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miércoles, 9 de agosto de 2023

9. 16. College de Navarre.

College de Navarre.

CHAPITRE XVI.

Ce College merite son Eloge particulier, aussi bien que celuy de  Sorbonne, non seulement pour la dignité de sa fondatrice, mais aussi pour la discipline que je voy y avoir tousjours esté religieusement observee. Jeanne Roine de Navarre, Comtesse de Champagne & Brie, femme & espouse du Roy Philippes le Bel, par son testament fait au Bois de Vincennes, le jour & feste de la nostre Dame de Mars l' an mil trois cens quatre, apres avoir fondé un Hospital en la ville de Chasteau-thierry, voulut aussi fonder un College dedans Paris en faveur de soixante & dix pauvres Escoliers, vingt Grammairiens, trente Artiens, & vingt Theologiens, à chacun desquels elle assigna honneste pension, pour son entretenement: & ordonna que son Hostel de Navarre, siz hors la porte sainct Germain des Prez fust vendu, pour des deniers qui en proviendroient de la vente, & autres, estre achetee une maison convenable dans la ville, en laquelle ces trois especes d' Escoliers fussent diversement logez. Qui avroient chacun endroit soy trois Maistres, je veux dire un en chaque profession. Et pour faciliter l' execution de sa derniere volonté, ordonna estre acheté de son revenu de Champagne és environs de Paris, deux mille liures tournois de rente en Fiefs, & terres Seigneuriales. Donnant pleine puissance à ses executeurs testamentaires; quoy que soit à ceux qui s' en voudroient charger, sans toutesfois mespriser les autres, de corriger, expliquer, & augmenter son testament. Chose qu' elle confirma par son Codicile du dernier jour du mesme mois de Mars au mesme an. Ordonnance vrayement tres-saincte, & digne d' une grande & devote Royne, suivant laquelle les executeurs, apres avoir adoüerié l' Hostel de Navarre, acheterent celuy que nous voyons aujourd'huy au Mont saincte Geneviefve, appellé du commencement College de Champagne, & depuis de Navarre. Nom qui luy est demeuré jusques à huy. Et se passerent les affaires de cette façon, que tout ainsi que dedans le pourprix de Paris, sejour ordinaire de nos Roys, il y a trois villes encloses, que nous appellons, Ville, Cité, & Université; aussi dedans l' enceinte de ce College Royal il y a trois Colleges divers, de la Grammaire, des Arts, c' est à dire de la Philosophie, & de la Theologie, & trois intendans, qui porterent le tiltre de Maistres: l' un pour l' Institution de la Grammaire, Rhetorique, Poësie, Histoire, & lettres humaines; l' autre pour la Philosophie, & le dernier pour la Theologie. Et eux trois en general pour la conduite des mœurs.

Les deux premiers devoient estre passez Maistres és Arts, & le troisiesme Docteur en Theologie, auquel les deux premiers estoient tenus de reveler les defaux de leurs Escoliers, pour y apporter remede. Comme celuy pardevers lequel residoit la generale surintendance du College: & qui d' ailleurs portoit le titre de Gouverneur, tant pour l' administration du temporel que du spirituel. Et pour cette cause on apportoit une grande circonspection, quand il estoit question de l' eslire: car dedans le testament on fait mention de luy sous ces mots. Un preud- homme seculier, Maistre en Divinité, qui lira aux Theologiens, & qui aura le general gouvernement de tout l' Hostel. Il sera esleu & estably gouverneur par le Doyen, & la greigneur partie des Maistres de la Faculté de Theologie, lesquels jureront sur saincts Evangiles à establir le dit Gouverneur, que pour amour, ne pour haine, ne pour affection d' amy, ne de nation, fors que purement, pource qu' ils croyent qu' il soit profitable, ils ne le reçoivent ne establissent gouverneur. Et sera tenu iceluy Gouverneur rendre compte chacun an des biens de l' administration de la dite maison deuëment, à la greigneur partie des Maistres dessusdits. De ce que dessus vous pouvez recueillir deux choses: L' une, avec quelle religion & conscience on procedoit a l' eslection de ce Maistre en Divinité, & comme il falloit avoir recours à la plus grande & saine partie de la Faculté de Theologie: L' autre, que tout ainsi qu' il avoit la superiorité sur les deux autres Maistres pour la discipline des mœurs de leurs Escoliers; aussi residoit pardevers luy le maniement du revenu & temporel, dont il en estoit comptable.

