur d' Allemaigne, peut être conduict de devotion, peut être d' ambition, voulant reduire les affaires de l' Eglise en leur ancienne dignité, fit creer un Pape dans Rome, (durant le siege de Jean XII.) qui fut nommé Nicolas V. tant s' en faut que cela apportast remede, qu' au contraire il procura un nouveau desordre: parce qu' ils commencerent lors de ioüer à belles censures l' un contre l' autre: Mais en fin le champ de bataille, & la victoire demoura à Jean. Ce mesme malheur survint apres le decés de Gregoire XI. lequel d' un meilleur enclin desirant remettre l' Estat de l' Eglise en son premier train, quitta la ville d' Avignon, & ramena dedans Rome toute sa Cour, & ores qu' il semblast que son conseil luy eust aucunement reuscy, si est-ce que la racine de ceste calamité n' estant tout à faict amortie, elle commença apres sa mort de rejetter plus que devant. Car les Cardinaux au Conclave se trouvans particularisez en brigues, les François pour vouloir se maintenir en leur possession de je ne sçay combien d' ans depuis laquelle on n' avoit veu Pape que de la nation Françoise: au contraire les Italiens craignans de tomber au mesme accessoire qu' auparavant si on élisoit un François, jettoient toutes leurs opinions sur un qui fust de leur nation. En fin fut éleu Urbain VI. Italien, homme superbe le possible, & lequel pour avoir en peu de temps offensé tout l' Ordre, les Cardinaux abandonnerent, & procederent à nouvelle election d' un autre, qui fut Clement VI. lequel tint son siege en Avignon: De maniere que l' on vit lors d' ordinaire deux Papes en un mesme temps: l' un demourant dans la ville de Rome, qui estoit suivy de l' Allemaigne, & de l' Italie: l' autre en celle d' Avignon, duquel la France, l' Espaigne, l' Angleterre, & l' Escosse prindrent le party: & lors à beau ieu, beau retour, chacun ioüoit, non à qui mieux mieux, mais bien à pis faire: ayans diversement partissans qui s' employoient les uns en faveur de Clement, les autres pour Urbain: lesquels estans mis en la balance, ne valoient pas mieux l' un que l' autre. Le commencement de ce schisme advint (si je ne m' abuse) vers l' an mil trois cens septante six, & dura quarante ans entiers, au veu de tout le monde, sans qu' on y peut mettre remede bien à poinct. Urbain eut pour successeurs Boniface IX. Innocent VII. Gregoire XII. A Clement succeda Pierre de la Lune (tant rechanté par noz anciennes histoires) appellé Benoist XIII. Les Princes seculiers voyans ce desordre qui couroit à la honte, confusion, & desolation de toute la Chrestienté y veulent mettre la main. L' Empereur Sigismond, & le Roy Charles sixiesme s' entrevoyent à cest effect en la ville de Rheims. La reünion de l' Eglise est entre eux concluë: on depesche ambassadeurs vers le Pape Gregoire XII. & Benoist XIII. pour y apporter mesme devotion de leur part: & à ceste fin est choisie la ville de Pise pour y besongner. Les deux Papes font contenance d' y vouloir entendre: mais y apportent tant de remises, & longueurs, qu' il n' y eust celuy qui ne vit que c' estoient toutes hypocrisies, dont ils entretenoient ces deux Princes. Quoy voyans tous les Cardinaux, tant de l' un, que de l' autre costé, se trouverent en la ville de Pise, où ils tindrent un Concil, auquel furent les deux Papes destituez de leurs charges par defaux, & contumaces: & à l' instant mesmes fut éleu Alexandre V. Il sembloit que cela deust apporter quelque fin à tous ces troubles, toutesfois ce fut un rejetton de plus grande division, parce que nonobstant ce Concil les deux Papes anciens