Barcelona de la transición.
El azar le llevará a participar en la campaña del partido socialista y a entablar una estrecha relación con dos mujeres: la equilibrada Clotilde y Porritos, que le revelará los aspectos más oscuros de su mundo.
Ramón Guimerá Lorente , Moncho, Beceite, Beseit, Matarraña, chapurriau, Teruel, Aragón, Aragó
Dont vient ce cry public, Sainct Denis Mont-joye, que l' on dit avoir esté autresfois usurpé par nos Roys en champ de bataille.
CHAPITRE XXI.
Il y a en chaque Republique plusieurs histoires que l' on tire d' une longue ancienneté, sans que le plus du temps l' on en puisse sonder la vraye origine, & toutesfois on les tient non seulement pour veritables, mais pour grandement auctorisees, & sacrosaintes. De telle marque en trouvons nous plusieurs tant en Grece, qu' en la ville de Rome: Et de cette mesme façon avons nous presque tiré entre nous, l' ancienne opinion que nous eusmes de l' Auriflame, l' invention de nos fleurs de lys, que nous attribuons à la Divinité, & plusieurs autres telles choses, lesquelles bien qu' elles ne soient aidees d' autheurs anciens, si est-ce qu' il est bien seant à tout bon citoyen de les croire pour la majesté d' un Empire. Et sous cette mesme creance, à mon jugement s' est insinuée entre nous l' opinion que le commun peuple a, que nos Roys anciennement en une affaire presente, & au meillieu d' une bataille avoient accoustumé quasi pour un mot solemnel de dire Sainct Denis Mont-joye. Comme mesmes Jeanne la Pucelle respondit à ses Juges, lors qu' ils luy improperoient qu' apres qu' elle fut blecee devant Paris, elle fit une offrande de ses armes à S. Denis, par forme de gloire & orgueil, elle respondit sagement que ce qu' elle en avoit fait, estoit par devotion seulement. D' autant que sainct Denis estoit le commun cry de la France en la bouche de ceux qui se trouvoient en telles meslees, Sainct Denis Mont-joye. Or dont ce mot ait pris son origine, je ne l' ay jamais leu dans les vieux autheurs, j' entends de ceux qui nous sont de quelque merite. Maistre Raoul de Presles en la preface qu' il a faite sur les livres de S. Augustin de la Cité de Dieu, par luy traduict, qu' il addresse au Roy Charles sixiesme, dit sur le subject qui s' offre telles paroles: Clovis premier Roy Chrestien combattant contre le Roy Dandat, qui estoit venu d' Allemagne aux parties de France & qui avoit mis & ordonné son siege à Conflans saincte Honorine, dont combien que la bataille commencee en la vallee, toutesfois fut-elle achevee en la montaigne, en laquelle est à present la tour de Mont-joye, & là fut pris premierement, & nommé vostre cry en armes c' est à sçavoir Mont-joye S. Denis. Ces paroles sont mal couchees, lesquelles je ne vous ay rapportees à autre fin, que pour monstrer que du temps de Charles sixiesme cecy estoit tenu pour familier en la bouche de nos Roys. Et au surplus que maistre Raoul le rapportoit au Roy Clovis, comme aussi font tous les autres. Vray que plusieurs sont en doute de l' occasion pour laquelle Clovis usa de ce mot Mont-joye: & semble aucunement que cest autheur le vueille attribuer à cette montagne, en laquelle il dit estre situee cette tour. Toutesfois quelques uns sont d' advis que Clovis ayant esté par plusieurs fois admonnesté de sa femme Clotilde de recevoir le S. Sacrement de Baptesme; finalement s' acheminant à la guerre qu' il eut contre les Allemans, il luy promist qu' en cas de bon succés de ses affaires, il accompliroit son vouloir. Parquoy se trouvant pendant le conflict & pesle mesle de la journee de Tolbiac en grand danger de sa personne, reclama soudainement le sainct grandement reveré en France, & que nous appellons nostre Apostre, qui est S. Denis, disant S. Denis mon Ioue: comme s' il eust voulu dire, qu' en cas que S. Denis eust favorisé son entreprise, il l' eust de là en avant reveré comme son Jupiter (Ioue, Jove, Iovis, Jovis), que lors comme Ethnique il adoroit sur tous les autres Dieux: Et que depuis on avroit fait de Mon Jove, un Mont-joye comme par succession de temps il est aisé d' eschanger plus estrangement les paroles. Cettecy est l' opinion de Messire Robert Cenal Evesque d' Auranches en ses Perioques de la Gaule. Toutesfois si en cecy la divination est excusable, je croirois (si tant est toutesfois que Clovis ait esté premier autheur de cette parole) que si lors de cette necessité (qui fut certes l' une des plus grandes que courut jamais ce brave Roy) il invoqua l' aide de S. Denis, il usa du mot de Mont-joye sans aucun changement, comme s' il eust voulu dire que S. Denis estoit sa joye, son espoir, & consolation, & auquel il avoit toute sa fiance, usant toutesfois d' un article impropre de mon pour ma, ainsi que nous voyons les Allemans, Anglois, Escossois pratiquer assez souvent, lors qu' ils n' ont parfaite information de nostre Langue, comme il est à presumer qu' estoit Clovis, qui jamais n' avoit fait estat que des armes entre ses gend'armes François, la plus part desquels estoient extraicts du pays de la Germanie: Ainsi ayant esté mis ce mot en avant par Clovis, par le moyen duquel il pensa que ses affaires demy desesperees, luy reussiroient à bon effect: Les Roys qui de luy furent successeurs, s' attachans estroictément à cette parole, comme sacree & pleine de grand mystere, la mirent semblablement en œuvre, lors qu' ils se trouverent pressez en quelque rencontre de guerre, sans juger s' il falloit dire ma joye, plustost que mon-joye.