La Testatrice, comme j' ay dict, avoit ordonné que les deux mille liures de rente fussent achetees des biens de ses Comtez de Champagne & Brie: Qui fut cause que le Roy Philippes le Bel n' ayant donné ordre à cette acquisition, ces deux mille liures furent prises sur la Recepte generale de Champagne: chose qui s' est continuee jusques à huy. Or de tous les executeurs de son testament, qui estoient huit en nombre, il n' y en restoit plus que trois en l' an mil trois cens & quinze, Messire Simon Festu Evesque de Meaux, auparavant Confesseur de la Testatrice, Frere Gille Abbé de sainct Denis, & Messire Guy de Chastillon Comte de sainct Pol. Les deux premiers, apres avoir pris par escrit le consentement du dernier, voulurent suivant la permission à eux baillee, apporter quelque polisseure à la police portee par le testament: Et a fin de ne faire estat de tous les autres articles contenus és Statuts par eux faits du troisiesme Avril mil trois cens & quinze, je me contenteray de vous en representer trois seulement. La Princesse avoit par son testament ordonné une Chappelle pour l' administration du service Divin, sans faire mention du Patron, sous le nom duquel elle seroit servie: L' Evesque de Meaux son Confesseur, & qui par consequent avoit eu bonne part en sa conscience, & Gille son coexecuteur, nommerent sainct Louys ayeul de Philippes le Bel: Sous le nom duquel le service Divin a tousjours esté depuis administré. Elle avoit donné au Maistre en Divinité (que depuis nous avons appellé Grand Maistre) la charge du spirituel, & encore du temporel, dont il seroit comptable. Ce deux Prelats diviserent cette charge, & luy laisserent le spirituel avecques toutes les autres prerogatives à luy octroyees par le testament, fors & excepté du temporel, pour le maniement duquel ils establirent un Proviseur, & ores que dedans les Statuts il soit par fois appellé Procureur, toutesfois celuy de Proviseur comme plus honorable luy est demeuré. La Princesse ordonnant que le Maistre en Divinité seroit tenu de rendre compte, ne s' estoit advisee de specifier pardevant qui, ny comment. Ces deux Prelats sagement cognoissans que la fondation du College avoit esté non seulement faite par une Royne de France, mais aussi que les deniers voüez à la nourriture des Escoliers estoient pris sur la Recepte Royalle de Champagne, adjousterent dedans leurs Statuts cet article: Provisor autem semel in anno, in crastino Sancti Ludovici, reddat computum de expensis, misiis, & receptis per ipsum factis, praesentibus gubernatoribus dictae domus, vel mandato eorundem qui inferius nominabuntur. Praesente etiam  Magistro in Theologia ad hoc vocato: Et praesente aliquo de Camera Computorum Regiorum Parisius, quem Magistri de Camera deputabunt ad postulationem Magistri in Theologia dictae domus. Qui propter hoc ipsos adire tenebitur in dicta Camera, in vigilia dicti Festi, vel ante. Qui deputatus pro labore suo, audiendo, videndo, & examinando dictum computum, habebit quadraginta solidos Parisienses de reditibus dictae domus, & caet. La Chambre des Comptes n' avoit lors aucuns Auditeurs: Et pour ceste cause commettoit à cet effect l' un des Maistres. Depuis les Auditeurs ayans esté introduits, l' ordre dont on y a procedé est, que sur la requisition que faict le Grand Maistre, ou l' un des premiers Docteurs en Theologie du College, la Chambre leur distribuë un des plus anciens & capables Auditeurs; entre les mains duquel est mis le compte, pour le voir & examiner apart soy, & en faire son rapport au Grand Maistre, & autres anciennement à ce deputez; ausquels on a depuis adjousté le premier Confesseur du Roy. Nouvelle introduction procuree par Guiencour, Religieux de sainct Dominique, premier Confesseur du grand Roy François. Et les comptes rendus & clos, l' original est mis aux Archifs de la Chambre des Comptes, tout ainsi que de tous les autres comptables, & la coppie collationnee à l' original, demeure par devers le College. Et tout ainsi que ce College fut de fondation Royale, aussi son heur fatal a porté, que tous les jeunes Princes du Sang, & autres Princes & grands Seigneurs, ausquels on veut faire gouster les bonnes lettres, prennent leur premiere nourriture & institution en ce lieu: Et qui est un poinct que je ne dois oublier, pour closture du present discours, c' est que l' Université luy a baillé en garde tous les titres & enseignemens de ses Privileges. Qui sont comme un depost sacrosainct gardez en la chappelle du College.

