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martes, 8 de agosto de 2023

9. 11. Faculté de Decret.

Faculté de Decret.

CHAPITRE XI.

La Faculté de Theologie est immediatement suivie par la Faculté de Decret, comme celle qui est composée des constitutions canoniques, & conciliaires de nostre Eglise Catholique, & Universelle, dont nous raportons la façon à Gratian: toutesfois par ce qu' elle prit ses racines d' une plus longue ancienneté, premier que d' arriver à ce point, il me semble n' estre hors de propos de vous dechifrer comme toutes choses se sont passées en ce subject. La verité est que celuy qui premier fit un recueil des constitutions conciliaires, & sentences decretales des Papes, fut un Isidore: mais quel, c' est en quoy je me trouve empesché, parce que l' ancienneté nous en produisit trois en divers temps. Entre lesquels fut Isidore né de Carthage pour principal, depuis Evesque de Seville en Espagne, qui se rendit grandement recommandable par plusieurs livres signalez. Et vrayement c' est une chose digne d' estre ramentuë avant que de passer plus outre. Combien que le pays d' Afrique soit aujourd' huy plongé au fonds d' une Barbarie, voire que le Royaume de Tunes, qui fait bonne part & portion de ce pays là, soit par nous appellé le Royaume de Barbarie, toutesfois sur la primevere de nostre Eglise il nous donna une infinité de grands Docteurs Ecclesiastics, uns Tertulian, Sainct Cyprian, Sainct Augustin, Arnobe, Optat, Lactance, & finalement Isidore dont nous parlons maintenant. Si vous parlez à un Joannes Molineus, vivant Docteur Regent en Decret dans l' Université de Louvain, qui ressuscita le Decret de nostre Yve Evesque de Chartres, il vous dira que ce fut cest Isidore qui meit le premier la main à cest œuvre. Ainsi le dit il en son Epistre liminaire, Isidorus Hispalensis, qui Latinorum omnium primus, canonicas Romanorum Pontificum Epistolas, Conciliorumque acta & canones, ad sua usque tempora, nimirum ad Honorium huius nominis primum consarcinavit, & veluti in unum fascem universum ius Pontificum colligavit. De mesme opinion que luy avoit esté auparavant Maistre Jean Gerson. Opinion toutesfois qui n' est pas sans quelque doubte. Parce que Volaterran au seiziesme livre de son Anthropologie recitant par pieces les œuvres d' Isidore, ne fait aucune mention du Decret par luy compilé. Le semblable trouverez vous dans Gesnherus, quand apres avoir raconté les livres par luy composez, il adjouste ces mots. Habemus etiam acta conciliorum, quae Ioannes Gerson ab Isidoro Hispalensi esse autumat. Vous voyez qu' il n' en oze rien asseurer de sa part, ains rejette sa creance sur celle de Gerson, qui n' est pas de petite authorité s' il estoit question d' un article de foy: mais en ce qui est de l' ancienneté, c' est une chose indifferente de le croire, ou non. Le docte Paul Petau Conseiller au Parlement de Paris l' attribue à un autre Isidore du surnom de Mercator. Recherche certes plus curieuse que d' un estude solide. Car quoy que soit ce fut un Isidore qui nous servit de ce premier mot, & en fit ouverture à ses survivans. Et à vray dire ayant fait un sommaire Recueil des Concils & Epistres Decretales, non par Chapitres, ains selon la suite des ans, jusques à son temps, cela occasionna Burchard Evesque de Worme de composer un livre sous le titre general de Decret, qu' il divisa en vingt lieux communs, & autant de livres, verifiez par divers Chapitres empruntez des anciens docteurs de l' Eglise, Ordonnances Decretales des Papes, & pareillement des Concils. Labeur qui sembloit estre l' accomplissement de cette belle & noble marchandise. Toutesfois nostre Yve Evesque de Chartres le voulut renvier sur luy par un autre œuvre intitulé aussi le Decret, divisé en dixsept parties, & chaque partie en une infinité d' articles, tirez non seulement de nos saincts Peres, comme Isidore, & Burchard avoient fait, mais aussi du Code Theodosian, du droit civil de Justinian, & encores des capitulaires de Charlemagne & Louys le Debonnaire son fils. Finalement vint Gratian Boulongnois, qui en ce beau jeu de prix poussa de sa reste, & y meit la derniere main, divisant son œuvre en deux parties. Dont la premiere fut par luy baptizée du nom de distinctions, & la seconde gist en questions basties sur des cas par luy proposez, esquelles il soustient le pour & le contre sous diverses authoritez. Monstrant par cela quel estoit le fonds de sa memoire, mais non de son jugement, d' autant qu' en cette diversité d' opinions il vous rend par fois sur la fin autant certain & esclaircy de l' une que de l' autre. Une chose ne puis je taire. Car combien que Burchard, Yve, & Gratian, se soyent aidez du premier recueil d' Isidore, toutesfois vous ne trouverez aucune mention de luy par tous leurs livres. Et quand vous voyez dedans eux quelques passages sous le nom d' Isidore, cela se rapporte aux livres d' Isidore Evesque de Seville, autres que celuy du premier Decret. Ainsi l' aprenez vous des titres de chaque Chapitre, ausquels ils ont fait estat de son authorité. Cette mesme ingratitude est en Yve à l' endroit de Burchard qu' il suit à la trace & pas à pas sans le nommer: mais beaucoup plus en Gratian qui tire des pieces entieres des uns & des autres sans les recognoistre. Ces quatre compilateurs des anciens Decrets vesquirent, Isidore Evesque de Seville (si tant est que voulions recognoistre le premier & plus ancien Decret de luy) sous les enfans de nostre grand Roy Clovis: Burchard du temps de nostre bon Roy Robert, Yve sous le Roy Philippes premier, & Gratian sous Louys septiesme. Or combien que Burchard, & Yve semblassent porter sur le front leur saufconduit aux yeux de leur posterité, si furent ils supplantez par Gratian: car son œuvre n' eut pas plustost veu le jour que le Pape Eugene troisiesme commanda qu' il fust leu par toutes les Universitez. Commandement qui fut embrassé avecques telle devotion, que tout ainsi que sur les quatre livres des sentences de Pierre Lombard fut bastie la Faculté de nostre Theologie scholastique; aussi sur le Decret de Gratian fut faite la faculté de Decret. Titre qui luy est tousjours demeuré, nonobstant les Decretales depuis adjoustées en cinq livres par le Pape Gregoire IX. lesquelles bien que publiées sous l' authorité d' un grand Maistre, toutesfois en les alleguant, on a tousjours accoustumé d' y mettre ce mot Extra, comme estant une piece hors le Decret de Gratian.