Du progrez des Bourguignons en la Gaule, & pourquoy ils furent ainsi appellez.
CHAPITRE IX.
Ce peuple auparavant qu' arriver en la Gaule, estoit confinant aux Allemans (car lors la Germanie n' estoit encor appellee Allemaigne, d' un nom general) & eut une coustume fort estrange & farouche à l' endroit de ses Roys avant que d' occuper ce pays: car comme dit Amian Marcellin, il estoit coustumier de les dejetter de la couronne, en cas de malheureux succés, ou mesmement, si la terre leur eust manqué de foy, & failly à leur rapporter pour quelque annee. Au surplus en ce gtand degel de toutes nations contre l' Empire, ils aborderent en la Gaule, peu apres que les Visegots se furent emparez de l' Aquitaine, toutesfois avec une fortune qui leur fut de courte duree: d' autant que leur Monarchie ne se continua qu' en la suitte de trois ou quatre Roys pour le plus. L' un des premiers, dont la cognoissance est venuë jusques à nous, est Athanaric, puis Goudochie, qui fut tué par Attile en la bataille contre Etius: le tiers Childeric, pere de Clotilde, meurty par Gondebault son frere, quatriesme Roy, que Clovis rendit tributaire à la couronne de France: & suivamment son fils Sigismond, lequel contrevenant aux accords & pactions passees entre Clovis & Gondebault, fut jetté & toute la famille dans un puis par les enfans de Clovis. A luy succeda Gondemar son oncle, auquel faillit la race des anciens Bourguignons, tombant le Royaume en une autre nation, c' est à dire és mains des François, de Theodoric Roy de Mets fils de Clovis, & apres sa mort à Theodebert son fils, qui acquit plusieurs villes & seigneuries sur le Pau pendant la guerre des Ostrogots: auquel succeda Thibaut, non de telle faction & entreprise que son pere, lequel decedant sans hoirs procreés de son corps, tout l' Estat de la Bourgongne, comme semblablement de Mets, fut uny en la personne de Clotaire Roy de France. Ils furent nommez Bourguignons selon l' opinion d' Orose, par ce qu' ayans souz la soulde de Druse & Tibere vaincu par plusieurs fois les Germains, ils commencerent à croistretant en renomee & credit qu' en multitude de peuple. Au moyen dequoy bastissans sur le Germain plusieurs villes, lesquelles ils appelloient Bourgs, furent de leurs voisins appellez Bourguignons. Et de nous autres par maniere de moquerie Salez, lequel surnom je croy avoir esté apporté du pays de Germanie en ceste Gaule: pour autant que tant qu' ils residerent au païs de delà le Rhin, ils querellerent perpetuellement *contre les Allemans, leurs salines. Ce que je tire d' un passage d' Amian Marcellin au ving-huictiesme livre de son histoire, où il dict que Valentinian, voyant que les Allemans s' estoient opiniastrez à faire guerre sans cesser aux Romains, s' avisa apres plusieurs conseils debatus en son esprit, de leur donner en contrecarre les Bourguignons. Parquoy escrivit à leurs Roys quelques lettres souz main pour cest effect, lesquelles furent d' eux (dit cest autheur) fort bien receuës pour deux raisons: la premiere, pour ce que de toute memoire ils rapportoient leur ancien être aux Romains, comme s' ils feussent extraits d' eux. Et aussi qu' à l' occasion de leurs salines, & semblablement de leurs frontieres, ils avoient de tout temps infinies querelles avec les Allemans. Qui nous peut donner à penser, que leurs voisins, les voyans en ce poinct piquez, & continuer leurs discordes à l' occasion du sel, s' induisirent facilement à les appeller Salez.