Depuis la fondation de ce College Royal, les Colleges commencerent de provigner dans Paris, & lors les fondateurs choisirent leurs domiciles vers le Mont saincte Geneviefve, tant haut que bas: qui est le quartier que nous appellons l' Université. Et adoncques tout ainsi qu' aux Statuts de Navarre, aussi voy-je que l' ordre general qu' on observa en toutes ces fondations, fut en faveur des pauvres Escoliers de leurs Dioceses, si c' estoient Prelats qui aumosnassent ce bien au public, ou des autres contrees esquelles les fondateurs faisoient leurs habitations. Ces Escoliers furent en la ville de Tholose appellez Collegiaux, comme enfans des Colleges, & en l' Université de Paris Boursiers, comme estans nourris & alimentez de la bourse commune de leurs fondateurs. Et eurent presque tous les fondateurs cette reigle imprimee en leurs Statuts d' y establir deux superieurs, l' un pour la conduite du spirituel, auquel ils donnerent le nom de Maistre, l' autre du temporel, qui fut nommé par eux Procureur, ce dont il estoit comptable. Le tout à l' instar de celuy du College de Navarre. Et quant aux Maistres, l' ordre que je voy y avoir esté gardé depuis les deux cens ans premiers fut tel. 

La Sorbonne estoit dediee aux lectures de la Theologie, non seulement pour les pauvres Escoliers de son College, ains de tous ceux des autres Colleges voüez à mesme estude. Je n' entens sous ceux-cy comprendre celuy de Navarre qui avoit son Professeur expres pour ce sujet. Les lettres Humaines estoient enseignees aux Escoliers Boursiers, par ceux qui portoient le nom de Maistres en l' institution de chaque College: jusques à ce qu' estans promeuz, il leur convint entrer au cours de la Philosophie, & lors leur general rendez-vous estoit aux grandes Escoles de la ruë au Foüerre, pour apres avoir atteint au degré de Maistrise aux Arts, estudier en Theologie, qui estoit la premiere & principale bute des fondations.

Jeanne, Navarre, Juana de Navarra, reina, esposa de Felipe IV el hermoso, Phillipes IV le Bel

viernes, 4 de agosto de 2023

8. 12. Laisser le Monstier où il est.

Laisser le Monstier où il est.

CHAPITRE XII.

Il n' y a rien qu' il faille tant craindre en une Republique que la nouveauté: Le grand Legislateur Charondas, en l' une des Loix qu' il bailla aux Thoriens, ordonna par article exprés, que si quelqu'un vouloit apporter quelque Loy nouvelle, il y vint avec le licol, c' estoit à dire que si la loy estoit refusee du peuple, il se tint asseuré d' estre pendu & estranglé, pour avoir voulu innover à l' ancienneté: Qui estoit une grande bride à l' encontre des novalitez. Licurge apres avoir faict publier, & recevoir ses Ordonnances aux Lacedemoniens, s' en alla, & avant que de partir, prist le serment de tous ses citoyens, qu' ils ne changeroient nulle de ses Loix qu' il ne fust de retour, & sur ce serment fit vœu de ne retourner jamais dedans Sparte: voire mourant ordonna que son corps fust ensevely dedans les flots de la mer, craignant que si le peuple eust recueilly ses os, il eust pensé estre affranchy du serment qu' il avoit fait. La question en est fort belle dans Aristote au second de ses Politiques, où il discourt le pour, & contre avec une infinité de raisons. Pour le party du changement, il dict que si en toutes sciences on voit les opinions se changer, selon la diversité des rencontres, à plus forte raison doit-on faire le semblable en une discipline politique. Les Loix (dit-il) estoient anciennement barbares, & conformes aux mœurs du vieux temps. On ne sçavoit rien que les armes, ils achetoient les femmes l' un de l' autre. Bref toutes leurs loix estoient brusques & farouches. Ces vieux pitaux, soit qu' ils fussent engendrez de la terre, ou de quelque putrefaction, aussi furent-ils esloignés de toute civilité. Et à tant seroit chose fort absurde, les mœurs ayans receu polissure avec le temps, de s' arrester aux vieilles loix: Par ce que chacun doit approuver non ce qui s' observoit en son pays, ains ce qui se devoit observer. Partant il ne falloit trouver estrange qu' avec le changement des mœurs, on changeast par mesme moyen de loix: Toutesfois il se ferme en fin au party contraire, disant qu' il n' y a rien que le Magistrat doive tant craindre, que d' estre mesprisé des siens: Inconvenient auquel il peut aisément tomber, introduisant nouvelles loix, ausquelles le peuple ne se pouvant aisément accommoder, il s' accoustumoit aussi de n' obeyr. Davantage que les vieilles loix s' estans tournees en coustume, elles se tournoient tout d' une suite en nature, joint que ce qui estoit d' une longue main empraint dedans nous, estoit beaucoup plus aisé à digerer, ores que moins bon, & les ordonnances, quelque fruict qu' elles nous promissent, coustoient infiniement à un peuple, avant que de pouvoir tomber en usage. 