s' en voulurent faire croire comme devant: & neantmoins le dernier pensant être le vray Pape, prit mesme qualité que les autres, de façon qu' il y avoit lors trois Papes dedans nostre Eglise, Benoist XIII. Gregoire XII. & Alexandre V. auquel succeda Jean XXIII. Chacun d' eux r' envioit de sa reste. Car comme ainsi fust que leur grandeur despendist de l' authorité de leur consistoire, aussi creoient-ils à l' envy des Cardinaux par troupeaux. Et à la suitte de cecy, il falloit trouver une infinité d' inventions extraordinaires sur le pauvre Clergé, pour fournir au defroy de toutes ces grandeurs. Tous les Princes Chrestiens voyoient cela, nul n' y osoit bonnement toucher, parce que c' estoit le haut poinct: toutesfois nous autres François y apportasmes la premiere emplastre, par l' ordonnance de l' an mil quatre cens & six, dont j' ay parlé au chapitre precedent, & qui est un poinct infiniement remarquable, pour monstrer la grandeur des jugemens de Dieu: tout ainsi que ce fut en l' an 1306. que Clement V. se vint habituer en France, premiere interversion de l' Estat Ecclesiastic, aussi en l' an 1406. fut le premier restablissement. Dieu permit que cent ans entiers son navire fut agité des flots & vents, mais non toutesfois submergé.

3. 18. De quelle vertu l' Eglise Gallicane proceda pour exterminer le grand Schisme qui advint pendant le Siege d' Avignon,

De quelle vertu l' Eglise Gallicane proceda pour exterminer le grand Scisme qui advint pendant le Siege d' Avignon, & des vertueuses procedures faictes contre Pierre de la Lune, dit Benoist treziesme.

CHAPITRE XVIII.

Lors estoit l' Université de Paris en grande vogue & peut être trouva elle plus sa grandeur dedans ces partialitez, pour n' avoir jamais encliné, qu' â ce qui estoit de l' honneur & edification de l' Eglise. Aussi nourrissoit elle dans son sein quatre grands Theologiens, Maistres Jean Gerson, Jean Petit, Gilles des Champs, & Nicolas de Clamengis, ennemis capitaux de ceste desolation publique. Estant sous Benoist XIII. ceste affaire mise en deliberation en presence de tous les Prelats dans Paris; Université estoit d' advis pour le repos universel, & union de l' Eglise, qu' il falloit proceder à la demission des deux Papes. On envoya à Benoist les Ducs de Berry, & Bourgongue, oncles du Roy Charles VI. & avec eux Maistre Gilles des Champs, & autres supposts de l' Université pour le convertir à ceste cession & deportement, mais il n' y voulut entendre. Ce que voyant le Roy, il depesche Ambassadeurs aux Roys & Princes d' Allemagne, Angleterre, & de toutes parts pour les advertir quelle estoit la resolution generale de son Eglise, laquelle fut depuis suyvie comme la vraye & la plus seure. Il seroit mal aisé de raconter combien de touts & artifices furent inventez par Benoist, pour rompre le coup à ce bel advis. La necessité du temps avoit produit quatre instrumens, pour defendre les anciens privileges de nostre Eglise Gallicane. Le Roy pour chef, ou pour le moins faisant une des bonnes parties de son Eglise, les Prelats, la Cour de Parlement de Paris, & l' Université de ce mesme lieu. Quant aux Prelats, encores que la querelle les rouchast principalement, si estoient ils tant harassez par les exactions, communications & fulminations de Rome, qu' ils n' osoyent bonnement faire espaule à ce beau dessein. Restoient doncques les trois autres, que Benoist vouloit sur toutes choses gaigner, asseuré d' avoir puis apres aisement victoire contre les assauts qu' on luy liureroit. Il pense de les attirer à sa cordelle par divers