Au surplus pour entendre cette histoire de fonds en comble, Boniface VIII. desirant corriger, augmenter, & diminuer les Decretales escloses sous l' authorité de Gregoire (ainsi que luy mesme proteste) meit en lumiere un sixiesme, comme nouvel apenty aux cinq de Gregoire, c' est celuy que nous appellons le Sexte; livre toutesfois qui contient cinq livres de mesme ordre, teneur & oeconomie que les cinq premiers. Apres luy Clement cinquiesme qui tint son Siege en Avignon, fit cinq autres petits livres, sous le nom de Clementines, dedans lesquels il coucha d' un mesme ordre toutes ses constitutions tirées de Concil universel qu' il fit tenir en la ville de Vienne. Ces Clementines eussent esté perdues (aussi bien que les constitutions qu' Alexandre III. avoit fait rediger en un livre) si Jean son successeur, ne les eust exposées en lumiere apres le decez de Clement. Et en tout ce que dessus vous voyez le nombre de cinq estre par trois diverses fois en essence. A la suite de tout cela vindrent les extravagantes du mesme Jean; titre fascheux, & pour lequel, si souhaits avoient lieu, je voudrois qu' elles n' eussent esté publiées, ou bien qu' on les eust accompagnées d' un titre moins farouche. C' est en quoy je veux finir tout ce qui appartient à l' origine, & progrés de la Faculté du Decret.

domingo, 23 de julio de 2023

6. 39. Histoire memorable d' un jeune homme de prodigieux esprit.

Histoire memorable d' un jeune homme de prodigieux esprit.

CHAPITRE XXXIX.