Or si cette proposition est bonne pour la loy commune, encore est elle plus requise en ce qui concerne la venerable Religion, laquelle se doit au jugement des sages, plus soustenir par une longue ancienneté, que par toutes les raisons mondaines des hommes: Au contraire il faut le plus qu' il est possible en deffendre au commun peuple la dispute: Ainsi le tenoit le divin Platon au 12. de ses Loix, & sans aller rechercher autre authorité que de nostre grand Maistre: Quand nostre Seigneur Jesus-Christ demandoit au peuple s' il croyoit, il se contentoit d' un ouy, & ne vouloit point que l' on entrast en plus grande information de sa creance, respondant, Ta seule foy t' a sauvé. De cette mesme proposition est venu que nous disons en France, Laisser le Monstier où il est, c' est à dire, ne rien eschanger des anciennes constitutions de l' Eglise: Car encore que Monstier vienne de Monasterium, que nous disons maintenant Monastere, qui est le sejour & habitation des Moines: si est-ce que nos ancestres en userent indifferemment pour toutes Eglises Parrochiales, comme de fait vous voyez que l' on dit ordinairement Mener l' Espousee au Monstier, quand on meine une fille en l' Eglise pour estre espousee par son Curé. Proverbe que nous appliquons generalement à toutes mutations: Parce que toutes & quantes fois que l' on ne trouve bon quelque changement de l' ancienneté, on dit que le meilleur est de laisser le Monstier où il est. Nous devons doncques honorer ce commun dire, & nous souvenir que la ville de Marseille fut honoree entr'autres choses, de ce qu' ayant un vieux glaive enroüillé sur l' une de ses portes, il n' estoit permis au bourreau d' en prendre un autre pour decapiter ceux qui estoient condamnez à mort. Il ne faut rien eschanger de ce que une longue ancienneté a approuvé en une Religion, voire jusques aux paroles mesmes. De nostre temps Sebastian Castalion pensant mieux parler Latin que les autres en sa traduction du vieux & nouveau Testament, voulut mettre en usage le mot de Genius, au lieu de celuy d' Angelus, & son œuvre en fut condamné par tous. Il n' y a rien en cela qui puisse estre mieux descouvert qu' en ce mot de Verbe, qui nous est si familier, voulant exprimer la grandeur incomprehensible de Dieu en nostre Eglise: Quand en l' Evangile de S. Jean on usa du mot de *grec (Sophos), cette diction avoit beaucoup plus grande energie que celle de Verbum Latin que le traducteur mist en œuvre. Et de fait Lactance Firmian au 9. livre de ses Institutions divines, n' a douté d' en faire un chapitre exprés qui est le 3. Quod melius (porte le tiltre) à Graecis *grec quam à Latinis Verbum, & à la suitte de cela. Sed melius Graeci *grec dicunt, quam Verbum sive sermonem: *grec enim & sermonem significat, & rationem: Quia ille est vox & sapientia Dei. Le traducteur ne pouvant rendre en Latin un mot autant significatif que le Grec, y employa seulement celuy de Verbum, beaucoup moindre que l' autre. Toutes-fois le temps luy a donné telle façon, & emphase en nostre Religion, qu' il n' y a mot Grec, Latin, François, Italien, ou Espagnol, qui arrive à la grandeur de cestuy-cy: & qui voudroit user du mot de Sapientia pour Verbum, il gasteroit tout. Le semblable adviendroit en celuy qui voudroit appeller le vieux & nouveau Testament, vieille & nouvelle Alliance: Car la verité est que le mot Hebrieu signifie vrayement Alliance, & le lieu qui nous a enseigné de dire Testament, a esté par la traduction des huit, 9. & 16. chapitres de l' Epistre de S. Paul aux Hebrieux, où le traducteur a usé du mot de Testament, non d' Alliance: Paradventure pour autant que l' une & l' autre Alliance se fit par le sacrifice premierement que Dieu voulut estre fait d' Isaac par Abraham son pere (vray qu' il luy retint la main) puis de Jesus-Christ son fils, & qu' en telles occurrences nos dernieres volontez sont appellees Testamens: Tant y a que ce mot ayant gaigné cours, & credit par succession de temps entre nous qui voudroit aujourd'huy traduire soit en langue Latine, ou Françoise le mot Hebrieu en sa naïfve signification, qui dit Alliance, il seroit reputé Schismatique. A peu dire, jamais chose ne fut mieux dite que ce que disoit Quintilian en son premier livre, de ces paroles, qu' une ancienne Religion a authorisees. Ea mutari vetat Religio, & consecratis utendum.