moyens. Le tout toutesfois aux despens, perils & fortunes des pauvres Ecclesiastics de la France. Il octroye d' un costé une decime au Roy, à prendre sur tout le Clergé de la France: d' un autre, il octroye aux Universitez, rolles, pour avoir provisions de Benefices sur les Ordinaires, comme dit la mer des Histoires: invention, qui pour être issuë d' une mauvaise cause, produisit toutesfois à l' advenir bons effects. Et pareille permission donna-il à ceux du Parlement de Paris: pour le moins vers ce temps là, & quelques annees apres: l' on commence de parler des irrotulations des benefices, qui leurs estoient accordez. Car vous trouverez aux registres de la Cour du 7. Septembre 1402. rolle des Benefices de ceux de la Cour, dont n' avoit esté faite nulle mention au precedent. Qui est ce que l' on a depuis appellé l' Indult de la Cour de Parlement, dont j' ay parlé au 2. livre. Tout cela ne profita pas grandement pour ce coup là, d' autant que Benoist ne voulant entendre à l' union de l' Eglise, fut tenuë dedans la ville de Paris une assemblee generale de Prelats 1398. où fut conclud qu' on soustrairoit non seulement à Benoist la collation, & pleine disposition des Benefices, mais qui plus est, on luy feroit planiere soubstraction de toute obeissance, & que l' Eglise Gallicane seroit reduite en ses anciennes libertez. C' est à sçavoir, que les Ordinaires confereroient les Benefices estans en leur collation, & par ce moyen cesseroient toutes graces expectatives, & reservations, & qu' aux Benefices electifs on procederoit par voye d' election, & en appartiendroict la collation aux Ordinaires. Apres lequel Decret, vacqua l' Abbaye S. Denis par le decez de Guy Abbé: & en son lieu fut esleu Guy de la Vilette. On doutoit si l' Evesque de Paris pourroit confirmer ceste élection, pour être ceste Abbaye exempte de la jurisdiction de l' Evesque: toutesfois pour ce coup, & sans le tirer en consequence il fut dit que la confirmation tiendroit. Depuis ces Ordonnances Royales ainsi publiees, les Ordinaires par une avarice, qui leur est quelquefois ordinaire, commencerent à gratifier leurs valets des Benefices. Dont sourdit encores, un murmure plus grand, & appresta occasion à l' Université d' en crier. Disant qu' il estoit encores plus supportable que les Cardinaux d' Avignon en fussent pourveus, que les serviteurs des Evesques. Qui fut en partie cause (joint les menees des plus grands qui sous main favorisoient Benoist XIII.) qu' en l' an 1403. fut publiee l' annullation de ceste soubstraction. En suitte de quoy Benoist vouloit casser, & annuller toutes les elections, confirmations, consecrations, benedictions, collations & provisions, qui avoient esté faites, pendant le temps de ceste soubstraction. Mais l' Eglise de France s' y opposa, & fut advisé que le Roy defendroit les possesseurs en leurs possessions, qui avoient tiltre, & qu' on ne souffriroit qu' on s' aidast au contraire de Bulles Apostoliques. Outre furent de rechef prohibees, & defendues les exactions d' argent que faisoit Benoist en vacquans, ou autrement, & en ordonna le Roy ses lettres patentes, le 29. Decembre en cest an. C' estoit luy faucher l' herbe soubs le pied, & ne pesoient pas moins à Benoist ces defenses, que si totalement l' on se fust soubstrait de son obeissance. Au moyen dequoy estimant qu' il n' avoit de plus fort ennemy, que l' Université de Paris, il se voulut armer de pareilles forces. Ce fut de l' Université de Tholoze: mais la partie estoit mal faite, de tant que Tholoze est moindre que la ville de Paris. 