Il faut que j' enfile tout d' une suitte avecques le chapitre precedant ce que j' ay maintenant à deduire, pour estre retiré d' un mesme Autheur: & vous representant cette Histoire en sa simplicité, sans y apporter aucun fard, vous y adjousterez plus de foy: car autrement peut estre la penseriez vous outrepasser toute humaine opinion. Item en celuy an (dit-il parlant de l' an mil quatre cens quarante cinq) vint un jeune homme qui n' avoit que vingt ans ou environ, qui sçavoit tous les sept Arts Liberaux par le tesmoignage de tous les Clercs de l' Université de Paris, & si sçavoit joüer de tous les instrumens, chanter & deschanter mieux que nul autre, peindre, & enluminer mieux que nul autre qu' on sçeust à Paris ne ailleurs. Item en fait de guerre, nul plus expert, & jouoit de l' espee à deux mains si merveilleusement que nul ne s' y comparast: car quand il voyoit son ennemy, il ne failloit point à saillir sur luy vingt ou vingt quatre pieds à un sault. Item il est Maistre en Arts, Maistre en Medecine, Docteur en Loix, Docteur en Decret, Docteur en Theologie: & vrayement il a disputé à nous au College de Navarre, qui estions plus de cinquante des plus parfaicts Clercs de l' Université de Paris, & plus de trois mille autres Clercs, & a si hautement respondu à toutes les questions qu' on luy a faites, que c' est une droicte merveille à croire qui ne l' avroit veu. Item il parle Latin trop subtil, Grec, Hebrieu, Caldaïque, Arabique, & plusieurs autres langages. Item il est Chevalier en armes, & vrayement si un homme pouvoit viure cent ans sans boire, sans manger, sans dormir, il n' avroit pas les sciences qu' il a du tout par cœur apprise, & pour certain il nous fit tres-grand freor: car il sçait plus que ne peut sçavoir Nature humaine: car il reprend tous les quatre Docteurs de saincte Eglise: Bref, c' est de sa Sapience la nompareille chose du monde: Et nous avons en l' Escriture que l' Antechrist sera engendré de pere Chrestien, & de mere Juifve, qui se feindra Chrestienne, & chacun croira qu' elle le soit, il sera né de par le Diable en temps de toutes guerres, & que tous jeunes gens seront desguisez d' habit, tant femmes qu' hommes. Vous voyez comme cest Autheur estonné de ce grand esprit craint que celuy duquel il parloit ne fust cest Antechrist, dont Lactance nous a baillé les premiers advertissemens: qui me donne à penser que ce n' est point une histoire controuvee à plaisir, ains telle qu' elle advint en ce temps-là. Car ce qu' il dit que l' Antechrist devoit naistre du temps que les femmes changeroient d' habit, c' estoit en haine de Jeanne la Pucelle, que cest Autheur n' avoit jamais peu gouster. Et ce qui me rend ce passage plus croyable, c' est que Georges Chastelain, qui fut du temps de Charles VII. en une recollection des choses merveilleuses qui advindrent de son temps parlant, ce semble de ce mesme personnage dit en la façon qui s' ensuit:

J' ay veu par excellence

Un jeune de vingt ans

Avoir toute science,

Et les degrez montans,

Soy se vantant sçavoir dire

Ce qu' oncques fut escrit

Par seule fois le lire

Comme un jeune Antechrist.

Et n' est pas à contemner une chose que recite Jean Moulinet en la suitte de cette recollection de Chastelain, quand il dit qu' il avoit veu homme chantant d' une mesme teneur, & promptitude de voix le Dessus & la Taille d' une Chanson:

J' ay veu, comme il me semble,

Un fort homme d' honneur

Luy seul chanter ensemble

Et Dessus & Teneur,

Olbeken, Alexandre, 

Jossequin, ne Bugnois, 

Qui sçavent chants espandre,

Ne font tels esbanois.

Qui est un autre miracle de nature, auquel j' adjouste de tant plus de foy que Moulinet estoit aussi bon Musicien que Poëte. Il n' y a pas douze ou treize ans qu' il est mort un bouffon, nommé Constantin, qui representoit presque toutes sortes de voix, tantost le chant des Rossignols, qui n' eussent pas mieux sceu desgoiser leurs ramages que luy, tantost la Musique d' un asne, tantost les voix de trois ou de quatre chiens qui se battent, & en fin le cry de celuy, qui pour estre mords par les autres, se va plaignant. Avecques un peigne mis dans sa bouche il representoit le son d' un cornet à boucquin: Toutes ces choses si à propos, que ny l' asne, ny les chiens en leur naïf, ny un homme joüant du cornet à boucquin n' eussent eu l' advantage sur luy. J' en parle comme celuy qui l' ay veu souven tesfois en ma maison: mais sur tout estoit admirable qu' il parloit quelquesfois d' une voix qu' il tenoit tellement enclose dedans son estomach sans ouvrir que bien peu les baleures, à maniere qu' estant pres de vous, s' il vous appelloit, vous eussiez creu que c' eust esté une voix qui venoit de bien loing, & ainsi ay-je veu quelques miens amis trompez par luy. Ce qui ne merite pas moins estre sçeu, que le Musicien de Moulinet.