En l' an 1406. il depesche un Cardinal d' Avignon, avec quelques deputez de l' Université de Thoulouze, dont le chef fut nommé Flandrin portans lettres pleines d' oprobes, signamment de ceste Université, ce que venu à la cognoissance del' Université de Paris, elle delegue maistre Jean Petit pour faire remonstrances contraires en la Cour de Parlement. Chose dont il s' aquita fortement, persistant en la soubstraction du Pape Benoist, telle qu' autresfois elle avoit esté arrestée. Et Juvenal des Ursins Advocat du Roy requit l' Epistre être laceree. Pour le faire court, par arrest donné en Juillet, furent les conclusions des gens du Roy suivies, & ordonné que l' original de ceste Epistre seroit laceré dans Paris, & le transsumpt, tant en la ville de Tholoze, que sur le pont d' Avignon: ce qui fut fait. Et le 7. D' Aoust ensuivant, fut reiteree la soubstraction de Benoist entant que touchoit les finances, & defendu de ne luy en transporter aucunes, & qu' à cet effet seroient deputez gardes par les portes, & ponts (limitrohpes) limitrophes, pour foüiller les passans. Et deslors fut advisé que tous les Evesques, Prelats & Chapitres s' assembleroient dans Paris à la S. Martin lors prochainement venant, pout adviser touchant le fait de l' Eglise, & de Benoist, que nos Historiographes dés là en avant ne daignent plus appeller de ce nom de Benoist, ains sans plus, Pierre de la Lune. Et chacun s' y estant trouvé, mesmes les Chapitres par leurs Syndics, & les premiers de l' Université: là fut le fort de la meslee. Par ce que le Roy ordonna que devant luy en son Grand Conseil il y en eust douze qui soustinssent le party de Benoist, & que l' on ne se devoit soustraire de luy, & les autres le contraire. Maistre François aux Bœufs Parisien Docteur en Theologie, & de l' ordre de S. François commença, suivy de Maistre Jean Petit. Tous deux soustenans que Benoist devoit ceder, & se demettre de la Papauté. Autrement que l' Eglise Gallicane se pouvoit, & devoit purement, & franchement soustraire de son obeyssance, & que le Roy en son Eglise de France pouvoit par ses Prelats pourvoir aux Benefices, qui tomboient en election, ou collation, selon la forme ancienne. Et à ceste mesme opinion condescendit Messire Jean de Cremaux Evesque de Poictiers. Adonques le Roy par l' organe de son Chancelier, demanda aux partissans du Pape ce qu' ils vouloient dire, & leur fut donné delay au Lundy ensuyvant, pour y respondre. Auquel jour parla premierement Maistre Guillaume Filastre Docteur en Canon, & Doyen de l' Eglise de Rheims, parlant grandement au desadvantage du Roy, & de son Eglise de France, pour soustenir le Pape: mais il ne respondit aux raisons des autres. Et à la suitte de cestuy, le Bruel Archevesque de Tours, le 4. Decembre respondit aux raisons de ceux qui estoient d' avis de la cession, & soubstraction. Et l' onziesme du mesme mois, Maistre Pierre d' Ailly Docteur en Theologie (qui depuis fut Evesque de Cambray) reprit les arrhemens de cest Archevesque, concluant qu' il falloit passer les choses par un Concil, & non par voye de fait. Qui n' estoit pas une petite opinion, & par adventure la plus saine. A quoy l' Université respondit par la bouche d' un Abbé de S. Michel en Normandie, Docteur en Decret: puis par maistre Pierre Placet Docteur en Theologie, monstrans l' un & l' autre quelle estoit la puissance & autorité d' un Roy de France en tels desordres. Ausquels repliqua le Doyen de Rheims, commençant sa Harangue par ce verset, Manete in mea dilectione, & l' Evesque de Poictiers luy respondant, commença par cest autre, Si servaveritis mandata mea, manebitis in mea dilectione. Le Chancellier ordonna que les gens du Roy seroient ouys apres eux. A quoy satisfaisant Maistre Juvenal des Ursins Advocat du Roy, l' un des plus grands personnages de sa robbe qui fut de son temps, commença aussi par ce verset, qui est du 31. Pseaume de David. Viriliter agite, confortetur cor vestrum, omnes qui speratis in Domino. Concluant pour la puissance du Roy, & adherant avec l' Université de Paris. Les choses estans en ceste façon disputees, & à bien assailly bien defendu, avant que d' y interposer aucun Decret, il fut advisé d' implorer la grace du S. Esprit. A ceste fin fut faite le seiziesme Janvier une procession generale, où y avoit 64. qu' Archevesques, qu' Evesques, qu' Abbez, & le 18. Fevrier, le tout estant passé par meure & saincte deliberation de Conseil, fut le Concil general arresté pour reformer l' Eglise, tant au Chef, comme aux membres, & neantmoins cependant que soubstraction seroit faite de Pietre de la Lune, dit Benoist, & l' Eglise de France reduite en ses anciennes franchises & libertez, & qu' en ce faisant les Ordinaires confereroient les Benefices, qui estoient en leurs collations, & aux electifs pourvoyroient par elections, & confirmations au desir des constitutions anciennes, & Canoniques. Vray est que ceste ordonnance ne fust, si tost publiee, pour l' empeschement qu' y donnerent les Princes, & grands Seigneurs, qui favorisoient sourdement le party de Benoist. Et en l' an 1408. le Roy pourveut à la forme & maniere de conferer les Benefices aux supposts des Universitez, pour oster l' abus qui s' estoit auparavant en pareille reformation introduict entre eux, par les Indults, & gratifications qu' ils en faisoient à gens indignes, pour recompense de leurs services, en defraudant ceux-là qui avoient bien merité des bonnes lettres. Pietre de la Lune ne se voulut pour cela rendre, & sommé premierement de se demettre de la Papauté pour le repos du public, il respondit brusquement qu' il n' en feroit rien, & que ce n' estoit de nous qu' il devoit recevoir la loy, ains nous de luy. Et d' une mesme main depesche les Legats en France, qui apporterent une longue bulle de sa part, par laquelle il mettoit le Roy, & tout son Royaume en interdiction, pour s' être soubstraits de son obeissance. Au moyen de quoy le Roy le 21. jour de May, 1408. vint au palais en son lict de Justice, où assisté de plusieurs Princes du sang, & autres Seigneurs de son grand Conseil, il representa la bulle d' interdiction. Et là devant sa Majesté, un Docteur de Theologie, nommé Courtecusse, monstra par plusieurs raisons les abus de ceste bulle. A maniere que par arrest fut dit qu' elle seroit publiquement laceree, puis arse. Et que Gonsalve, & Conseloux, qui l' avoient apportee, seroient pris, escharfaudez, mitrez, & preschez publiquement. Ce qui fut fait le plus ignominieusement que l' on pourroit dire, au mois d' Aoust ensuivant. Et dit Enguerrand de Monstrelet, qu' ils furent * Losure au Palais sur une claye, vestus d' habillemens (j' ay leu dedans un papier journal de ce temps là, d' une tunique de toile où estoient figurees les armes de Pierre de la Lune à l' envers, & aupres de la pierre de marbre, *aux pieds des grands degrez du Palais, fut un *escharfaut levé, & * * monstre à tout le peuple, estant escrit sur leurs Mitres. Ceux sont desloyaux à l' Eglise & au Roy. En fin l' arrest executé en tout, selon sa forme, & teneur. Et apres cela maistre Ursain Taluande, Docteur en Theologie, fit une longue harangue devant tout le peuple, par laquelle il representa le motif de ceste histoire, au grand contentement de chacun. 

Comme les affaires de l' Eglise Gallicane se menageoient de ceste façon en France, d' un autre costé pour reduire les choses en leur premiere union, fut en l' an mil quatre cens & sept tenu un Concil en la ville de Pise, où se trouverent huict vingt Evesques, & Abbez, six vingts Docteurs en Theologie, & une infinité de Docteurs Canonistes, & Civilistes, & quelques Ambassadeurs des Princes Chrestiens, & là, Gregoire 12. & Benoist 13. citez ne comparans, furent pour leurs contumaces destituez de leurs Papautez, & en leur lieu creé Alexandre 5. de l' ordre des freres Mineurs. L' apostume n' estoit encores meure. Ce nouvel ordre apporta un plus grand desordre. Car les deux autres n' y obeyssans, & cestuy se faisant accroire qu' il estoit le Pape legitime, se trouverent trois Papes en un mesme temps. Et ce tiers mesmement au lieu de despoüiller l' ambition de sa teste, soudain apres sa promotion envoya en France pour lever deux Decimes sur l' Eglise Françoise: mais le grand Conseil, & l' Université ne les luy voulurent accorder, & s' y opposa l' Université pour le corps general du Clergé, & suyvant son opposition luy furent deliurez mandemens du Roy, addressez à tous Dioceses pour chasser ceux qui feroient ceste demande. Ce Pape ne vesquit qu' un an, & fut apres son decez creé Jean XXIII. homme d' une vie tres-damnable, & lequel fut accusé d' avoir empoisonné son predecesseur pour parvenir par corruption à ceste dignité Pontificale, à la quelle aussi tost qu' il fut appellé, il commanda une Decime, & encores declara que toutes despoüilles des Ecclesiastics trespassez luy appartenoient. L' Université prit encores vertueusement ceste querelle en main, & pource s' assembla au College de S. Bernard (c' estoit le lieu, où premierement se faisoient les congregations du Recteur) & là est ramenee à effect l' ordonnance de mil quatre cens six encontre Pierre de la Lune, par laquelle il avoit esté arresté que l' Eglise Françoise estoit franche, & par consequent quitte, & exempte de tous dixsmes, procurations, exactions & subsides en quelque façon que ce fust, & furent deputez aucuns de ce corps pour remonstrer au grand Conseil, & au Parlement, que c' estoit à eux de defendre les droits du Roy. Que si le Pape vouloit contraindre par censures Apostoliques le Clergé de France, il en faudroit appeller au futur Concil general: & s' il y avoit personnes Ecclesiastiques, ausquelles fust commise la charge de ceste collecte, il les faudroit punir par saisie, & annotation de leurs biens. Et à ceste fin requeroient l' adjonction du Procureur general du Roy, declarans toutesfois que là où le Pape allegueroit necessité apparente en l' Eglise, seroient assemblez les Prelats pour contribuer par forme de subside charitable seulement, & que les deniers seroient consignez és mains de certains preud'hommes à ce par eux deputez pour les mesnager, & distribuer ainsi que l' on trouveroit bon de faire. Depuis le Roy passa par cest advis, nonobstant les remonstrances de l' Archevesque de Pise, Legat du Pape, qui soustint que qui voudroit empescher ceste cueillette, & levee de deniers, il ne seroit pas vray Chrestien. A quoy resista l' Université fort & ferme, comme contrevenant ceste proposition aux anciens Decrets & Canons, à la Majesté du Roy, & privileges de nostre Eglise, demandant que le Legat eust à revoquer sa parole, ou permission aux facultez de Theologie, & Decret d' escrire contre luy: ostroit neantmoins pour l' union de l' Eglise Latine, & Gregeoise, ou pour la conqueste de la terre saincte contribuer: comme estans les deux cas, pour lequels seulement le Pape pouvoit user d' imposition dessus le Clergé. Et dit l' histoire que le Roy acquiesça pour ce coup aux remonstrances de l' Université. Mais avant que passer plus outre, il me semble que la longueur de ce chapitre merite bien de faire une pause, pour advertir tous les Princes Chrestiens, & speciallement les nostres, de la faute qu' il me semble qui fut commise par Philippes le Bel, lors qu' il attira la Papauté dedans Avignon, source premiere de tous maux. Discours que je reserve par exprez au chapitre suyvant.